Gratuité et intelligence collective

Les anciens lecteurs de la liste de diffusion Veille et Analyse TICE s’en souviennent : la question de la gratuité n’est pas nouvelle. Quelque vifs échanges à ce propos avaient lieu dès l’émergence du web dans le grand public. De la même façon, et à la même époque, la question de l’intelligence collective émergeait, aussi bien avec les écrits de Pierre Lévy qu’avec le développement des listes de discussions et autres newsgroups… Deux publications attirent ces temps-ci notre attention : Le Courrier International (n°800 du 2 mars 2006) inscrit sur sa couverture : « Vous avez dit gratuité ? Promesses et limites de l’économie non marchande ». Au même moment, la revue Sciences Humaines met sur sa couverture la question : « Des fourmis à Internet, L’intelligence collective, Myhte et réalité ».

Il faut donc revenir à ces questions, d’autant plus d’actualité que la loi DADVSI revient devant le parlement. On ne reviendra pas sur la gratuité, l’illusion de la gratuité, et la réalité des coûts. Dans une société marchande, tout a un coût ! Même ne rien faire a un coût, les chômeurs le savent bien… Par contre on s’attardera sur l’idée émise dans l’un des articles du numéro de Courrier Internation intitulé « la gratuité ça paie toujours » et extrait du Financial Time et signé par Michael Schrage (p.32). On y découvre que la gratuité est un appat ! Il se pourrait même que ce soit une subvention déguisée. En renversant la question de la gratuité, l’auteur interroge : « A qui profite la gratuité ? » Dans un domaine d’échange de biens non matériels (numérique) et dans lequel la mise à disposition ne retire pas la jouissance du bien à celui qui le donne, il est donc logique qu’une certaine forme de « gratuité » se développe. En fait il s’agit surtout de « marchandises d’appel », autrement dit de moyen de générer des flux de visiteurs vers quelque chose qui peut devenir payant. C’est cela que Soulinge M. Shrage, il ne faut pas s’y méprendre : une économie de la gratuité est en train d’émerger, elle cherche son statut, son rôle et sa fonction dans la société et c’est cela qui dérange.

Pourquoi dès lors faire le lien avec l’intelligence collective ? Parce que outre la dimension mythique que cette expression, comme celle de gratuité recouvre, il y a derrière ces deux questionnements une évolution globale des modes de pensée dans notre société occidentales. Est-ce la peur de la Chine ou de l’Inde et de leur modèle social ? Est-ce la disparition du communisme ô combien mythique ? Il est possible que ces éléments soient des facteurs accompagnants cette réflexion. On peut aussi émettre l’hypothèse que l’individualisme capitalistique, si bien symbolisé par l’image de l’être humain seul devant son ordinateur, est arrivé au bout de sa logique et qu’il n’apporte rien de plus à chacun de nous.

L’intelligence collective fascine l’individu. De la magie des foules à celle de l’organisation taylorienne du travail, en passant par les fourmis et les abeilles, l’idée de l’intelligence collective peut n’être que l’illustration du secret espoir, pour l’Homme, de rester « le meilleur ». individuellement il se rend compte de ses limites, de ses faiblesses. Collectivement il les cache, et peut même penser partager avec d’autres une forme nouvelle d’éthique collective… Les TIC créent volontier cette illusion ou, en tout cas, rendent possible cette illusion. Il suffit de fréquenter les blogs pour se rendre compte de cela ou plus encore d’analyser les comportements des Internautes autour des sites d’échange de toutes natures (biens, rencontres, idées). Si l’on observe plus finement les choses et si l’on revient à quelques idées plus classiques, l’idée d’intelligence collective s’inscrit dans la continuité de l’idée des réseaux. Ce qui, pour faire court, signifie que, pour que l’intelligence collective devienne réalité, il faut d’abord que chaque individu accepte sa juste place dans ce collectif. Désigner l’intelligence collective comme un autre c’est en faire un objet extérieur. Or l’intelligence collective, qui a toujours existé, n’existe que lorsqu’elle est en chacun des individus qui s’en réclament et se positionnent en son sein.

Ce qui est inquiétant dans ces phénomènes, c’est que l’observation des espaces collectifs et collaboratifs montrent que, pour l’instant, une écrasant majorité est extérieure, spectatrice de cette intelligence collective (bien qu’en faisant partie). Autrement dit les faibles taux de participation aux espaces de discussion collectifs sont révélateur de cette difficulté à « faire communauté », « faire collectif », être dans « lintelligence collective ». L’humilité qu’impose l’appartenance à l’intelligence collective reste le principal obstacle à la réalité de celle-ci. Pour l’instant elle reste principalement un étendard défendus par quelques uns, comme la gratuité… A moins que pour cette dernière chacun de nous s’engage dans le projet proposé par Lawrence Lessig autour des Commons Creative dont l’illustration se traduit par ces contrats :

http://fr.creativecommons.org/contrats.htm

A suivre et à débattre

BD

Médailles Olympiques

Avez vous remarqué que les médailles olympiques ont changé de formes ?

