Mediappro par le CLEMI : quel aveuglement de l'école ?

Le CLEMI a mis en ligne (http://www.clemi.org/international/mediappro/Mediappro_b.pdf) cette semaine la synthèse du volet français de l’enquête européenne « MEDIAPPRO » qui a pour objet d’évaluer l’appropriation des nouveaux médias par les jeunes. Faisant suite à des travaux menées en 1997 puis en 2000 sur cette question, cette nouvelle enquête apporte confirmation de nombreux éléments déjà préssentis. Centrée sur les nouveaux médias, cette enquête s’intéresse principalement à Internet et au téléphone portable chez les 12 18 ans. Distinguant deux niveaux, français et européen, la synthèse de ce travail met en évidence des lignes de force mais aussi des caractéristiques culturelles intéressantes. Comment en effet comprendre que l’usage d’Internet par les jeunes Estoniens utilisent Internet à Haut débit largement plus que les jeunes français que ce soit à la maison et encore davantage à l’école ? Bref, des informations à lire dans toutes les salles des profs tant elles interrogent le sens de l’école…

Que noter en premier ? L’importante fréquentation d’Internet par « tous » les jeunes (entre 85 et 99% selon les pays) est une confirmation souvent refoulée dans les discussions d’adultes mais qui confirme la tendance déjà observée en 2000, puis en 2003 et qui désormais est indiscutable. On pourra modérer ces usages en détaillant les pratiques, mais il faut reconnaître que en France comme dans l’Europe entière Internet est devenu quotidien, même si des pratiques demandent à être confirmées et affinées. En effet la question de la maîtrise réelle des TIC demande à être affinée (les auteurs du rapport présente cette maîtrise comme limitée, mais il serait intéressant de préciser ce que cela signifie).

Ensuite, même si cela peut faire des vagues dans le monde scolaire : il est clair que l’école est « aveugle » devant cette nouvelle réalité. La lecture des chiffres donnés ici montrent une école frileuse et repliée sur des questions de sécurité sans jamais montrer sa capacité à engager des pratiques des TIC réellement éducatrices… En 1997 Dominique Pasquier et Josiane Jouet (in revue Réseaux 2000) avaient déjà exprimé l’attente des jeunes vis à vis de l’école pour « prescrire » des usages des TIC. Même si le B2i créé en 2000 va dans le bon sens, il faut reconnaître que cette enquête prouve que cinq années après sa mise en place, l’école ne répond pas aux attentes des élèves et peut-être même aux besoins des jeunes et de la société pour ce qui concerne les TIC.

Enfin, force est de reconnaître l’intelligence des jeunes qui entendant parfaitement les inquiétudes des adultes devant les risques d’Internet (qui sont aussi les leurs) n’ont pas été long a inventer des pratiques qui leurs permettent, eux, d’être tranquilles (exemple de l’abandon des chats au profits des messageries instantanées). Si l’école a réussi, avec l’ensemble des médias et les parents à inculquer une vision responsable et sécurisée des usages, elle s’avère incapable d’aller au delà. Il est amusant de constater que l’analyse menée conjointement au Québec semble apporter les mêmes réponses. Ainsi donc les jeunes se passent de l’école, mais plus encore de leurs parents quand il s’agit de développer leurs pratiques d’Internet. Dans le même ordre d’idées, les jeunes sont très critiques et méfiants vis à vis de l’information véhiculée sur le web, en tout cas beaucoup plus que l’on ne peut le penser à première vue.

Un autre enseignement de cette enquête est aussi, selon le point de vue, l’aveuglement ou la confiance des parents vis à vis des pratiques de leurs enfants. En effet, et la situation semble meilleure en France, il semble que les parents n’encadrent pas les usages d’Internet par leurs enfants et se situent « dans un autre monde ». On peut tenter de rapprocher les adultes et les enseignants sur ce point. S’agit-il seulement d’un phénomène générationnel ? On peut penser que derrière ce terme générique il faut tenter d’identifier ce qu’il y a de si différents entre ces générations. On peut penser que le rapport à la technique Internet (et en général les TIC) est beaucoup plus aisé si l’on rentre tôt dans la pratique spontanée. Ainsi une hypothèse pourrait être, mais le rapport n’en parle pas, la relation magique et imaginaire que chacun entretient avec la technique et le mode de fonctionnement (et de dysfonctionnement) de la machine induit une capacité à l’intégrer dans son mode de vie quotidien.

On regrettera que cette enquête ne fasse pas apparaître d’autres usages des TIC (traitement de texte ou autres) et en particulier les usages déconnectés. Il aurait surement été intéressant aussi d’aller au delà de la seule analyse de plus ou moins de lecture (peut-être la version complète de l’enquête en parle-t-elle).

Cette étude menée dans plusieurs pays d’Europe mais aussi au Québec s’inscrit certes dans la continuité des précédents travaux sur le thème, mais, comme les auteurs le disent en conclusion, il serait intéressant de mener des travaux longitudinaux pour mieux comprendre les évolutions. Même si un regard posé à un instant donné apporte bien des enseignements, le risque est de se limiter à des constats sans explication aisée.

On dispose avec ce travail d’un instrument précieux pour que dans les établissements scolaires chacun puisse mesurer les enjeux véritables du développement des pratiques sociales des TIC et donc de l’importance de situer l’Ecole dans ce contexte.

A suivre

BD

B2i, version presque définitive…. une première lecture…

La soumission du projet de décret du B2i nouveau le 18 mai 2006 au CSE est un pas important en attendant la version définitive et en particulier la circulaire d’application. En effet de nombreuses questions sont posées par ce décret qui, on le suppose seront éclairées dans les textes officiels qui sortiront.

Parmi ces questions en voici quelques une qui semblent importantes :

– Le décret ne parle pas des modalités d’évaluation qu’avait modifiées le texte paru en septembre 2005. Faudra-t-il 80% ou 100% des items validés pour avoir le B2i ? Deux disciplines seront-elles le garant minimum du B2i ?

– Les feuilles de position ne sont pas présentées dans le décret, mais le seront dans une circulaire d’application. Or il suffit d’analyser les pratiques depuis 2000 pour s’apercevoir que ces feuilles sont prépondérantes pour guider l’attitude des équipes. Une première lecture du projet présenté en mars 2006 comportait des indications sur ces feuilles de position. Certains écarts entre le référentiel (devenus « éléments de référentiel » dans le nouveau texte) et les feuilles de position pouvaient poser problème aux équipes. On sait combien cela a posé problème aux équipes sur le premier B2i. On peut donc s’interroger sur ces écarts possibles, même s’il faut attendre la version définitive pour pouvoir faire une analyse détaillée.

