Egalité des chances et TIC

La relance de la question de l’égalité des chances (J.L. Borloo, site du premier ministre) rejoint celle de la fracture numérique (J.Chirac, in Canard Enchaîné) récemment réactualisée.

Annoncé ainsi « Ce projet de loi a pour objet de mettre fin aux situations d’inégalité des chances et aux discriminations dont sont victimes les populations des quartiers difficiles, particulièrement les jeunes » la question de l’égalité des chances mérite d’être envisagée du coté des TIC afin de tenter de comprendre ce que toutes ces annonces peuvent signifier.

Reprenons les propos de 1985 à propos de l’Informatique Pour Tous (IPT) et reprenons les propos de 1997 (PAGSI) et bien d’autres encore pour se rendre compte que, au moins pour ce qui est de l’informatique et des TIC, on se demande pourquoi tant de discours et tant d’inefficacité. C’est comme si toutes ces volontés exprimées se heurtaient à une opposition secrète, invisible qui empêche tout projet politique d’aboutir.

On peut accuser l’effet d’annonce, mais cela est insuffisant car de nombreux exemples montrent que même suivi d’action il y a de la résistance aux projets politiques. C’est un peu comme pour la lecture, la question qui se pose est de savoir si dans notre société il ne reste pas perpétuellement une proportion non négligeable (20%) de laissés pour compte quelque soit les projets et la volonté.

Il me semble que l’on peut prendre en exemple les expériences du cartable électronique des Landes ou encore du projet Ordina13 des Bouches du Rhône pour illustrer cet écart. Dans ces deux départements une volonté s’est traduite en acte. les élèves et les enseignants ont des ordinateurs équipés et qui fonctionnent, je vous épargne les détails. Dans ces deux départements de nombreux moyens humains ont été mis en place pour accompagner les matériels. Et pourtant même dans ces départements les 20% (au moins) continuent d’exister. Comme si un nombre non négligeable de personnes « s’autorisaient » à empêcher tout projet d’aller à son terme complètement. L’exemple du B2i est aussi admirable dans le genre. A l’opposé, puisque sans moyen et sans contrainte, contrairement aux expériences précédemment citées, il a permis de faire monter le taux de résistance à 60%.

A travers ce tableau volontairement racourci et provocateur, je me demande si chacun de nous n’est pas un peu complice de cet effet d’annonce qui amène nos politiques à en user et à en abuser. regardons chacun notre vie quotidienne et demandons nous si nous sommes capables de faire réellement ce que l’on déclare publiquement. Demandons nous si tous les logiciels que nous utilisons font réellement l’objet d’une licence légale, si toutes les copies que nous faisons sont vraigales. Demandons nous dans un autre registre si nous respectons réellement les limitations de vitesse quand il n’y a pas de radar en vue ??? Autrement dit la récurrence des annonces des politiques, comme on le voit avec les TIC, serait une sorte de jeu dialectique entre les politiques et la population : « je vous annonce beaucoup parce que je sais que, même si je vous en donne réellement les moyens et la consigne, vous n’en ferez pas la totalité ». Comment lire autrement les appels à l’incivilité, voir au refus d’appliquer des règles qui ont été adoptées légalement ?

Lutter pour l’égalité des chances et plus précisément pour supprimer la fracture numérique suppose que d’une part on accepte de réfléchir réellement à ce que l’on veut faire et que d’autre part on accepte d’essayer même ce que l’on a pas soi-même choisi de faire. Mais là il est question de personne et d’engagement personnel et l’on touche à un tabou. Serions réellement entré dans « l’ère du je » comme le suggère l’émission « rue des entrepreneurs » de Samedi 7 Janvier (encore audible sur le podcast de radiofrance jusqu’au 14 Janvier)

A débattre

BD

Des étoiles pour le C2i

Une lecture un peu précise du texte du C2i enseignants paru ce jeudi 5 Janvier 2006 apporte une indication intéressante qui mérite toute notre attention, c’est probablement un signe.