Sur le site officiel des jeux on nous explique :

« vide en son centre, la médaille représente la place italienne »

Confirmé par ce passage :

« Dario Quatrini, qui a créé le motif des médailles, s’est inspiré des modèles issus de la tradition italienne des formes et de la fabrication des anneaux, des monnaies anciennes et des ornements. Le cercle, vide en son centre, associe tous les thèmes fondamentaux des Jeux à Turin et incarne le leitmotiv de ces Jeux: la place. »

Si vous observez les sportifs qui reçoivent leur médaille vous aurez probablement comme moi une drôle d’impression : il manient leur médaille comme d’autres manient des CD ou un DVD.

Et voilà, j’ai l’impression que la médaille des jeux de turin ressemble davantage à un CD qu’à un sesterces ! Impression, détournement, erreur de vue… En tout cas je trouve particulièrement intéressant de remarquer que vu l’actuel développement des galettes plates et brillantes que sont les CD et les DVD, on ait choisi ce symbole : comme si 2000 années plus tard, on avait changé de monnaie : désormais le symbole monétaire nouveau est ce support d’images, de sons et de texte que constituent la plupart du temps ces galettes dans notre quotidien.

La sympathique analogie que voilà…. Elle pourrait inspirer tous ceux qui voulant singer les jeux olympiques dans leur quartier se feront fort de remettre d’authentiques CD ou DVD autour du cou des vainqueurs locaux… et non pas ces sesterces revisités par la place ronde, vide, au centre.

On se posera la question de la « place » comme symbole affirmé par ce trou central. On peut avoir du mal à comprendre si l’on est pas Italien peut-être….

A suivre

BD

Décidément les médias traditionnels se portent mal

Le titre de l’article paru dans le Monde, en ligne le 18/02 et qui a pour titre : « Une greffe partielle de la face a eu lieu à Lyon. Saurons-nous bientôt réaliser une greffe totale ?  » mérite que l’on s’arrête sur ce qui est au coeur de la crise à venir des médias. Ce titre comporte une erreur importante, la greffe n’a pas été réalisée à Lyon, mais à Amiens. Comment expliquer cette erreur (ayant accès au sources du dossier, il est facile de le prouver) ?

Les journalistes se laissent peut-être tenter par la facilité de l’image : manque de précision dans les articles, ville importante (Lyon) plutôt que ville moyenne (Amiens), personnalités impliquées connues (Dubernard plutôt que Devauchelle) Les journalistes ne cherchent plus une relation objective des faits mais plutôt des analyses et des interprètations.

Par quelque bout que l’on prenne la question, on peut se poser la question de savoir pourquoi, par rapport à des faits établis, les journalistes relatent certaines informations plutôt que d’autres, voire les tronque ou les déforme. Il est facile de montrer qu’à de nombreuses reprises les médias ont fait ce même raccourci, oubliant l’ensemble de l’équipe amiénoise qui a mené réellement le travail de la greffe, et préférant amalgamer dans celle de Lyon, en charge du suivi immunologique de la greffe, l’ensemble du travail.

Joel de Rosnay, dans son ouvrage sur les pronetaires, ne dit pas autre chose. Méfions nous des informations issues des journalistes amateurs, mais aussi des journalistes professionnels. Désormais les professionnels, pris peut-être par des logiques industrielles qu’ils ne connaissaient pas auparavant, mais aussi pris par la volonté de faire du « visible », voire de se valoriser personnellement, acceptent de plus en plus souvent des approximations. Le même auteur, a l’instar de ce que nous avons écrit il y a plusieurs années, explique que les « médiateurs » sociaux habituels perdent de leur légitimité, de leur autorité. Enseignants, journalistes, politiques et désormais aussi les magistrats sont mis souvent en difficulté. Pour l’instant, il s’interpellent entre eux (les intellectuels français sont aussi dans le lot, comme BHL par exemple) et s’accusent de travers que chacun en réalité a développé : la perte de crédibilité est de plus en plus grande et ce n’est pas ce titre qui va apporter un démenti à cette observation.

L’importance de plus en plus grande à donner à une éducation aux médias (nouveaux ou anciens) ne peut se réduire à énoncer quelques principes d’analyse et quelques bases de l’esprit critique. Au moment où sont mis à notre disposition des outils d’expression facile d’accès (blogs, wiki et autres CMS), il devient urgent de développer chez les élèves la prise de conscience des enjeux à venir d’une information et communication « vraie ». La fonction de médiation sociale est en train de se déplacer. Elle quitte certaines professions privilégiées et se dilue progressivement dans la société. Comme pour la fonction éditoriale, il s’agit désormais de permettre à chacun d’accéder aux codes qu’impliquent l’exercice de ces nouvelles fonction, et pour y accéder, il faudra forcément les pratiquer autrement que pendant une semaine de la presse dont on peut se demander si elle n’est pas en train de devenir la bonne conscience des responsables institutionnels.

A débattre

BD

Vous avez dit "pronétaire"

La réputation de spécialiste des TIC de Joel de Rosnay n’est plus à faire, même si elle est parfois contestée. Celle de Carlo Revelli est en construction pour tous ceux qui ne sont pas encore sur le chemin de la « veille informationnelle ». Ces à ces deux auteurs que l’on doit ce néologisme « pronectaire » dont l’origine est transparente à tous ceux qui connaissent l’histoire du développement de la société industrielle (Joel de Rosnay, avec la coll de Carlo Revelli, La révolte du pronétariat, Des mass média aux média des masses, transversales, Fayard, Paris 2006.).