– Il semble que le texte du nouveau B2i s’applique à partir de la rentrée 2006. Or il y a un temps d’ajustement qui avait été demandé, le texte actuel ne prévoit pas de laisser le choix aux équipes de mettre en route progressivement le nouveau B2i, mais bien son démarrage immédiat.

– On voit clairement que le B2i collège est la référence du socle commun, puisque c’est celui qui doit être garanti à tous les élèves sortant du système scolaire, quitte à la terminer en LP ou en CFA.

– Une analyse fine des documents successifs permettra de mettre en évidence les hésitations et les choix. On peut déjà observer l’expression « écrire un document numérique » comme une de ce hésitations, voire ambiguités qui ne manqueront pas de poser question. On peut aussi regarder l’ordre des domaines de compétences qui varie (les domaines techniques et citoyenneté sont revenus en tête du texte). Enfin On notera que le B2i a du mal à quitter le berceau « informatique » pour aller dans l’age adulte de l’information communication comme il apparaît en réalité dans la plupart des « éléments de référentiel ».

– Enfin on a du mal à trouver dans ce texte les catégories « connaissances, capacités et attitudes », d’autant plus que le terme objectif a pris une place importante de même que celui de référentiel. On le voit, la question du cadrage des termes qui voulait s’imposer dans le socle commun a du mal à s’articuler avec ces textes du B2i tels qu’ils sont en l’état

A toutes ces questions, on peut penser que le texte définitif apportera des éclairages ou des indications facilitant la compréhension et la mise en oeuvre dans les établissements. Il est dommage que les feuilles de position ne fassent pas partie du décret, mais d’une circulaire d’application, quand on sait l’importance que leur accordent les enseignants mais aussi l’importance de leur libellé pour la compréhension par les élèves. On peut aussi souhaiter, que comme pour le socle commun, un livret de bord soit proposé aux enseignants qui permettrait de dépasser la feuille de position pour aller vers une véritable démarche portfolio, comme celle initiée dans le cadre européen des langues.

A suivre et à débattre

BD

PS les textes sont téléchargeables sur le site du syndicat SUD éducation : http://www.sudeducation.org/article1531.html

République des idées, renouveler les modèles

Suite aux rencontres de la « République des idées » (http://www.repid.com/) sur le thème : « La nouvelle critique sociale », Alain Beuve Méry a publié dans « le Monde » un article intitulé : « Culture au risque de l’élitisme » et sous titré « l’explosion du téléchargement appelle un nouveau modèle économique ». Dans un contexte qui amène à voir s’affronter les logiques politiciennes et les logiques politiques, Pierre Rosavalon propose « d’inventer une démocratie d’interaction entre société civile et société politique, entre critique sociale et projets de réforme ». Le domaine de la culture, de l’information et de la communication fait face à une choc très important dont le signe est la façon dont les principaux acteurs économiques (les producteurs de musique par exemple, mais ils ne sont pas les seuls) en place luttent contre l’émergence d’un nouveau modèle qui n’irait pas dans leur logique. On sent pourtant que la réflexion est loin d’être à son terme, tant le rapport à la logique de l’argent (profit) est encore incontournable. Certes tout à un coùt, on a déjà eu l’occasion d’en débattre, mais qui doit et peut supporter le coût, là est la vrai question. La dématérialisation des biens culturels, informationnels et communicationnels pose d’abord question à l’acheteur : quelle représentation se fait-il du bien qu’il achète d’autant plus qu’à la dématérialisation s’ajoutent l’ubiquité et l’éphémère ? On assiste donc à une reconstruction progressive de sens, sens du « bien » (économique) sens du « service », bref sens du social.

Plusieurs auteurs nous invitent à la réflexion sur le « bien public » ou le « bien commun », encore faut-il que ces réflexions soient mises sur la place publique de façon honnête et non pas constamment dévoyés par l’omniprésence médiatique de la pression de l’argent (regardons ce qu’il est des animateurs de télévision qui changent de chaîne, les sportifs, etc…). L’invitation de chercheurs et d’intellectuel à prendre part au débat public de façon « positive » est importante, d’autant plus qu’ils veulent le faire en dehors des modèles existants qui sont épuisés. On peut d’ailleurs illustrer cet épuisement dans l’article que Télérama à consacré récemment à la collusion entre journalistes et politiques que l’on peut mettre en écho à ce passage de l’interview du ministre de la culture à i-télé (14 avril) dans laquelle il déclare :

« Dans le domaine de l’information, c’est la même chose. Vous savez très bien que aujourd’hui sur Internet circule beaucoup de choses, parfois le pire comme le meilleur. Ce qui veut dire que paradoxalement redevient essentielle la certification c’est à dire la signature par un journaliste parce que ça garantie l’authenticité. Et donc je crois aussi qu’Internet est une grande chance mais ça suppose aussi qu’il y ait une règle du jeu et des principes de déontologie ». Comme on peut se questionner sur ces deux points de vue qui révèlent un étrange paradoxe !!!

Certains acteurs de la presse, de la recherche, de l’édition, de l’éducation, commencent à poser de nouvelles bases pour une citoyenneté renouvelée. Ces questionnements apparaissent parce que les technologies de l’information et de la communication sont les révèlateurs de ce que leurs usagers sont réellement. Elles sont même un miroir grossissant (rappelons le minitel rose et les sites pornographiques qui ont été les premiers à investir Internet avec profit). L’ambivalence de nombreux acteurs politiques ou autres (les médiateurs sociaux) a jusqu’à présent renforcé les tendances initiales. La révolte, ou tout au moins la remise en cause de ce modèle trop évident signe le départ d’un ensemble de réflexions qu’il faut mener dans les communautés d’enseignants, d’acteurs responsables dans la société. La « République des idées » propose de nouvelles pistes à explorer, d’autres peuvent surement aussi s’y mettre. En tout cas le débat « éducatif » autour du modèle de la gratuité va peut-être permettre de construire de nouveaux modèles du « vivre ensemble ».

A débattre

BD

Ambivalence et embarras

La question de la relation des jeunes aux TIC est porteuse, tant les interrogations médiatisées sont nombreuses et souvent inquiétantes. C’est donc avec intérêt que l’on aborde dans une premier temps l’ouvrage de Pascal Lardellier, « Le pouce et la souris, enquête sur la culture numérique des ados », (fayard 2006). Malheureusement l’auteur est aussi embarassé par le sujet et son propos est constamment ambivalent : ce n’est pas un livre de recherche, mais il tente de s’appuyer sur une (ou des recherches parfois); ce n’est pas un livre polémique, ce n’est pas un livre d’analyse, bref c’est un livre difficilement classable tant il oscille entre les différents pôles que sont l’opinion, la conception, l’analyse, l’enquête, le commentaire et parfois même la recherche.