On peut lire dans ce texte le passage suivant :

« Conditions de certification

Les exigences à satisfaire pour la certification sont les suivantes : – les 18 items signalés par une étoile dans la colonne de droite du référentiel doivent être obligatoirement validés ; – parmi les 9 items restants (sans étoile), 5 au moins devront aussi être validés. Dans ce cadre, la délivrance du certificat devant garantir un haut niveau de compétences professionnelles, chaque IUFM détermine les conditions et critères minimaux de validation des compétences pour l’obtention du certificat. La liste des compétences validées sera remise aux stagiaires n’ayant pas obtenu le certificat. »

Si on rapproche ce texte de celui publié par le ministère le 23 Septembre 2005 à propos du B2i et dans lequel on lisait :

« Compte tenu de l’expérience des écoles, collèges, lycées et CFA ayant mis en œuvre les B2i, les précisions suivantes sont apportées aux modalités de validation : – L’attestation est délivrée à tout élève pour lequel au moins 80% des items ont été validés, à condition qu’ils soient répartis dans chacun des domaines de compétences. »

On s’aperçoit qu’une nuance certaine apparaît. Comme d’aucuns l’avaient signalé (cf les débats de Réseaux Humains Réseaux Technologiques à Poitiers en Septembre 2005, ou encore par votre serviteur) lors du premier texte, pouvait-on admettre que l’on valide 80% des items pour s’estimer compétent. On peut dire que cette critique a été entendue ici puisque l’on découvre la fameuse colonne de droite dans laquelle des astérisques sont mises sur certains items constituant la liste des indispensables et la liste des annexes.

Saluons ici le courage et l’intérêt de cette précision qui, avouons le, permet une meilleure utilisation de cet outil qu’est le référentiel et surtout de l’évaluation réelle des compétences.

On saluera aussi l’idée de la remise de la lsite des compétences validées en cas de non attribution de l’ensemble du C2i enseignant. On peut penser (voire proposer ?) qu’à terme un site permettant à chacun de remplir un portfolio en ligne (au moins pour les compétences TIC) permettrait une gestion continue de la maternelle jusqu’à la fin de la scolarité pour tous les jeunes qui passent dans la scolarité dans notre pays.

A suivre

BD

Robien chez Ruquier

L’arrivée d’un ministre à la télévision est toujours un moment important. Pour une fois le ministre de l’éducation qui le matin même venait d’argumenter « scientifiquement » son point de vue sur la lecture et les méthodes pour l’enseigner vient le soir même faire l’article dans une émission humoristique populaire : On a tout essayé de Ruquier et sa bande.

Au delà des propos du ministres qui sont plus modérés qu’on n’a pu le lire précédemment en particulier lors de sa prise de parole devant l’assemblée, on peut observer que l’important désormais, pour le ministre, est d’articuler communication de fond (dossier de presse et discours) et communication médiatique (émission populaire et humoristique de fin de journée).

On peut faire plusieurs hypothèses à cette attitude :

– Le ministre souhaite s’adresser à tous sans exception et faire passer sa parole auprès de tous les publics (ceux qui regardent les émissions humoristiques plutôt que les informations)

– Le ministre tente d’amadouer le grand public car la charge des spécialistes de la question l’avait sérieusement mis en cause dans ses arguments

– Le ministre pense que la politique doit se faire dans tous les salons, même ceux dans lesquels elle n’est pas l’objet

– Le ministre pense que la nation est trop bête (cf la fabrique de crétins) et qu’il faut lui parler dans les émissions qu’elle arrive encore à comprendre…

Bref on peut chercher de nombreuses hypothèses, en tout cas le service communication a fait son travail…

Reste cependant une interrogation de fond : pourquoi le ministre a-t-il besoin d’aller dans cette arêne pour défendre son propos ?

Une inquiétude sourd pourtant derrière cette attitude : le pouvoir politique chercherait-il dans le populisme un nouveau souffle en France, au moment où il est de plus en plus décrédibilisé. En tout cas les enseignants vont apprécier de recevoir les parents d’élèves qui fort de cette sortie du ministre vont venir demander des comptes à l’école si leurs enfants ne savent pas lire. Le ministre à en particulier déclaré qu’il pensait que sa circulaire permettrait de faire passer le nombre d’illettré en 6è de 20% (d’où vient ce chiffre ?) à 5%. Attendons maintenant les effets réels de cette circulaire et donnons rendez vous à tous dans quelques années… le ministre prend là un gros risque.