La médiatisation des deux ouvrages de J de Rosnay, « le Macroscope (1975) et l’homme symbiotique(1995) et le rôle de celui-ci à la cité des sciences, ont assis une réputation d’analyste, voire de prospectiviste.

L’ouvrage publié se situe donc dans la suite des deux précédents, utilisant le même procédé littéraire de couverture qui consiste à trouver un mot « charnière », c’est à dire un mot qui invite à ouvrir la porte, à tourner les pages. Cette fois ci la proximité du mot « pronétariat » avec son illustre prédécesseur « prolétariat » interroe le lecteur qui peut s’attendre à une analyse de la lutte des classes à la lumière du développement des médias. Même si l’intention est bien celle-là, la lecture de l’ouvrage montre qu’il s’agit d’un potentiel et non encore d’une réalité d’aujourd’hui. Autrement dit les auteurs montrent, à partir de l’analyse des développements les plus avancés d’Internet et de ses pratiques, qu’il y a actuellement les prémisses d’une prise de pouvoir par les masses qui agissent sur Internet. Cette prise de pouvoir se ferait selon le modèle historique cher à Feuerbach puis à Marx : pour sortir de leur « esclavage moderne » le peuple écrasé par les « mass médias » qui innondent leur esprit de prêt à penser, s’emparent d’un outil nouveau pour prendre le pouvoir « informationnel et communicationnel ». C’est en s’appuyant sur l’observation de l’importance grandissante de la voix de chacun de ceux qui s’expriment sur Internet que le raisonnement des auteurs et construit. Ils y voient les ferments d’une révolution, qui certes serait douce mais n’en serait pas moins un changement radical dans le société.

Permettons nous d’apporter ici une première critique en disant qu’une analyse sociologique des acteurs appelés ici – injustement selon moi – « pronétariens » montre que ceux dont il est actuellement question ce sont ceux qui effectivement ont effectué les révolutions : la bourgeoisie qui souhaite le départ de l’aristocratie et qui a besoin du peuple pour y arriver et prendre le pouvoir. Et ici les auteurs nous montrent que les bourgeois du web mettent actuellement en place les outils nécessaires à cette lutte contre les aristocrates des grands médias et des grands capitaux. Le seul problème est qu’il reste à convaincre le peuple de se révolter… et l’on n’en est pas encore là, mais on peut penser que c’est la thèse souterraine de l’ouvrage. Décrivant avec force détails toutes les pistes ouvertes et allant dans ce sens, les auteurs « positivent » cette révolution, qui serait douce (rérérence à Patrick Viveret par exemple) et qui réconcilierait les partis. En fait les auteurs oublient de parler de ce « peuple », les vrais pronétariens et c’est ce qui manque principalement à leur analyse pour aller au bout de sa logique.

La lecture de cet ouvrage permettra à chacun de faire « un état de l’art » des pratiques du web en court de développement et des conséquences possibles. A ce titre il s’agit d’un assemblage habile et intéressant qui tente de proposer un regard sur une variété importante d’expériences actuelles.

– On déplorera que trois passages sur l’éducation et l’enseignement soient aussi maltraités. Expédiés en quelques lignes comme des évidences ces passages rappellent cette évidence pourtant si souvent décriée de la place de l’école dans ce développement. La méconnaissance des auteurs du milieu de l’enseignement apparaît nettement dans ces propos (on pourrait malheureusement le dire de beaucoup de personnes qui s’arrogent le droit de parler de l’enseignement primaire et secondaire alors qu’il en sont très éloignés, et parmi eux certains enseignants d’université en font partie). Ainsi à propos de la recherche d’information sur Internet (p.108-112, puis bizarrement plus loin p.162-164) on lit des analyses et des conseils qui sont travaillés depuis plus de cinq années dans les formations d’enseignants et dans les centre de documentation des établissements scolaires.

– Les références à Ignacio Ramonet et Daniel Schneidermann prises dans cet ouvrage sont corollaires d’une position de défiance à l’égard du « grand capital centralisateur ». Même si l’auteur s’en défend doucement, il adopte une position de défiance à l’égard d’une dérive qu’il observe : l’annonce de la mort du modèle capitaliste issu du 19è siècle industriel amène ses acteurs principaux à raidir leur position et prendre de plus en plus de pouvoir sur les mass médias (rachat de la presse par des groupes industriels divers) pour mieux contrôler le peuple. Il se situe donc du coté de la « bourgeoisie » visionnaire qui a choisi le camp du peuple…

– Observons aussi que cette ouvrage est « fouilli ». La lassitude peut prendre le lecteur quand il a l’impression de relire (cf information) à plusieurs endroits des choses proches ou d’avoir des reprises de thèmes ou encore des surcharges d’exemples trop rapidement évoqués. On observera que le nombre d’autoréférences est à peu près égal aux alloréférences, la greffe aurait trop bien pris… que l’on oublie le donneur au profit du receveur, mais au delà de ce propos de dérision, saluons la richesse et la variété des informations contenues dans un livre aisément accessible à tout lecteur.