C’est probablement parce que l’auteur s’est interdit de parler à la première personne que le lecteur peut trouver de la gène à la lecture de ce livre. Outre qu’il est très bizarrement construit, contrairement à ce que laisse apparaître la table des matières, cet ouvrage oscille constamment entre différentes postures. Sans jamais être faux, mais très souvent dans l’approximation (beaucoup de choses seulement évoquées mais pas contextualisées), voire dans les fautes de styles ou de forme d’expression, on a du mal à cerner le centre du propos. Car finalement l’auteur en revient à « un bon sens » et une analyse convenue : « Car tuyaux et réseaux ne sont rien sans les humains qui y mettent des contenus et s’y rencontrent accessoirement ». On trouve en lisant cet ouvrage de nombreuses références implicites (des écrans qui font écran par exemple) mais trop peu de discours réellement construits en référence au discours scientifique.

Ce que peu remarquer le lecteur c’est l’absence de cadre d’analyse tant sur le plan pédagogique que sociologique, économique ou psychologique. Ce ne sont pas les allusions bien occasionnelles à Michel de Certeau ou encore les emprunts à Serge Tisseron ou Dominique Pasquier qui pourront donner une autre allure à ce livre. Ce n’est pourtant pas l’intérêt de la démarche et la bonne volonté de l’auteur qui est en cause, mais la forme et le fond qui résultent de tout cela. Que penser à la page 94 de l’ouvrage de ce passage : « Ce qui a guidé mon choix, au moment de la constitution de mon échantillonnage, c’est d’abord une question de commodité, puisque ce sont mes étudiants ….. » ? Outre le fait que l’enquête qui porte sur 130 étudiants n’est pas documentée, on s’étonne du peu d’usage fait de ses résultats pour structurer l’ouvrage et même pour argumenter certains points de vue.

Il faut dire que l’ambivalence de l’ouvrage tient peut-être aussi à celle des objets centraux de cet ouvrage « les ados ». Car finalement c’est de cela qu’il s’agit plus que des TIC. Une lecture de cet ouvrage amène à penser que la question centrale est bien celle de définir ce que c’est que l’adolescence (un manque criant dans le texte), mais aussi ce que signifie éduquer (là encore on est en manque) ou même d’enseigner (il y a omission) et aussi de poser cette question de la relation des jeunes avec les technologies dans une perspective historico-socio-économique (et là le manque d’Histoire est important). Le sentiment à la lecture de ce livre est que l’on ouvre de nombreuses portes, sans jamais vouloir s’engager dans aucune d’elles. Ce qui provoque la frustration d’un lecteur qui pensait trouver dans cet ouvrage des pistes plus nettes pour avancer sur des questions importantes parfois évoquées et qu’il faut au moins partiellement citer ici :

Qu’en est-il de l’évolution de la culture adolescente actuelle par rapport à l’ancienne (si tant est qu’elle existe) ?

Quelle place et quelle responsabilité ont les adultes actuellement dans cette évolution ?

Comment les adultes modèlent et construisent la culture de leurs enfants ? (au lien simplement d’indiquer à plusieurs reprises qu’ils sont dépassés)

Les TIC ne s’inscrivent -elles pas dasns une évolution « continue », conséquence, entre autres du développement conjoint de technologies (électricité, …) et de modèles économiques (capitalisme, libéralisme…) ?

BD

Carnaval des blogs numéro 5 : le e-portfolio

Il aurait pu sembler riche et évident de faire une édition du carnaval des blogs abordant la question du E-portfolio, d’autant plus qu’au court du mois d’avril se sont tenues à Québec les premières rencontres francophones du e-portfolio présentées ici.
En fait l’entreprise s’est avérée beaucoup moins riche qu’attendu. Cependant des ressources, des pratiques, des expériences existent, mais trouver sur les blogs francophones des traces avancées de celles-ci a posé quelques problèmes. Est-ce parce que les blogs ne sont pas un bon support pour évoquer cela ? Est-ce parce que le sujet n’est pas encore arrivé à maturité dans le monde francophone ? Les documents sur lesquels renvoient ce billet vont permettre de se faire une idée de ce que l’auteur de ces lignes avec l’aide des uns et des autres a pu trouver sur ce sujet. Souhaitons que cette 5è édition de l’educarnaval des blogs amène a de nouveaux billets sur le sujet.

Trois parties composent ce billet : la première concerne la définition et le positionnement général du e-portfolio; la deuxième concerne les propos tenus sur le e-portfolio, la troisième les témoignages de e-portfolio directement accessibles.

1 – Quelques espaces de référence

Rendons à Robert ce qui est à Robert. Robert Bibeau met depuis quelques années des informations, des analyses et des reflexions sur le thème du e-portfolio son site personnel qui constitue aussi son propre e-portfolio vous permettra de repérer l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur le sujet. On trouvera une webographie sur un espace du site de LaVitrine APO

Rendons à Mario ce qui est à Mario. On peut découvrir sur son blog personnel Mario Asselin qui est assurément le pionnier francophone le plus expérimenté à propos des e-portfolio comme on peut le constater sur cette pages de son blog qui reprend sa communication d’avril 2006 à Québec. Lors de son (long) passage à l’institut Saint Joseph, dont on trouve ici les contenus actuels, comme enseignant et directeur, Mario a développé des pratiques de e-portfolio qui désormais font référence. En effet, voici une classe qui propose sa pratique et son expérience bien réelle et qui met en évidence une démarche originale de e-portfolio.

Il faut cependant revenir un moment sur ce qui fait actuellement réflexion a propos de e-portfolio. Certains, comme Yannick Fondeur, économiste à l’Institut de Recherches Economiques et Sociales, y voient dans ces pages, un outil au service de l’entreprise, du recrutement, d’autres, comme les GRICS du Québec associés à Robert Bibeau, un outil pour la pédagogie et l’enseignement, d’autres, comme le site de la « ville branchée » de Bromont au Québec un outil pour la citoyenneté (en cours de développement) … Au delà des polémiques, il est important de s’en tenir aux faits avant de poser une analyse plus avancée. En effet il serait prématuré de poser un cadre, car les notions de portfolio et d’e-portfolio sont encore en débat parmi les expérimentateurs francophones. Il sera peut-être impossible d’ailleurs (est-ce souhaitable) d’enfermer le e-portfolio dans un modèle figé tant la richesse et la variété des pratiques se réclamant (ou non) de ce terme est prometteuse. On observe au travers de ces pratiques qui murissent actuellement un foisonnement d’initiatives qui méritent bien évidemment qu’on les examine.

Rendons à Eifel ce qui est à Eifel. Sous la direction de Serge Ravet, que vous pouvez connaître en allant sur son e-portfolio sur elgg, EIFEL, cet institut européen pour le e-learning travail depuis cinq années au développement des activités TIC en éducation et en formation. Il est un des promoteurs « réfléchis » les plus actifs du e-portfolio en europe comme il en témoigne en de nombreuses occasions comme à Poitiers en Septembre 2005 lors de la première université d’été consacrée au e-portfolio rapportée par Mario Asselin dont les liens sont malheureusement actuellement indisponibles.