A suivre et à débattre, et pas forcément à la télévision…

BD

le C2i sur les rails…

Le BO N°1 de 2006 présent la mise en place du C2i prof :
http://www.education.gouv.fr/bo/2006/1/MENT0502170C.htm


On y lit en premier :

« Le C2i® niveau 2 “enseignant”, institué par la circulaire n° 2004-46 du 2-3-2004, a été mis en expérimentation durant l’année 2004-2005, conformément à la circulaire n° 2004-216 du 3-12-2004.

À l’issue de cette expérimentation, la généralisation se déroule en deux phases sur les années 2005-2006 et 2006-2007. Cette circulaire explicite les conditions de la première phase de généralisation : ses objectifs, le référentiel national établi à l’issue de l’expérimentation et le cahier des charges pour la première année de généralisation. « 


le ministère met donc la pression sur les IUFM…

Bruno Devauchelle



						
						
						
		

Les TIC appartiennent au budget de fonctionnement et non d'investissement

La loi du 13 Aout 2004 relative aux libertés et responsabilités locales vient d’être mise en cause par l’ANDEV (association national des directeurs éducation des villes) car il impose aux communes de nouvelles dépenses en particulier pour l’enseignement privé sous contrat. Comme d’habitude, l’Etat qui ne peut en théorie imposer des dépenses aux communes sans les aider à les assumer en vertu de la loi de décentralisation.

C’est surtout la circulaire du 2 Décembre 2005, en application de cette loi (votée curieusement en plein été 2004) qui fait réagir. Mais notre propos n’est pas ici de discuter de cela, sans pour autant oublier de le signaler. Ici il s’agit plutôt d’identifier une disposition qui nous intéresse au premier chef concernant les TIC : que peuvent financer les communes.

On peut lire que parmi les dépenses de fonctionnement qui participent de l’évaluation du coût d’un élève des écoles publiques (références pour calculer l’aide aux établissement primaires privés sous contrat) il y a : « La location et la maintenance de matériels informatiques pédagogiques ainsi que les frais de connexion et d’utilisation des réseaux afférents ».

Cette assertion appartient à une liste de dépenses qui laisse à penser que l’informatique pédagogique doit être considérée comme une dépense de fonctionnement (location) et non d’investissement (achat). Cet aspect des choses est important pour toutes les écoles primaires qui, dès lors qu’elles se voient refuser l’achat d’ordinateur peuvent choisir et arguer de leur location pour en demander le financement. Il est dommage que cette restriction soit encore en vigueur, mais il y a une logique comptable et juridique derrière.

Ce que cela signifie, c’est que désormais (mais je n’ai pas la liste précédent) les TIC, utilisées à des fins pédagogiques, rentrent progressivement dans l’ordinaire des dépenses finançables de façon régulière et non plus exceptionnelle. Autrement dit, fini le temps des « coups » politiques avec inauguration d’ordinateur etc… par le maire et ses adjoints… et place à un usage régulier, avec les communications internet incluses.

Certes les communes les plus pauvres vont avoir du mal (avec le B2i la réaction de l’ANDEV avait été déjà importante) à faire face. Mais il faut constater que la fracture numérique commence aussi par le fait que des communes refusent alors que d’autres acceptent ce genre de financement (quelque soit leurs moyens) et que les enfants et les familles en subissent le conséquences.

Le développement des TIC dans le monde scolaire passe aussi par les moyens financier qu’il faut y mettre. Mais cela ne saurait suffire, on a pu le voir largement depuis cinq ans. Ce qui est important ici c’est l’esprit nouveau qui préside à cette approche qui consiste à considérer les TIC comme normales dans un cadre pédagogiques, c’est à dire îdentiques aux livres, crayons, cahiers et autres objets nécessaires au fonctionnement quotidien de l’enseignement.