Il me semble nécessaire de terminer cette analyse en saluant simplement l’intérêt qu’il y a à se questionner à propos de ce passage des mass média aux média des masses.C’est le coeur de l’ouvrage et au delà de l’analyse qui est proposé, ce sont surtout les faits présentés qui doivent interroger l’ensemble de la planète enseignement. En effet, cet ouvrage contient un ensemble de vraies raisons d’intégrer Internet dans l’école. Pas de bonnes raisons, mais de vraies, car il va s’agir de se positionner dans cette lutte. C’est là qu’il faut savoir prendre parti : faut-il subtilement détourner le média des masses pour le faire redevenir un média de masse ? Faut-il faire l’inverse et encourager un mouvement d’insurrection virtuel ? Faut il regarder la scène qui se déroule sous nos yeux ? A la réponse que chacun de nous portera, aux choix qu’il fera, suivront les engagement de terrains, c’est à dire les actions concrètes dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement

A lire

BD

Etonnantes remarques

L’instructive lecture du Rapport – n° 2005-105 ?? Octobre 2005 de l’IGAEN intitulé « Synthèse nationale des visites d’EPLE effectuées en 2004-2005. Une analyse des facteurs de la performance scolaire OCTOBRE 2005 » réalisé par Jean-François CUISINIER, Inspecteur général de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche et Thierry BERTHÉ, Inspecteur général de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche nous apprend beaucoup de choses sur la vie de nos collèges et de nos lycées. Saluons encore un fois la qualité du travail de ce corps d’inspection qui montre à plusieurs reprise qu’il prend position en se basant sur des analyses de terrain dont il connaît les limites, mais qu’il utilise avec sagesse.

Ce rapport nous intéresse particulièrement car, à la suite de la visite de nombreux établissements (une centaine environ) et d’analyse sur au moins quatre académies, il permet à ses auteurs d’écrire ce qui suit :

« L’utilisation des TICE

La présence d’un CDI actif, bien équipé et accessible est un atout pour les élèves. Dans ce domaine, il est nécessaire de signaler que plusieurs notes font état d’un retard important dans la mise en oeuvre du B2I. Il apparaît que les conditions de validation du B2I ne sont pas réunies dans certains collèges et que la situation semble assez disparate sur le territoire.

Faute parfois d’équipement informatique, mais le plus souvent par sous utilisation des ordinateurs disponibles ou du fait du mode de fonctionnement du CDI, certains établissements n’ont pas engagé le processus ou tardent à le finaliser. Ce retard devra être résorbé rapidement dès l’année scolaire 2005-2006 et au plus tard à la rentrée 2006. En effet, ainsi qu’il est mentionné dans la circulaire de rentrée 2005, les résultats du B2I seront vraisemblablement pris en compte pour l’obtention du brevet à partir de la session 2007. »

– On s’étonnera d’abord du lien direct que font les rapporteurs entre le CDI et le B2i sans préciser la raison de ce rapprochement qui, d’ailleurs semble flou. Le mode de fonctionnement du CDI serait en partie fautif du retard dans la mise en place du B2i.

– Noter que les conditions ne sont pas réunies de façon égalitaire sur le territoire confirme ce que depuis longtemps nous observons mais que les « statistiques » nationales, voire régionales (cf les chiffres présentés lors du salon de l’éducation, qui ont été mis en ligne sur le site educnet et qui ensuite ont été retirés – lien mort vers le document powerpoint !).

– On retiendra surtout à lecture de ce passage que la principale cause de retard sur le B2i est la « sous-utilisation des ordinateurs disponibles ». Cette appréciation met en évidence ce que de plus en plus d’observateurs déclarent : l’usage des TIC dans l’enseignement n’a pas encore trouvé sa place et reste marginal.

– On ne peut que se désoler de lire qu’il faudra que le B2i soit inscrit dans les examens pour qu’il soit mis en place. L’inspection générale qui réclame cette intégration aux examens depuis longtemps (cf les rapports de 2001, 2002, 2003, constate que les enseignants n’en font qu’à leur tête dès lors qu’on ne leur « tape pas sur les doigts »…. Si c’est une réalité, et il va falloir finir par le croire…, il faut alors que l’on fasse autre chose que de mettre en place un C2i métiers de l’enseignement dans les IUFM… A croire que nos jeunes collègues, une fois certifiés compétents par l’université, seront meilleurs que les autres, c’est oublier que la réalité des pratiques enseignantes n’est pas de manière univoque lié à leur formation… Il suffit d’interroger et d’observer des enseignants en poste depuis trois ou quatre années pour s’en rendre compte. Et pourtant cette formation est absolument indispensable.

Mais il y a probablement autre chose. La confusion entre CDI et B2i nous en dit long sur les conceptions de l’IGEN. En fait il se passe la même chose pour les CDI que pour le B2i : ils sont sous utilisés… par les enseignants, mais pas par les élèves (demandez aux documentalistes). Quant aux TIC on sait que nombre d’élèves ont renoncé à en faire quoique ce soit à l’école dans la plupart des enseignements et en dehors… sauf au CDI, et encore…

En conclusion, on observera une nouvelle fois qu’entre les statistiques du ministère (DEP Avril 2005) qui nous annonçait deux tiers de mise en place du B2i et la mise en place réelle sur le terrain il y a un écart (nous pensons que la réalité se situe plutôt du coté des 40%, sans préciser la qualité de mise en place). Même si l’on considérera ce propos comme pessimistes (cf des échanges avec certains membres de la DT et de la DESCO), il est temps de changer de cadre de référence : depuis 35 années, les TIC concernent une minorité d’enseignants. Si l’on pense que les TIC doivent s’intégrer dans les pratiques enseignantes, il faudra que la problèmatique du lien entre les TIC et les disciplines soit réellement posée (elle commence à l’être en physique, SVT, histoire géo, math), mais pas en terme d’injonction ministérielle, mais véritablement en terme de culture disciplinaire, donc de culture scientifique (les enseignants chercheurs d’université feraient bien de se poser les mêmes questions… et de publier leurs réponses – cf l’entretien du Café Pédagogique avec Jean Didier Vincent en aout 2004 à Hourtin ).