Signalons pour aider à y voir clair des espaces de publication, qui sans être des blogs (de vrais), donnent à voir, comprendre et analyser les choses. Synthèse documentaire riche (de nombreux liens sont repris d’autres sites), les pages rassemblées sur le site Educnet du ministère de l’éducation nationale français donne une vue d’ensemble de la question. On pourra trouver aussi sur le serveur suisse de l’éducation une rubrique consacrée au e-portfolio comme sur le site de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) sous la revue Scienc@ction journal des filières universitaires francophones du Bureau Asie-Pacifique

2 – Que dit-on du e-portfolio ?

Plusieurs acteurs impliqués dans le développement des e-portfolio ont publié sur leur blog (ou sur leur site) des documents pour mieux en comprendre les enjeux.

Margarita Pérez-Garcia nous donne à lire plusieurs textes . La richesse et la variété de ses interrogations ne peut nous laisser indifférent de même que les liens qu’elle propose. On trouvera par ailleurs sur son blog plusieurs documents intéressants. En premier lieu une réflexion sur le wiki comme support de e-portfolio. Il va de soi que l’on a dans ce texte les bases d’une approche qui se différencie d’autres plus centrées sur les compétences. Par ailleurs Margarita nous propose aussi ce texte à propos de personnal learning environnements (PLE) qui remet en question l’idée de e-portfolio ou tout au moins qui l’élargit. Enfin elle nous propose, en citant Stéphane Allaire une réflexion sur l’intérêt du blog pour faire un e-portfolio. On y retrouvera un ensemble de questions qui permettent de mieux préciser concept et outils.

Mario Asselin quant à lui, en partant de la réunion de Québec en avril 2006 nous propose cette synthèse de ses observations qui est éclairée par le débat suscité par cette carte qui modélise l’approche portfolio de Jeremy Hiebert. On trouvera les bases de ses réflexions sur son site qui débute par cette présentation de la démarche qu’il a menée à l’institut Saint Joseph dans ce texte de 2003.

François Guité, au travers de son blog personnel riche et
varié
, nous propose ses réflexions sur le e-portfolio et en particulier sur son implantation dans l’Université de Colombie Britannique.

Parmi les autres textes que nous avons remarqué, citons d’abord celui du RECIT de l’enseignement privé québecois qui propose un inventaire de ressources sur le thème du e-portfolio. Suite au colloque de Québec Le CEPEC International, organisme de formation, Bruno Devauchelle et le Café Pédagogique ont proposé un ensemble de ressources . Précédemment, Bruno Devauchelle avait aussi proposé une réflexion sur la tension possible entre l’attrait technologique et l’intérêt pédagogique du e-portfolio. Une revue des blogs qui exposent des réflexions sur le e-portfolio se poursuit en commençant sur le portfolio personnel sur elgg de Lyonel Kaufmann qui essaie de nous montrer comment le projet Elgg (voir plus loin) est un outil qui permet d’engager une démarche e-portfolio. Gilles Lemire, professeur titulaire associé (université Laval, Québec) dans son Blog qui est aussi son e-portfolio , ce chercheur nous montre l’intérêt qu’il porte à ces question et montre que la porte des universités s’ouvre à ces problématiques. On le retrouve d’ailleurs sur le site de la cellule TICE de l’université de Paris 5 sous la plume de Sophie Pène qui analyse les réflexions et les travaux du colloque de Québec.

TECFA, ce centre de recherche de l’université de Genève propose tout simplement une définition et des références à propos du e-portfolio sur un wiki qui laisse donc à chacun des possibilité d’enrichissement et de modifications. Le GRECO de l’université de Grenoble rejoint la même préoccupation que TECFA en ouvrant plus largement la question à propos de blog, wiki et e-portfolio, ou comment choisir le meilleur outil pour un usage pédagogigue ?
A ces sites ajoutons les actes des rencontres des IUFM à Dijon qui ont essayé de faire le lien entre le e-portfolio et le C2i des métiers de l’enseignement. Certes prospectif et non réflexif, ce site et non un blog donne aussi une idée de la réflexion en France sur ce sujet

Nous ne pouvons ici passer sous silence le site de Repères numériques de Picardie qui pose la question en terme de gestion individuelle et collective des connaissances. Outre une analyse de la démarche ce site met à disposition un logiciel (libre) de gestion des compétences qui permet de faire le lien entre compétences et e-portfolio et un logiciel de présentation multimédia réalisé (en lien avec l’UTC de Compiègne) qui s’inscrit dans la même dynamique. Et pour terminer cette partie, il nous faut déplorer le peu d’outils logiciels libres de e-portfolio disponibles en ligne. Parmi les plus connus, il faut citer en premier lieu (anglophone mais quand même) Open Source Portfolio Initiative sur le site OSP mais aussi la démarche proposée par ELGG qui dans son site propose à chacun d’ouvrir son e-portfolio en ligne. On retrouvera sur le site de Benoit Blacherez une analyse de Elgg accompagnée de liens intéressants. On n’oubliera pas aussi de citer la création d’un logiciel e-portfolio réalisé par l’ENFA de Toulouse qui , s’il n’est pas sur un blog, n’en intéressera pas moins la communauté de ceux que le sujet intéresse tout comme le site de mise en réseau de professionnels Viaduc qui permet de mieux comprendre les questions sous jacentes aux logique de e-portfolio professionnel.

3 – Des mises en pratiques du e-portfolio et d’autres choses intéressantes

Pour terminer ce billet il nous faut parler des pratiques des e-portfolio. Individuellement ou collectivement des e-portfolio apparaissent sur le web. En premier lieu il existe plusieurs types de e-portfolio en ligne comme le e-portfolio de Rémy Salaun, photographe en témoigne qui propose même des squelettes SPIP pour entrer, comme le propose ce site appelé spip-contrib qui aide au développement de ce CMS, dans l’univers e-portfolio, au sens le plus simple du terme (collection d’oeuvres remarquables). François Guité lui nous apporte dans son e-portfolio un autre regard qui permet même d’aller, sur son blog osmoze, plus loin dans la dimension humaine du e-portfolio vers sa galerie existentielle. Le blog de Pierre Lachance nous propose aussi son carnet personnel dans lequel on trouvera tout aussi bien son parcours professionnel que ses réflexions personnelles…
On ne peut passer sous silence le blog e-portfolio personnel et professionnel de Diane D enseignante à l’institut Saint Joseph qui a présenté son travail lors de la conférence de Québec et qui a su montrer l’intérêt de sa démarche. En tant qu’enseignante elle vit et fait vivre cette démarche depuis le début de l’année scolaire, ce qu’elle a su valoriser devant tant de personnes à Québec comme elle le rapporte sur son blog. Citons aussi à titre d’exemple le blog d’Edouard techno qui explore les usage des TIC en éducation qui nous montre que de la démarche de blog personnel et professionnel, il y a un lien évident qui s’appelle e-portfolio.