L’enseignement privé sous contrat trouve aussi dans ce texte une donnée importante de son financement : l’obligation pour les communes de résidence de financer tout élève scolarisé, même si ce n’est pas sur son territoire, comme pour l’enseignement public. Cette disposition est loin d’être néglogeable, mais risque de poser quelques problèmes d’application, il faudra suivre le dossier pour savoir ce qu’il en adviendra.

A suivre

BD

Nouvel An Libanais

Ayant passé la fin de l’année au Liban, je vous propose ces deux images du contraste libanais de cette année 2005 afin de souhaiter que la nouvelle année 2006 soit celle de l’espoir pour vous tous….

Ville et port de Beyrouth

Et malgré l’image dramatique qui marquera 2005 au Liban

Que 2006 vous apporte espoir, paix et joie…

Bruno Devauchelle

Ah la bonne année !!!

Revenant d’un séjour au Liban, j’ai perçu ce que signifiais une année paradoxale, entre espoir et craintes, entre oppositions extrèmes et réconciliation (des pays comme l’Algérie ou le Maroc tentent actuellement de la faire).

Comment ne pas espérer que la « bonne » année 2006 le sera vraiment pour tous les peuples que la mondialisation a définitivement rapprochés ? C’est probablement en se demandant, chacun de nous, si nous acceptons encore d’être « missionnaire » du quotidien comme me l’a suggéré un collègue libanais qui perçoit l’effondrement des valeurs au profit des intérêts (et ici la métaphore économique prend tout son sens). Même si les connotations historiques attachées à ce terme ne doivent pas nous tromper (la colonisation …), le sens premier du terme mérite pourtant qu’on s’y attarde.

Ce n’est probablement pas Philippe Meirieu qui, en un ouvrage et un site web, s’opposera à ce terme. Dans l’ouvrage d’entretien avec Jacques Liesenborghs, « l’enfant, l’éducateur et la télévision » il nous permet de relire son itinéraire personnelle et professionnel jusqu’à ce passage important, coeur de cet ouvrage, sur la notion de « sidération ». Ainsi la télévision et son prolongement technique, la télécommande, sont les instruments technique d’un sidération, acte intentionnel de ceux qui, à l’aide de cette technique proposent de rendre « nos cerveaux disponibles » et pas seulement à la publicité. La télévision, prise ici comme objet central, ne supprime pas les questionnements sur les TIC en général qui sont aussi abordés. On peut simplement constater que, dans ce texte, la place d’Internet et de ses usages est mise de coté par rapport à la télévision, l’apparition du site web de Philippe Meirieu n’y est peut-être pas étrangere : http://www.meirieu.com/ On peut en effet constater que le site qu’il propose est riche et va attirer nombre de lecteurs, ce qui est l’objectif visé. La critique pourra porter, outre les débats de fond que ces écrits suggèrent, sur le fait que la mise en avant de la « personne » relève aussi d’une forme de « mise en scène », qui, si l’on connait les talents d’orateurs de l’auteur et aussi ceux de débatteur, peut ne pas surprendre.

Mais le livre de la nouvelle année n’est pas nouveau. ou plutôt s’il l’est en français il ne l’est pas en anglais (USA). Lawrence Lessig voit son livre « l’avenir des idées. Le sort des biens communs à l’heure des réseaux numériques » traduit en français par J.B. Soufron et A. Bony et édité aux PUL. Initialement publié en 2001 et donc désormais disponible en France, cet ouvrage arrive à point nommé pour comprendre l’enjeu des TIC et d’Internet dans les années à venir et en particulier au moment où la loi DADVSI est encore en discussion au parlement. Cet ouvrage d’un juriste et surtout du créateur des « commons creative » est accessible et surtout propose de dépasser l’opposition régulation par le marché ou régulation par l’état en posant la question « morale » du bien commun. Autrement dit, il renvoie aux fondamentaux de la vie en société : qu’est-ce que le bien commun ? A partir de cette notion, il montre comment l’avenir d’Internet est menacé si l’on ne déplace pas le questionnement. Christian Paul député socialiste qui donne un avant propos à cet ouvrage donne le ton. Mais bien plus la lecture de cet ouvrage est recommandé pour tous ceux qui veulent réfléchir aux finalités des choix faits actuellement en matière de TIC, cette réflexion amenant, comme pour toutes les questions liées aux TIC, à aller plus loin et à réfléchir plus globalement sur notre vie en société. Ouvrag essentiel et accessible, il devrait servir aussi de base de réfléxion pour tous ceux qui prétendent « réfléchir » les TIC en ce moment. Attendons avec (im?) patience que l’ouvrage « Free culture » du même auteur soit proposé en français, comme annoncé par les traducteurs afin de compléter notre réflexion.