L’intégration des TIC est une question de culture générale : elle concerne tous les acteurs de l’école, dedans et dehors. Les TIC ne sont pas que les sous marins de l’entreprise dans l’école. Elles sont aussi un puissant levier culturel qui est en train de s’offrir à tous ceux qui auront la capacité à en être les auteurs. Mais peut-être que nombre d’enseignants (et certains des alliés de cette pensée) ont, au fond de leur imaginaire, l’idée que si l’on commence à rendre les élèves auteurs de la société de l’information et de la communication, cela pourrait être sérieusement déstabilisant pour le système scolaire… Il vaut mieux continuer de croire seule l’école façonne nos chères têtes blondes et malléables….

A débattre

BD

Ordinateur à la maison : quelles consequences pour l'ecole ?

La publication preque simultanée de deux texte accessibles aux adresses suivantes :

http://www.pisa.oecd.org/dataoecd/28/4/35995145.pdf

http://ideas.repec.org/p/iza/izadps/dp1912.html

ainsi que leur relais sur plusieurs sites, lettres, listes de discussion ou blogs met sur le devant de l’actualité une question importante : la possession et l’usage d’un ordinateur à domicile aurait une influence significative et positive sur les résultats scolaires. Au delà de ces analyses à l’effet médiatique certain, ces travaux mérites que l’on réfléchisse quelque peut à quelques signaux qu’elles nous envoient.

Pour Robert Bibeau sur la liste eduressource : » La vrai question est donc…l’école et les enseignants ont-ils les ressources, le temps, les moyens d’accomplir cette tâche ?

Je ne parle pas ici des 15-20 % déjà engagés, je parle des autres...Pas pour les accabler mais pour chercher de quelles façons nous pourrions les aidés à accomplir leur tâche vis-à-vis les élèves. et leur acquisition des  compétences  TIC."

Pour ma part je défends l’idée que l’école est en déficit du coté culturel et social, mais pas en terme d’équipement, et qu’elle ne sait pas par quel bout prendre les choses pour avoir sa place face à une pratique à domicile dont on reconnait l’influence, même sur les résultats scolaires.

Comme on peut le constater il nous faut approfondir cette réflexion dans plusieurs directions et se demander d’abord ce que nous apprennent réellement ces études. – En premier lieu on remarque que, contrairement à ce que l’on entend souvent dans la bouche des enseignants, les enfants n’utilisent pas l’ordinateur uniquement pour jouer. Ils réalisent des tâches autres qui développent chez eux des compétences, voir des habiletés qui ne sont pas que mécaniques.

– Ensuite on peut noter que, comme comme l’avait déjà écrit Patricia Greenfield, les pratiques des TIC ont des conséquences sur un certain nombre d’opération intellectuelles (mentales ?) non directement liées à des apprentissages scolaires, mais qui entrent dans la maîtrise de certaines compétences scolaires disciplinaires (mathématiques ici). – Enfin, si cet effet se confirme, on peut se poser la question de la place qu’une école qui a une ambition égalitaire ou d’équité souhaite donner aux TIC, au delà de la mise à disposition d’équipements et de la formation technique. C’est toute la dimension d’intégration dans les disciplines, mais plus largement dans le développement culturelle des jeunes que doit se tourner la réflexion si l’on ne veut pas observer le développement d’une nouvelle forme d’illettrisme, l’illectronisme…

Ce qui est assez intéressants dans ces propos et ces travaux, c’est que même lorsque l’école est bien équipée (on le voit dans de nombreux pays), les usages sont supérieurs à domicile (cf les tableaux 1 et 3 du communiqué de l’OCDE). Ceci confirme la difficulté du monde scolaire à intégrer réellement les TIC pour les élèves. Car il faut bien noter aussi que dans de nombreuses pratiques en classe, l’enseignant est davantage utilisateur que ses élèves. On pourra rétorquer la question de l’équipement, mais il faut aussi constater que au delà des discours officiels embellis, dans les départements qui ont accordés des ordinateurs portables aux élèves de 4è et de 3è on est loin des usages supposés.

Comme le souligne Philippe Martin :

« Maintenant, je pense que nous devons tous être humble car nos sociétés sont en train de vivre de grands bouleversements qui nous affecterons que ce soit en tant qu’enseignant, parent, éducateur, employé, citoyen, entrepreneur, personne n’y échappera.En 2000, on parlait de la nouvelle économie et des futurs bouleversements mais on se disait , c’est pour plus tard. Force est de constater que nous y sommes en plein dedans et que ce qui s’applique à d’autres secteurs touchés ( journalisme, publicité, politique, technologie,musique, entreprises, management ) s’applique aussi à l’éducation et c’est le temps de dire changer ou mourir tout simplement. »

Au risque de tomber dans la dérive des nombreux zélateurs des TIC, il faut bien reconnaître que les effets des TIC, après ceux de la télévision, sur les comportements culturels et sociaux sont beaucoup plus importants et surprenants qu’on ne l’imaginait il y a quelques années. Sans aller non plus vers un catastrophisme, on peut penser qu’en engageant une véritable réflexion de fond sur ces questions, on a encore la possibilité de construire avec les acteurs du monde éducatif mais aussi du monde social des projets et des réalisations qui permettront, non pas d’enrayer ce mouvement, ce qui serait vain, mais d’autoriser chacun de nous à prendre pleinement et de manière responsable sa place dans une société dans laquelle les TIC deviennent omniprésentes.