Enfin Jean Hugues Roca, professeur des écoles, nous propose son e-portfolio personnel, véritable illustration « d’une démarche personnelle véritablement fondée » sur ce que pourrait être un e-portfolio pour tous….

Mais les e-portfolio ne sont pas seulement des aventures individuelles. Ce sont aussi des aventures collectives comme ces exemples pris à l’école primaire en France. Ce site de JP Solanet consacré à la classe de CM2 propose une analyse du e-portfolio, Univers-C en est un bon exemple. Tout comme le blog des CM2 de l’école Louis Moreau à Etampes. qui nous invite à partager leur portfolio électronique qui met en évidence comment se construisent les savoirs dans l’école. Mais il ne faudra pas oublier l’établissement québecois pionnier en la matière, l’institut Saint Joseph qui a su faire le lien entre l’individuel et le collectif. On pourra aussi visiter la Commission scolaire English-Montréal qui s’est aussi lancée dans le e-portfolio pour l’établissement et pour chacun. L’enseignement des adultes n’est pas en reste comme le montre le blog des participants une formation Portfolio – FRN-19972 Langue française et enseignement du français qui permet de commencer à découvrir des démarches implicantes sur le plan personnel au travers d’un dispositif de formation.

Pour conclure ce billet citons globalement les billets suivants : Les collègues qui suivent le cours LIN6410, consacré au e-portfolio de Concordia, proposent de suivre, sous la plume de l’une des étudiantes, la démarche en ligne. On y trouve parmi d’autres ce portfolio d’une enseignante en formation (Marie Christine Barbin) qui tient un e-portfolio qui se veut collectif et qui écrit à propos du e-portfolio. Ce qui est étonnant est que ce portfolio est la seule référence sur ce thème notée dans la base de l’hébergeur de blog Canalblog. Il semlbe bien que le concept de e-portfolio soit, à ce jour, encore très mal connue dans le monde francophone et qu’elle demeure confidentielle. Malgré tout des initiatives comme celle présentée par l’Université concordia, qui propose aussi un logiciel e-portfolio pour les écoles primaires méritent d’être citées. En effet c’est probablement par ce genre de démarche que les choses vont progressivement avancer

Parmi d’autres ressources on citera, en anglais, mais il faut s’y faire, les anglo saxons sont plus actifs sur le e-portfolio, ce site qui présente l’initiative de cette association d’école supérieurs qui s’intéressent à la démarche et aux outils portfolio sur son site : consortium e-portfolio qui par l’ampleur de sa démarche ne peut laisser indifférent le monde francophone. Les entreprises de formation en ligne ne sont pas en reste comme le montre ce site de cette société de formation en ligne qui présente ici le portfolio : Onlineformapro et qui propose un tour d’horizon assez large. Du coté des associatifs militants sur Internet on trouve le très actif site de Ynternet qui est une structure non lucrative qui milite pour le développement des usages d’Internet et aussi du e-portfolio, la présentaiton de son site Ynternet. Présent par l’intermédiaire de Théo Bondolfi à Québec il propose aussi de réfléchir à l’initiative Key-Pal qui s’appuie sur la démarche e-portfolio

Ne nous y trompons pas, le e-portfolio est loin d’être connu et en voie de généralisation dans le monde francophone, même au Québec, comme le rappelait en Septembre 2005 Robert Bibeau à Poitiers. Parler et expérimenter ces démarches est actuellement le lot commun des acteurs signalés dans tous les liens ci-dessus. Le débat doit d’abord s’alimenter de ces réflexions et de ces pratiques avant que d’aucuns s’empressent de légiférer ou de donner leur avis sans qu’aucune pratique ne vienne étayer les réflexions. Les rencontres de Québec ont fait suite à celles de Poitiers puis de la Rochelle… elles ne sont pas les dernières. La démarche portfolio, dont le e-portfolio est un des outils, apporte à l’éducation, la formation tout au long de la vie, la vie en société, un cadre très enrichissant si chacun veut bien prendre le temps de l’expérimenter.

Il est à espérer que ce 5è carnaval des blogs consacré au e-portfolio suscitera bien des réactions et surtout des expérimentations…

Bruno Devauchelle
CEPEC International

Café Pédagogique

Former aux TIC à l'école, une question de temps ?

La rénovation et l’élargissement du B2i ne doivent pas faire oublier une question importante qui traverse souvent les débats sur la place des TIC en éducation. Pour en avoir la preuve ces trois citations sont éclairantes :

1 – Dans l’ouvrage qu’il vient de publier, »les programmes scolaires. Des disciplines souveraines au socle commun » (Retz 2006), Dominique Raulin (ancien secretaire general de feu le Conseil National des Programmes) écrit à propos des contenus qu’il faudrait inclure dans le socle commun page 147 :

« Enfin pour les technologies de l’information et de la communication, leur présence dans le socle commun est évidente aujourd’hui pour que ne se perpétue pas ni ne se creuse la fracture numérique ; mais on peut d’ailleurs penser que cela n’aura qu’un temps et que dans quelques années, l’Ecole n’aura plus à prendre en charge cet apprentissage ».

2 – A l’opposé, cité dans l’Infobourg (http://www.infobourg.com/sections/actualite/actualite.php?id=10632, article de Martine Rioux) à propos du passeport TIC en Belgique, Baudoin Branders déclare :

« Il faut arrêter de croire que les enfants savent tout des technologies. Au lieu de prendre ce fait pour acquis, nous devrions plutôt essayer de structurer leur apprentissage de l’ordinateur et d’Internet »

3 – De son coté, Ignace Rak dans le blog du B2i ouvert par le Café Pédagogique écrit :

« La mission du système éducatif. De mon point de vue, aujourd’hui il est essentiel qu’aucun jeune ne sorte du collège sans la certification B2i. Le collège est un lieu « protégé » où l’égalité de tous devant les TIC peut être acquise, et doit être acquise pour atténuer les différences sociales provenant des conditions matérielles et intellectuelles entre les différents milieux familiaux. « 

Au fur et à mesure que se développent les TIC dans le grand public, force est de reconnaître que l’Ecole n’a pas (plus ?) le monopole de l’apprentissage de l’usage de ces TIC. On peut identifier dans de nombreux propos d’enseignant une opposition fondamentale. D’une part les enseignants disent que les élèves sont beaucoup plus à l’aise qu’eux devant les technologies et que dans certains cas ils apprennent des choses aux enseignants eux-mêmes. D’autre part les enseignants disent que les élèves croient souvent maîtriser les TIC mais qu’en fait il confondent souvent les différents aspects mis en oeuvre dans tel ou tel usage et que, à l’instar de Baudoin Branders, il faut surement faire quelque chose à l’école. Le développement d’une forte réflexion du Clemi sur la question des TIC dans la continuité du travail effectué sur les médias amène aussi à distinguer deux approches qui elles aussi sont, sinon en opposition, du moins bien différentes. D’une part il y a les tenants de la maîtrise technique des usages, et d’autre part il y a, à l’instar du Clemi, les tenants d’une culture d’information communication (voire documentation…). Dans les deux cas, en complément à ce qui était la première interrogation, l’école est convoquée pour agir.