On pourra aussi lire avec intérêt deux autres ouvrages : « Apprendre et enseigner dans la société de communication » publié par le conseil de l’Europe permettra de mieux comprendre la réflexion européenne élargie sur la place des TIC en éducation. Enfin l’ouvrage dirigé par jean Louis Monino, Marie CLaude Lesage et l’équipe Portices et intitulé, de façon très médiocre, « Réussisez le C2i niveau1 » permettra de prendre la mesure des exigences actuelles pour tous ceux qui tentent d’atteindre le niveau universitaire Bac+3 (licence). Malheureusement, cet ouvrage est, à notre avis, très mal structuré, et surtout le CD ROM contient des erreurs techniques qui supposent d’avoir atteint le niveau proposé avant de l’utiliser (ce qui est paradoxal). En effet des liens sur un site dont les consignes ne sont pas explicitées ou encore l’installation d’un logiciel impossible sur un autre disque que le disque C: sur les PC… (mais il est vrai que l’un des auteurs du CD est féru de macintosh)…

Voilà de quoi bien redémarrer une année nouvelle, voire d’oublier les maux de tête que la précédente nous a laissés…

A suivre et à débattre

BD

2006 : l'année des TIC dans l'enseignement scolaire ?

Si, comme cela semble se préciser, le B2i et le C2i se généralisent à tous les niveaux de l’institution scolaire française, alors on ne pourra que constater l’installation durable d’une ligne politique en matière de TIC et enseignement (scolaire et supérieur). Rappelons que les C2i niveau 1 et 2 vont devenir « systématiques » au moins pour le monde de l’enseignement à partir de septembre 2006. Rappelons aussi que le B2i, au toilettage duquel une commission a travaillé cet automne et semble arriver à la fin de son travail, va se trouver enrichi d’une version lycée aboutie et surtout va se voir inscrit partiellement dans le socle commun de connaissances et de compétences.

Certes les arbitrages politiques ne sont pas encore faits. De même les modalités d’intégration du B2i dans les examens du collège et du lycée ne sont pas encore déterminées. Mais il faut bien reconnaître une certaine continuité dans la politique initiée en 2000 et donc une certaine cohérence. Nous avions pourtant craint le pire en septembre 2005 avec l’idée de réduire à 80% le nombre de compétences à valider pour obtenir le B2i. Cette proposition qui se voulait réaliste, tentant de prendre en compte des récriminations sur l’évaluation, est pourtant une incohérence surtout si on la met en perspective avec le rapport de l’IGEN sur les acquis des élèves publié en juillet 2005. Mais on sait bien que les rapports n’ont pas fonction à être traduits en action sur le terrain, au moins pouvait-on espérer qu’ils pouvaient alerter les responsables. On peut penser qu’il serait davantage cohérent de désigner aussi pour le B2i un « socle » et de proposer des compétences complémentaires. Il s’agirait alors de garantir à tous les élèves et surtout à tous les interlocuteurs de l’école que lorsque quelqu’un est attesté B2i, on peut enfin désigner ses compétences. Au lieu de cela le choix des 80%, que nous souhaitons « provisoire », serait une faiblesse dans le dispositif et surtout risquerait de disqualifier à terme le B2i sur le marché de l’emploi.