A débattre et à suivre

BD

La dispersion de la parole.

L’émergence de blogs dans tous les coins de la sphère Internet met à jour un phénomène de dispersion des propos qui n’est pas sans poser de problèmes.

Abonné à de nombreux fils RSS, lecteur de blogs et contributeur occasionnel, chacun a pu s’apercevoir que de nombreux « auteurs » ou plutôt « contributeurs » s’éparpillent sur plusieurs blogs pendant que d’autres se concentrent sur les plus « visibles » des médias.

Se posent donc les questions suivantes (liste à enrichir) :

– Quelle est la qualité d’un propos qui se disperse sur de nombreux espaces différents d’expression ? N’y a -t-il pas risque de continuer le développement d’une parole, voire d’une pensée, « poussiérisée » ou encore « éclatée » déjà engagé avec les médias gratuits ou les spots d’infos rapides.

– Le lobbying de certains ne risque-t-il pas de trouver là une nouvelle efficacité, que l’on peut apparenter à du « bourrage d’urne » (écrire beaucoup sur un blog pour imposer son mode de pensée) ?

– Comment faire avec la double valeur d’Internet qui devient un formidable outil d’observation des représentations sociales et des « modes » de pensée et qui devient en même temps un fouillis de plus en plus inextricable dans lequel trouver une info « fondée » et « validable » devient de plus en plus difficile ?

On s’aperçoit que les blogs, parce qu’ils permettent un foisonnement d’écrits, sont un formidable outil d’expression, mais qu’en même temps ils sont en train de rendre cette expression de plus en plus confuse. Comment, dans ces conditions, rendre possible une recherche d’informations efficace et comment former à ces nouvelles formes de recherche d’information ?

Autre problème évoqué dans ces blogs, celui de la régulation de la parole et de l’anonymat. Même si cette réflexion est récurrente, elle prend de plus en plus d’importance après la révocation d’un proviseur, auteur d’un blog qu’il voulait anonyme, mais qui, semble-t-il ne l’était pas tant (puisqu’il a été révoqué suite à la découverte de l’identité réelle de l’auteur). On voit donc avec cet exemple et bien d’autres, que l’urgence est aussi à développer une véritable formation technique, culturelle, éthique et juridique de tous les auteurs de contributions.

Certes les blogs ne sont qu’une extension technique du croisement entre site web et forum de discussion, ce n’est pas nouveau. Mais l’ampleur et la rapidité de développement (et d’abandon) des blogs amplifie largement un phénomène connu depuis longtemps mais qui semble, par sa facilité de mise en oeuvre, prendre une grande importance dans la société. On peut penser que les blogs s’inscrivent particulièrement dans la dynamique de « l’expérience du je » qui semble être un des traits caractéristiques de la société occidentale (et française) de ce début de siècle.

A débattre

BD

Les TIC a l'ecole un autre point de vue

Nous vous recommandons la lecture de ce texte de Floriane Pouzol, dans le site de la revue « Acteurs Publics » intitule : ecole : La Toile ne fait pas recette. (La lettre de la modernisation de l’etat – janvier 2006). consultable a l’adresse :
http://www.acteurspublics.com/lme/actu/24/dossier2.php

Derriere un argumentaire suffisamment etaye, l’auteure nous montre que l’ecole est encore loin du compte en matiere d’integration des TIC. Mais ici, contrairement a d’autres ecrits (R. Bibeau par exemple sur le site EPI) le point de vue est davantage celui des decideurs territoriaux. C’est, semble-t-il a cause d’un frein essentiel, le coût humain, que les choses stagnent. C’est en refusant cet investissement aupres des acteurs de l’education que les decideurs agissent contre leurs souhaits et empechent le developpement des pratiques des TIC. Si d’autres commentateurs voyaient les difficultes ailleurs (defauts des enseignants, defaut des supports d’enseignement et des ressources) il s’en ajoute ici une troisieme : le manque d’accompagnement des enseignants par l’institution qui mettrait en place des ressources en esperant que chacun s’y formera en « autarcie ».

De fait l’analyse est sans complaisance et met en cause les effets d’annonces des gouvernements qui se succedent. Malheureusement, ce n’est pas forcement un moyen de faire avancer les choses si des propositions constructives n’accompagnent pas ces analyses. Même si parfois ces propositions existent, il apparait qu’elles sont souvent limitees au domaine dont on a denonce la carence sans faire echo aux autres domaines.