Comme on peut le constater, le débat est loin d’être terminé. Force est de constater que sur les deux niveaux les différences entre les jeunes (mais aussi les adultes) sont nombreuses et qu’il est de plus en plus difficile et peut-être impossible de désigner un même enseignement pour tous. Une école qui serait « compensatrice des différences » et « structurante des apprentissages » semble faire l’accord de nombre de personnes. Par contre les modalités permettant de parvenir à ces objectifs semblent très variées et faire peu l’unanimité : un enseignement spécialisé, une responsabilité spécifique d’une discipline d’enseignement, un travail d’équipe entre disciplines scolaires, un projet pédagogique au sein de l’établissement…

C’est probablement l’évolution de la place des TIC dans la société qui sera le repère pour l’action dans les prochaines années. Et c’est déjà le cas actuellement à propos du B2i (en France et en Europe cette question se pose avec la même acuité) qui faisant suite à de nombreuses hésitations a au moins le mérite de (pro)poser un cadre. Sa création (hors du système habituel) traduit la « réaction » du système éducatif à un phénomène social au développement nettement plus rapide que l’habituelle réactivité des programmes scolaires.

Ainsi derrière un propos « risqué » de Dominique Raulin, faut-il davantage lire la difficulté de l’école à prendre en compte les évolutions de la société (qui se chargerait de développer chez les usagers les compétences qu’elle juge nécessaires pour son propre développement en dehors du système éducatif), que l’affirmation d’un renoncement ou d’une observation déprimée d’une réalité qui reste encore à confirmer largement. Même si de nombreuses enquêtes (la prochaine du CLEMI pourrait être éclairante à ce sujet) tendent à montrer la multiplication des usages et donc le développement de compétences (sans pour autant préciser lesquelles), il reste que l’Ecole peut encore choisir de tenir une place réelle qui ne se contente pas seulement de compenser et de structurer, mais bien plus de conduire la réflexion et le développement de nouvelles pistes qui pourraient intéresser la société toute entière (construction de la conscience éditoriale, développement de la gestion personnelle des compétences de chacun par exemple….

A suivre

BD

Eporfolio, chances et risques du portfolio électronique.

Il est encore temps de penser au n° 5. Le thème retenu est celui du Eportfolio.

Thème à la mode ou véritable changement pour l’éducation ou la formation, le portfolio est aujourd’hui de plus en plus utilisé. L’intérêt de plus en plus grand porté à la version électronique de celui-ci trouve d’ailleurs ce mois-ci un écho particulier avec les rencontres de Quebec Eportfolio 2006, « Pour une technologie au service de la valorisation de la personne ». Pour cet Educarnaval n°5, je souhaiterais recueillir aussi bien les billets et les documents de ceux qui s’intéressent au Eportfolio que les blogs ou autres sites, qui sont les portfolio électroniques de leur auteur.

Nous aurons ainsi deux catégories principales :

  • l’une qui traitera des Eporfolio,
  • l’autre qui en portera témoignage.

J’aimerais aussi que ceux qui ont engagé des démarches de mise en oeuvre du Eportfolio dans leur contexte professionnel (établissement scolaire, commission scolaire, université, entreprise, centre de formation, etc…) s’en fassent l’écho pour ce 5è Educarnaval.

Pour me faire part de vos contributions, vous pouvez soit m’envoyer un message (Bruno.Devauchelle@wanadoo.fr) soit me faire parvenir l’url de votre site, où encore de répondre au bas de ce message.

Merci

Bruno Devauchelle

Les TIC : c'est en plus du reste, à lire absolument !!!

Dominique Raulin (ancien secrétaire général de feu le CNP) livre un ouvrage très intéressant intitulé « les programmes scolaires. Des disciplines souveraines au socle commun » (Retz 2006). Il serait intéressant qu’il soit lu par le plus grand nombre d’enseignants et de responsables dans le système éducatif. En effet le travail de relecture de 15 années et la mise en perspective vers le socle commun permettent de donner à comprendre les enjeux réels de l’action sur les programmes scolaires. En d’autre termes on peut induire cette question : les programmes scolaires ont ils réellement une influence sur l’enseignement

Il est hors de ce propos d’aller plus loin dans l’analyse de cet ouvrage sur le fond. Par contre c’est à partir d’un étonnement qu’il apparaît nécessaire de se questionner : pourquoi l’auteur n’évoque à aucun moment le B2i et sont mode de mise en place ? Pourtant la question des TIC est évoquée à propos du socle commun, mais il n’est nullement fait allusion à ce Brevet. Deux hypothèses peuvent être envisagées : – Le B2i, ce n’est pas un programme, c’est juste une liste de compétences élaborées en dehors des programmes et dont l’élaboration a totalement échappé au circuit traditionnel – Les TIC, et donc le B2i, sont jusqu’à présent ignorés, ou au moins mis de coté, dans la question de l’élaboration des programmes d’enseignement dès lors que ils existent en dehors des contenus des disciplines.

Si la première hypothèse s’appuie sur des faits, elle n’est pourtant pas un argument suffisant pour justifier l’absence dans cet ouvrage. Ce serait faire un procés d’intention à l’auteur, qui, au contraire, cherche à comprendre les mécanismes à l’oeuvre

La deuxième hypothèse mérite par contre qu’on s’y arrête. Elle semble faire écho à une autre préoccupation de nombre de responsables d’établissements scolaires qui déclarent : « les TIC c’est en plus, cela fait partie de ce que l’on rajoute aux programmes, comme la sécurité routière, le développement durable, ect… »

A partir de cette deuxième approche, on comprend mieux la distance que le système scolaire semble continuer d’entretenir avec les TIC : on ne parvient pas à en faire un objet scolaire partagé, on se satisfait d’en faire un objet scolaire « technologique ». Comme si les TIC, parce qu’elles sont trop omniprésentes dans la vie de tous les jours, ne méritaient pas de devenir un objet véritablement intégré au monde scolaire. On ne parle pas évidemment ici des matériels ou de la maîtrise technique de base, mais d’un « usage réfléchi ». Ainsi l’absence du B2i de l’ouvrage de D. Raulin serait un bon écho à cette difficulté actuelle à donner une place à ces TIC dans le quotidien de la scolarisation des élèves. Un commentaire récent de pratiques des TIC dans les classes avançait l’idée que nombre de pratiques des TIC ne sont que la transposition « enrichie » de pratiques pédagogiques pré existantes. D’autres commentaires parlent des TIC comme « outil ». Certains en fond un parallèle avec les méthodologies de que l’on pourrait travailler indépendamment des apprentissages scolaires. Certains enfin vont même jusqu’à évoquer l’idée des compétences transversales (voire capacités) indépendantes des contenus disciplinaires.