Malgré cette volonté institutionnelle, il faut aussi remarquer l’incroyable inconstance et imprécision des chiffres disponibles sur la réalité de la mise en oeuvre du B2i. Les derniers chiffres présentés publiquement (médiamétrie d’une part, académie de Poitiers et de Toulouse au salon educatice en novembre 2005) sont très difficiles à interpréter tant leur présentation et leurs résultats laissent de place au doute et surtout manquent de précision. En tout cas ils laissent penser que, quelque soit le point de vue, on est encore loin d’une large mise en place du B2i en cette fin d’année 2005. Loin de vouloir être pessimiste, il faut remarquer que les travaux de M Hubermann sur le changement en éducation publiés en 1973 (OCDE) se révèlent ici encore d’actualité. Les obstacles au changement restent importants et le ministère, tout comme les initiateurs du B2i, ne s’y trompe pas qui progressivement déploie cette logique jusqu’à la rendre « obligatoire » en l’intégrant dans les examens , clés (brevet,bac). Après avoir choisi la méthode douce, le discours s’est progressivement et logiquement durci (le rapport de 2001 de l’IGEN proposait ce chemin).

Et pourtant, plusieurs études publiées récemment de par le monde sont inquiétantes. Elles semblent montrer que l’intégration des TIC dans l’enseignement scolaire et en particulier dans les pratiques des enseignants reste encore très modeste, elle serait même en régression. Même si l’enquête de la Direction de l’Evaluation et de la Prospective du printemps dernier laissait penser le contraire, il faut bien reconnaitre de que nombreux obstacles se dressent sur le chemin des TIC en éducation. Il a suffit de constater la modeste participation des enseignants et de leurs responsables d’établissement à la journée que le conseil général des Bouches du Rhône avait organisé pour faire le bilan de l’opération ordina13, pour comprendre que les freins peuvent aussi parfois être institutionnels, certains discours en ont été partiellement l’illustration.

Comment les enseignants peuvent-ils réellement s’impliquer si, alors que les moyens matériels sont présents, il ne sont pas accompagnés par leur propre hiérarchie.

Le B2i présente de nombreux défauts aux yeux de ses détracteurs, mais aussi de certains de ceux qui s’y sont essayés. Au delà de corrections qui ne manqueront pas de survenir dans les années prochaines, mais n’est-ce pas une bonne chose que de tenter de réajuster un dispositif pour qu’il soit efficace, il y a une méfiance récurrente vis à vis des TIC en éducation. Il semble que l’avènement de pratiques ordinaires des TIC dans les classes soit encore à venir. Cette méfiance, qui peut sembler irrationnelle chez des enseignants qui sont personnellement parmi les professions les plus équipées à titre personnel, doit aussi se lire dans le débat plus général sur la place de l’école dans la société. Aujourd’hui les signes donnés par le ministère ne rassurent pas, ils sont même plutôt source d’un retour aux urgences scolaires (cf le débat sur la lecture). Il n’est pas sur que l’intégration des TIC dans le socle permette de surmonter ces inquiétudes.

Il est temps qu’un discours sépare enfin réellement le technique du culturel, sans pour autant entraîner l’élimination de l’un ou de l’autre. Depuis 2000 les hésitations entre la maîtrise technique et la dimension des usages sont déstabilisante. Le monde de l’enseignement a besoin d’un discours qui, à propos des TIC, situe réellement les questions culturelles et sociales sous jacentes à la nécessaire maîtrise technique. Or ce travail est pour l’instant en jachère. C’est pourquoi les discours dominants restent très centrés sur les moyens techniques d’accès même s’ils s’en défendent. Les mots usages et usagers ne suffisent pas à faire passer un autre message. Il ne s’agit pas ici de nier l’importance de cette approche technique que l’on a peut-être un peu rapidement mise de coté dans certains discours de 2000 voire dans la rénovation des programmes. Il s’agit simplement de signaler que si l’on veut aller jusqu’au bout de la logique d’éducation aux TIC, il faut dépasser ce stade et développer une véitable culture de l’information et de la communication chez les enseignants. Cependant il faudra beaucoup d’exigence pour dépasser le seul stade de « l’esprit critique » expression sympathique pour cacher trop souvent l’incompréhension et la méconnaissance par la « mise à distance critique ».