Il serait interessant de mesurer dans les departements qui en ont fait l’experience l’impact des personnes ressources mises en place pour accompagner ces equipements ou ces ressources. Il me semble que de ce cote il y a un examen des pratiques a faire pour mieux comprendre ce qui fait obstacle a cette evolution. L’article evoque les ENT et voit deja poindre les difficultes, mais simplement en terme de desengagement financier de l’etat. Il faut peut-être aborder les questions sous un autre angle, entre autres, celui du cadre d’integration des TIC dans les evaluations scolaires terminales (brevet et bac ou encore B2i obligatoire, comme le socle de competence…) ainsi que dans celui des enseignants (C2i 1 et 2 obligatoire pour tous). Mais on voit poindre de nouvelles resistances en matiere de formation… A moins que l’on ne laisse une marge de manoeuvre a ces dispositifs de formation qui plutôt que d’être planifies en amont soient capables de s’adapter et de repondre reellement aux besoins des acteurs. Mais la c’est encore une autre revolution a engager, car l’organisation de la formation est tres mal comprise et acceptee a tous les niveaux, voire même contestee. C’est peut-être aussi pour cela que l’etat s’en desengage… (avec la complicite de certains acteurs de terrains, formateurs, stagiaires, avec parfois des intentions peu louables)

A debattre

BD

Point de vue sur des point de vue

La publication ce 18 Janvier d’un ensemble de textes dans le journal Liberation à propos de la pratique du ministre de l’Education et de ses conséquences pratiques m’amène, très librement, à exprimer quelques remarques, issues de l’expérience personnelle et professionnelle d’un ancien enseignant de LP (Lettres-Histoire) devenu formateur et chercheur en sciences de l’éducation, spécialisé dans les questions des TIC.

L’inventaire fait par le journal Libération des actions menées par le ministre, ainsi que l’entretien accordé par le ministre pose plusieurs questions importantes pour moi :

1 – Le bon sens s’oppose-t-il à la recherche ou à l’habitude ?

Lorsque le ministre, à propos de la lecture, s’attaque à un mythe « la méthode globale » à laquelle il oppose un autre mythe « la méthode syllabique », outre le fait qu’il entérine des travaux de recherches (cf son discours) il s’adresse aussi aux partisans d’un retour à des méthodes anciennes (Boscher, par exemple) à qui il donne un signe de son attention à leur mouvement. Mais au delà de ces querelles de spécialistes (probablement peu nombreux) et d’idéologues ( beaucoup plus nombreux), le ministre donne surtout un signe à la grande majorité des enseignants et des parents. En laissant monter le débat et en donnant le coup de sifflet final, avec sa circulaire et le discours, le ministre à mis en oeuvre une stratégie intéressante et semble-t-il productive en terme de management. Saluons ici un pragmatisme nouveau qui permet une expression des points de vue tout en définissant une ligne directrice. Pourquoi n’y a-t-il pas eu plus de mouvement dans l’ensemble des troupes ? Parce que son propos n’a fait probablement que rassurer un grand nombre d’enseignants qui, dans leur pratique réelle, étaient déjà dans ce cadre. Cela d’autant plus que la querelle du B A BA a oublié un élément essentiel : il y a l’entrée dans la lecture et il y a ensuite le développement de la compétence de lecteur. Or c’est en réalité là qu’est le problème de l’illettrisme (j’ai oeuvré, temporairement, dans le passé dans ce secteur des ateliers de lutte contre l’illettrisme) et aussi les difficultés que rencontrent tous les enseignants de lettre de LEP. Se limiter à la première méthode c’est aussi faire l’économie d’un vrai débat sur l’accès à la lecture et à son sens. Bref, finalement le minstre rassure la grande majorité des enseignants.

2 – La bivalence se résume-t-elle à une économie de moyens ?

Enseigner deux disciplines n’est pas nouveau. Mais comment se fait-il que l’on ait pas demandé (en particulier la presse), à ma connaissance, l’avis des enseignants de lycée professionnel qui connaissent depuis longtemps cette bivalence. Ancien professeur de Lettres Histoire (CAELEP ex CAPLP) comme nombre de mes collègues j’ai apprécié la bivalence par la cohérence pédagogique et didactique qu’elle apporte. Certes la maîtrise des contenus par l’enseignant peut-être interrogée à juste titre du fait même de cette bi-disciplinarité. Mais la pratique, au niveau CAP, BEP, Bac Pro, ne s’est jamais avérée pénalisante pour les élèves (j’ai participé aux jurys des premiers bac professionnel dans les deux disciplines sans problème).

En fait la bivalence, et en collège elle me semble bienvenue, permettrait d’offrir aux enseignants et aux élèves de nouveaux horizons de travail, moins contraignants dans le temps, permettant des mises en liens et des approfondissements nouveaux. Pour les établissements de petite taille, la bivalence permettrait le renforcement de la cohésion de l’équipe et l’accompagnement individualisé.

Quant aux économies de moyens, je ne suis pas sûr que ce soit réellement le cas, si l’on réfléchit au ratio H/E. Par contre en terme de dispersion des moyens il est certain que la bivalence rationnalisera l’emploi.

3 – L’alternance à 14 ans a-t-elle réellement un sens ?