Il me semble qu’il serait nécessaire de réflechir à l’intrication de plus en plus importante (inextricable désormais) des pratiques des TIC avec les objets avec lequels on agit. Ainsi on peut faire l’hypothèse que le développement des TIC dans la société se traduit actuellement par une évolution qui les amène à passer du statut d’outil au statut d’instrument. On peut même envisager que, comme le livre au cours des 500 dernières années, les TIC deviennent un « objet culturel intégré », ou encore un médiateur « co-substanciel » à ses contextes d’usage. En d’autres termes si les TIC ont du mal à trouver leur place dans le système scolaire, c’est que leur appropriation dans la société est encore en construction et que la défiance dont elles font l’objet révèle le malaise de cette évolution et face à cette évolution. Notre société française, contrairement à la société nord-américaine, à tendance à vouloir se rassurer avant d’agir avec ces TIC, c’est probablement l’une des explications du décalage entre les façons d’intégrer les TIC. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient mieux intégrer en amérique du nord, mais au moins en donnent-elles l’impression…

A suivre et à débattre

BD

E-portfolio, pratiques et critiques au colloque de Québec

La cloture ce Mercredi 12 Avril, des premières rencontres francophones sur le e-porfolio ont, fort logiquement débouché sur le besoin ressenti par les participants de ne pas en rester là. Faut-il aller vers une spécificité francophone, ou autre, dans le e-portfolio. Y a t il des spécificités culturelles a ce e-portfolio qui en ferait un objet singulier ?

A ces questions, si les participants ont reconnu les barrières linguistiques, ils ont surtout mis en évidence que les spécificités culturelles étaient plutôt liées au contexte d’émergence qu’au porfolio lui même. D’ailleurs cela se remarque d’autant plus que la notion de e-portfolio recouvre plusiuers réalités, justement liées aux initiateurs de ces démarches. Que ce soit une université pour ses étudiants, un groupe social pour l’échange des savoirs et des compétences, un état qui veut encadrer l’enseignement, ou des entreprises de recrutement de personnel qui veulent uniformiser leurs pratiques, les initiatives ne recouvrent pas les mêmes réalités. Hormis une qui est apparue en particulier pour les participants qui connaissent les mêmes rencontres dans le cadre anglophone, la logique des compétences. C’est cette dimension qui semble émerger progressivement, même si, dans le milieu scolaire en particulier on reste parfois assez loin de ces préoccupations. Une présentation d’un e-portfolio par une enseignante du secondaire a mis en évidence qu’elle n’utilisait pas l’option compétences de son e-portfolio, mais qu’elle notait les contenus que les élèves déposaient sur leur portfolio. Plusieurs autres présentations du même univers ignoraient largement cette aspect des choses : les compétences restent encore de coté, alors que progressivement les programmes, en particulier dans l’enseignement professionnel et technique, sont marqués par cette approche. D’ailleurs dans les ateliers cela est apparu beaucoup plus nettement. La question du portfolio de certification de compétences a été évoquée et à sembler recevoir un écho très fort de la part d’acteur de ce secteur de la formation et de l’enseignement.

Bref les ateliers ont permis de voir plusieurs logiciels de e-portfolio et leur application. Même si ces initiatives sont timides et peu nombreuses elles ont enfin illustré, et c’est vraiment le mérite de ces rencontres, le mouvement en cours actuellement dans le monde francophone et plutôt Québecois.

Deux tables rondes organisées l’une autour de l’hypothèse big brother et l’autre autour de témoignages d’enseignantes ayant un portforlio ont permis de mettre en évidence quelques éléments significatifs.

Concernant le risque d’un nouveau Big brother qui surveillerait et encadrerait nos porfolio et pourrait les mettre au service de puissances occultes et non pas des personnes, il est apparu nettement qu’il convenait de penser le contrôle des démarches de normalisation. A cette dimension il convient d’ajouter la nécessaire prise en compte des plus démunis si l’on veut éviter des dominations sociales. La mise en ordre des esprits au travers du e-portfolio est un risque si la continuité entre le personnel/privé et l’espace public n’est pas accompagné d’une médiation humaine forte et d’un cadre déontologique et réglementaire clair. Qu’en serait-il des questions de droit d’auteur, de droit au « suicide numérique etc… ? Passer du journal intime au cyber espace pourrait bien réveiller les fantasme de cybersurveillance de quelques puissance mal attentionnée qui veut tout savoir des individus, que ce soit dans la classe, dans l’entreprise, dans la société, Serge Ravet rappelait qu’Echelon n’est pas un mythe mais bien une tentative de surveillance planétaire… Enfin si pour les individus le risque de surveillance et d’encadrement est réel et nécessite un encadrement des e-porfolio, pour les institutions et en particulier celles qui diffusent des portfolios de membres ou même des porfolios collectifs d’entreprise, il y a une nouvelle visibilité. En lisant le portfolio d’étudiants d’une université, qu’est-ce que je peux savoir de celle-ci sur la plan qualitatif De la même façon à des échelles beaucoup plus importantes, comme celle d’un système éducatif… Bref de quoi alimenter les fantasmes sécuritaires, mais aussi de prendre de la distance, voire d’imposer progressivement une vision philosophique et politique claire autour de cette question. Malheureusement, la conférence de Pierre Lévy n’avait pas permis de poser la question clairement et avait plutôt renforcé un aspect dangeureux à défaut d’être risqué, celui d’une nouvelle normalisation du « sens ».

La table ronde du Mercedi matin avait pour ambition de montrer des gens aux prises avec leur portfolio pour elles mêmes et pour leurs élves (puisque ce sont des enseignantes qui les nt présenté). Remarquable par leur courage et la qualité de leurs présentation, les deux enseignantes Québecoise ont mis en évidence avec modestie leurs questionnements, mais aussi leur volonté de poursuivre sur la voie des pionniers pédagogiques qu’elles ont emprunté en s’appuyant sur ces technologies qui leur ont permis de répondre au besoin de renouvellement pédagogique qu’elles avaient identifié.