Il serait par exemple intéressant de proposer au monde scolaire une collection de mises en situation mettant en oeuvre les TIC. Chaque situation pourrait être vécue dans le cadre de projets, en classe ou en formation, avec des élèves ou sans et feraient l’objet de relectures et d’analyses collectives dans le cadre de cercle de pratique réflexive. On pourrait ainsi imaginer la création d’une newsletter ou d’une activité collaborative sur une période de l’histoire réalisée par des enseignants d’histoire (elle pourrait par exemple utiliser un wiki ou un blog). On pourrait aussi imaginer une semaine (ou plus) désynchronisée dans une classe au cours de laquelle les enseignants ne verraient leurs élèves que dans le cadre d’un suivi par petits groupes alors que les élèves travailleraient, en semi-autonomie, sur des projets de production à partir de parcours conçus par les enseignants sur des compétences significatives du programme.

L’enjeu réel des TIC à l’école est bien au-delà de ce que l’on déclare habituellement. Il se pourrait que l’école, malgré des initiatives « courageuses » comme le B2i, se trouve de plus en plus en difficulté face à ces technologies. Les universités ont semble-t-il mis beaucoup moins de temps à mesurer les enjeux. Il est vrai que le niveau 1 du C2i reste lui très technique… le test grandeur réel sera celui du ni
veau 2, dont on a désormais quelques éléments à travailler (enseignement et juridique)

A débattre

BD

Lettre ouverte à un ministre

Monsieur le Ministre,

Vous qui avez été maire de la ville dans laquelle je suis né, j’ai bien peur que vous n’ayez oublié que jadis il y avait une école, dans le quartier Saint Leu, dans laquelle, chaque jour des enseignants faisaient des miracles avec ces enfants d’un des derniers quartiers défavorisés de centre ville. Et puis est venu le temps de la purge. Le quartier Saint Leu est devenu presque bobo, en tout cas respectable. C’est rue Victorine Authier, au Pigeonnier, ou à Etouvie que vous, et certains de vos prédécesseurs, avez « parqué » ces habitants qui jadis étaient dans Saint Leu.

Aujourd’hui vous êtes ministre de l’éducation, et j’ai honte pour vous. Vous avez surement oublié ces enfants, en tout cas vous ne les voyez plus depuis que vous êtes au gouvernement. La preuve, vos propos sur la lecture : en effet comment peut- on être aussi sourd que vous à la vérité des pratiques. Vous vous laissez influencer par un groupuscule élitiste qui ne voit l’école que depuis ses chairs de l’ENS de l’académie des sciences ou encore des grandes études classiques et qui pense qu’il faut supprimer les « sciences de l’éducation » en s’appuyant sur des interpétations et des chiffres totalement faux. Comment pouvez vous avoir oublié tous ces enfants qui apprennent lentement à l’école et qui cherchent à comprendre le sens des mots ? Vous préférez leur donner le simple déchiffrage des lettres dont vous savez, tout comme certains de ces chercheurs de laboratoires qui n’en sortent jamais (contrairement à nombreux chercheurs de sciences de l’éducation) qu’il a comme effet d’empécher d’accéder à la culture et au sens du monde. Vous préférez faire croire qu’il suffit de répéter les lettres pour accéder à la culture. Or ce que disent les chercheurs, ceux qui vont à la rencontre des enfants dans les écoles, c’est que le passage par le déchiffrage ne peut constituer le seul moyen d’accéder au savoir.

Par vos propos, vous confirmez la fracture sociale et surtout la fracture culturelle, vous l’amplifiez. En créant de nouveaux ghettos culturels vous êtes en train de préparer des révoltes encore plus violentes que celles des derniers mois. Oh les arguments employés sont toujours nobles en apparence, mais l’élitisme reste l’élitisme. Le sport de haut niveau fabrique plus de spectateurs frustrés, prompts à se battre dans les gradins, que de pratiquants authentiques prêts à embrasser les valeurs de solidarité.