Ayant oeuvré à la dispartion du CAP à partir de la classe de 5è, à cause des problèmes que cela posait ensuite, et ayant formé nombre de maîtres d’apprentissage à la psychopédagogie, il me semble que cette proposition est inopportune s’il s’agit d’utiliser l’apprentissage comme moyen d’exclusion. Il aurait été nécessaire de s’enquêrir des dispositifs existants depuis trois ans (alternance au collège, découverte professionnelle en 3è) et probablement leur donner de réels moyens pour que l’alternance en entreprise à 14 ans ne soit qu’une option de l’alternance au collège. Certes des jeunes piaffent d’impatience pour apprendre un métier à 14 ans, mais ils sont très minoritaires. les autres, dont nombre de collèges disent qu’il faut les orienter ont en fait besoin d’une aide véritable à l’orientation et à la construction d’un devenir. Un véritable rapprochement entre lycées professionnels et collège me semblerait être la première solution à adopter. Ils ont des choses à apprendre les uns des autres. AU lieu de cela les enseignants de LEP se sentent souvent rejetés de leurs collègues… que dire alors des élèves. Non l’alternance à 14 ans n’est pas une mauvaise chose si elle ne se résume pas à l’exclusion et à l’envoi vers le monde de l’artisanat. Car n’oublions pas que le monde de l’artisanat n’a pas forcément les moyens d’un véritable accueil de ces jeunes et que nombre de maîtres d’apprentissage n’ont aucune formation pour accueillir ces jeunes (quand ils ont le temps de se former).

4 – Faut-il mettre une « note » de vie scolaire ?

Quelle bétise de rabaisser la vie scolaire à une note. L’exemple de la liste de compétences de la procédure PAM (Pré affectation multicritère) aurait pu servir de base pour évaluer tous les élèves dans le domaine de la vie scolaire mais de manière élargie. Si la vie scolaire doit se résumer à la présence en classe et à l’absence de délit… on est en droit de se demander s’il faut garder ce nom.

Donc pas de note, mais bien un livret scolaire qui permet de lire les compétences de vie scolaire développées et les remarques et observations afférentes à ces compétences. Combien d’enseignants ont découverts leurs élèves différemment dans le cadre de la vie scolaire et des activités périscolaires et auraient voulu valoriser ces attitudes. mettre une note c’est étouffer cette richesse.

A suivre et à débattre

BD

Deception autour du C2i ?

L’ouvrage « reussissez le C2i niveau 1 » paru en decembre 2005 (Dunod) etait prometteur. En effet le plan de l’ouvrage est plutôt bien fait. C’est en tentant d’aller au fond des choses que l’on s’aperçoit que les faits ne suivent pas vraiment l’intention. Comment expliquer que lorsque l’on se connecte sur le site portices pour l’autoevaluation un certain nombre de competences n’ont pas de contenus ou seulement une question (tout est en QCM). Une collegue a même reussi a obtenir 200% a son evaluation !!! Outre ces manques en particulier dans les competences A1 et A2, on s’etonne de devoir se reidentifier a chaque fois que l’on change de competence. Enfin on s’etonnera de la pauvrete de certains QCM qui ne refletent pas l’ambition si interessante exprimee dans l’ouvrage en particulier a partir de situations.

Comment enfin expliquer que l’un des logiciels presents sur le CD, JIMINI, n’a pas voulu demarrer apres une installation sur un disque D: il aurait fallu obligatoirement le faire sur C:. On ajoutera au tableau que le lien vers le site du C2i du ministere amene a une page d’autoevaluation pour laquelle il faut demander une acces par mail. Apres avoir envoye un mail, nous n’avons reçu aucun message, ni d’erreur, ni d’explication, c’est dommage.

Bref cet ouvrage renvoie un ensemble d’imprecisions qui ont deçu grandement des gens (des enseignants en stage de formation sur le B2i) qui voulaient enfin avoir un outil de repere pour leurs competences. On deplorera aussi que dans le texte un certain nombre de passages sont tres eloignees des preoccupations des utilisateurs potentiels qui voudraient l’utiliser en autoformation/autoevaluation. Et pour terminer precisons que la concurrence avec le PCIE est tres imparfaitement presentee au detriment même du C2i. C’est en particulier l’argument de la certification, voire de la qualification qui n’est pas suffisamment explicite. Comment repondre a la question que vaut le C2i pour une entreprise ? Or balayer ce monde (cf page 54) comme cela est fait semble un peu juste pour le jeune qui cherchera un emploi. Cela est d’autant plus dommage que les arguments ne manquent pas…

En attendant de voir de plus pres les veritables resultats du C2i niveau 1 dans les universites, et l’on peut faire confiance aux equipes, il sera interessant que ce premier ouvrage (dont la partie en ligne est tres inegale) ait rapidement une suite en ligne (au moins) mais aussi papier et qui comporterait un ensemble de situations d’usages a experimenter pour permettre une autoevaluation.

Du cote du C2i niveau 2, celui des metiers de l’enseignement ayant ete clarifie recemment, on espere que les IUFM sauront, comme certains l’ont deja experimente (Troyes par exemple), integrer reellement les TIC dans les contenus d’enseignement (didactiques et pedagogiques) afin de permettre aux futurs enseignants de se sentir a l’aise dans les validations des competences B2i dans les classes. Il semble cependant que nombre d’enseignants d’IUFM aient besoin de modifier leurs pratiques.

Enfin il faudra rapidement penser a proposer des formations au C2i niveau 1 et 2 aux enseignants en postes. Cela pourra remettre sur les rails un B2i dont on attend avec impatience la prochaine mouture.

A suivre

Bruno Devauchelle