Ainsi vous avez abandonné les enfants de Saint Leu, et par vos propos et vos décisions vous les condamnez à la marginalité culturelle. Regardez autour de vous, passez par dessus l’épaule de vos conseillers, ils vous cachent la vue. A moins que comme dans la caverne de Platon il ne faille vous demander d’arrêter de voir les lueurs qui sont projetées sur le mur par vos conseillers et qui vous cachent « l’en-soi » pour ne vous laisser à voir que le « pour soi ».

Merci Monsieur le Ministre.

Des sites qu'on peut découvrir

Le créateur du site http://www.lewebpedagogique.com/ propose un moteur de recherche pédagogique. Quoi de plus banal quand on connait des outils comme takatrouver ou d’autres tentatives du secteur. La démarche est pourtant à suivre de près pour plusieurs raisons. D’abord quand une nouvelle offre de service pour l’enseignement il est toujours intéressant de mieux connaître ce qu’elle représente réellement pour essayer d’évaluer sa pertinence. Ensuite qu’une nouvelle initiative commerciale apparaîsse dans ce secteur, quand on a connu les échecs précédents dans le domaine de l’édition éducative ou des services payants en ligne, est toujours une surprise. Enfin au moment où l’on nous propose de nombreux filtres basés principalement des listes noires et des filtres de toutes sortes, l’apparition d’un outil pouvant proposer uniquement des sites destinés à l’enseignement et structurés pour être utilisables en classe, on peut espérer une idée intéressante.

L’idée du webpédagogique est basée sur l’élaboration d’une liste blanche de sites mais établie à partir d’une analyse des programmes d’enseignement officiels. La valeur ajoutée de ce moteur est dans cette capacité technique à identifier les mots clés présents dans les programmes et dans les sites que des « humains » ont vérifiés, et de les ordonner par niveaux de classe et en fonction des contenus. Voilà comment ses concepteurs l’ont présenté. A vous de juger en allant sur le site tester la version beta de ce moteur

Alain Zardo propose un site intitulé : « FLUX D’INFORMATION DE SITES DE DOCUMENTATION ET D’EDUCATION » et sous titré « (pour suivre les derniers messages, articles ou actualité des sites) ». Derrière ce site une façon originale de présenter des fils RSS disponible à l’adresse : http://azardo.free.fr/rss.htm. POur en savoir plus sur l’initiative allez à l’adresse http://www.actifpub.com/ qui explique comment parvenir à de tels résultats. En tout cas ce site pour les documentalistes et autres intéressés par ces contenus est un bon exemple du potentiel des flux RSS.

Enfin un troisième site qui intéressera beaucoup les acteurs de l’éducation : « chronique education. Une revue de presse des quotidiens français sur le thème de l’éducation. Des réflexions personnelles sur l’école et son évolution ». C’est le blog de Philippe Watrelot que lo’n trouvera à l’adresse :http://philippe-watrelot.blogspot.com/. Ce site déjà assez connu mérite aussi de figurer au rang des outils utiles pour les enseignants.

Enfin des sites de revues scientifiques en ligne se multiplient preuve que l’information scientifique si difficile à trouver sous sa forme papier peut trouver dans le web un vecteur pour mieux être partagés par tous. Vous pouvez aller à http://www.cairn.info/accueil.php?PG=START ou encore http://www.revues.org/ autre site du même genre. On ajoutera à ces sites celui de Tematice, http://www.tematice.fr/ dont on s’étonnera qu’il en soit à publier une base de données ouvertes pour l’instant inaccessible à l’adresse http://archivetematice.ccsd.cnrs.fr/index.php et aussi progressivement l’ensemble de feu la revue papier de l’EPI à l’adresse http://archive-edutice.ccsd.cnrs.fr/edutice-00001246, mais elles sont toutes les inaccessibles au moment où j’écris ces lignes.

Au delà de ces petits problèmes on trouvera sur le site des liens intéressants pour tout ce qui concerne les TIC et l’éducation.

A découvrir ou à redécouvrir

BD