Parmi les commentaires qui ont été faits ensuite on a pu noter plusieurs points qui peuvent sembler important. L’appropriation de la démarche et de l’outil sont évidemment un préalable essentiel. Cependant dans le démarche elle même, il faut souligner la difficulté à entrer dans les démarches réfléxives pour certains élèves tandis que d’autres se révèlent. N’y a-t-il pas là un questionnement sur la relation à son apprentissage et la capacité à prendre du recul sur soi même ? Avec le e-portfolio, je peux savoir beaucoup de choses sur l’élève. Il est cependant nécessaire de se fixer des règles. Si certains élèves acceptent de se livrer d’autres moins. Peut-on montrer cela aux parents ? C’est encore moins certain même si en primaire les élèves y voient une valorisation complémentaire. Une autre question importante est apparue concernant la qualité de l’écrit d’un e-portfolio. On a vu apparaître là la nécessité de l’acte de médiation et de la co-évaluation entre l’enseignant et l’élève. Certes tenir un e-portfolio prend du temps, mais cela donne une autre couleur à l’acte pédagogique. Surtout lorsque l’une des enseignante qui met des notes sur les productions des élèves s’est entendu dire par un élève  » pourquoi vous ne me dites pas ce que j’ai réussi et dans quel direction je dois aller pour progresser ». En effet l’élève indiquait par là que cela ne sert à rien de dévoiler sa démarche d’apprentissage dans le portfolio si cela n’a pas d’effet en retour et surtout pas d’explication de la part de l’enseignant. Il est clair que la difficulté de ce genre de pratiques aussi diverses est qu’aucune ne peut se revendiquer exemplaire pour les autres, ce qui, pourtant, aurait comblé certains membres de l’auditoire. On a pu ressentir que, pour une partie des participants (Qubecois en particulier) qui découvrent le portfolio, ils l’envisagent surtout sous son aspect outil personnel de prise de note et de trace de l’activité que d’autres peuvent voir. Par contre ils ne voient pas encore la partie plus formalisée que constitue l’évaluation par les compétences et qui appartient davantage au monde professionnel.

On pourrait ainsi résumer cette dernière journée de la façon suivante : le e-portfolio dans ses différentes déclinaisons dans la forme (présentation apprentissage évaluation) dans le temps (de moment, d’année, de cycle, de vie…) est un outil qui pour l’instant reste en cours d’évolution et de débat. Chacun s’en empare selon son approche et son contexte. Cependant on remarque, si on le met en lien avec les initiatives européenne
s et internationales, que le e-portfolio pourrait devenir un outil passerelle entre « les mondes » de chaque personne, passerelle dont elle aurait la maîtrise tant dans son contenu que dans son exploitation.

BD

Le e-portfolio fait-il peur aux Français ?

Au vu du petit nombre de français présents à la première conférence francophone sur le e-portfolio qui se tient en ce moment à Québec, on peut se poser quelques questions. Les rencontres passionnantes qui se tiennent en ce moment au coeur de la ville de Québec rassemblent plus de 200 personnes dont au moins une centaine sont impliqués directement dans des actions ou des recherches autour du e-porfolio.

Co-organisé par Eifel et le ministère de l’éducation du Québec, cet évènement met en évidence l’importance grandissante que prend le e-portfolio dans le domaine de l’éducation, de la formation et aussi tout au long de la vie. Très largement reconnu dans les pays anglosaxons et au Québec le e-portfolio a encore du mal à entrer dans les logiques françaises comme en témoigne l’absence totale de représentant officiel du ministère français de l’éducation. Les quelques français présents dans les ateliers et conférences peuvent mesurer combien les enjeux sont importants, même si de nombreuses questions demeurent et font l’objet de ces rencontres.

Une première journée de pré-congrès, Lundi a permis aux participants de découvrir les e-portfolio et leur mise en pratique. Un groupe de néophyte s’est attelé à comprendre la démarche à partir d’une mise en pratique personnelle et des témoignages d’acteurs impliqués comme Mario Asselin d’Opossum (présentation en ligne http://carnets.opossum.ca/mario/archives/Pres-eP_Quebec_avril06-v1.pdf). Le deuxième groupe a vécu une grande journée, tant l’intensité des échanges et la valeur des intervenants a permis d’aller au fond des choses. Retenons principalement de cet atelier que la question de la normalisation est fondamental pour l’avenir des pratiques sur le web. Si l’on veut avoir un portfolio numérique pour la vie, la question de « l’interopérabilité » sera centrale. Comment mes données peuvent me suivre au travers de mes différents espace de vie (personnels, professionnels) de temps (jeune à l’école, en cours d evie professionnelle) et de lieu (dans le monde entier) ? S’ajoute à cette question de la circulation de mes données et des nécessaires questions d’identification sécurisée (comment puis-je ne pas avoir à laisser trainer mes most de passes sur le web) le problème de la communication entre toutes mes activités sur le web. La présentation du produit libre elgg (http://www.elgg.net) a mis en évidence les potentiels d’échange entre mes activités et dans mes communautés à partir de deux standards (et non de normes) RSS et FOAF. On a vu là un produit dont beaucoup de jeunes pourront s’emparer pour continuer à développer leur potentiel espace de vie sur le web dans les années à venir, sorte de e-portfolio potentiel, encore à affiner.

La deuxième journée, dans laquelle l’ensemble des congressistes était rassemblés a permis à Serge Ravet d’Eifel de faire un état des lieux et de clarifier les termes et les enjeux actuels du e-portolio. On a pu noter que les communautés européennes font de gros efforts dans ce sens, tandis que la France reste très frileuse.

Pierre Lévy, bien connu en France et désormais à Ottawa a présenté une tentative de création de « grammaire du sens » pour analyser et classer l’ensemble des contenus web de manière automatique. Ce projet (IEML) vise à « fonder une architecture de l’information numérique qui intègre la complexité du sens ». La démonstration, certes brillante, n’a pas forcément convaincu une bonne partie des participants, soit par la complexité du propos, soit par difficulté de l’orateur, vu le contenu, à faire passer le lien entre l’intention et les matrices compliquées qu’il a présenté. La sensation de malaise est peut-être venue chez certains de cette impression de tentative d’encadrement du discours dans des cases et des tableaux, déshumanisants… L’après midi de mardi à donné lieu à quatre atéliers qui ont permis, comme ceux qui suivront ce mercredi, de faire un état des lieux des pratiques en France comme au Québec, ou en Suisse. Au vu de l’ensemble des contributions, on peut voir que quelques français sont en chemin comme le montre le proegramme disponible à l’adresse http://www.eportfolioquebec2006.org/.

La fin de la journée de mardi a donné lieu à une table ronde …le portfolio numérique de « Big Brother » qui a mis en évidence la nécessaire vigilance des organisateurs et celle de nombre de participants sur la question du respect des individus dans une société numérisée. Faisant écho à l’intitulé de ces rencontres « Pour une technologie au service de la valorisation de la personne » cette table ronde a permis d’envisager la question du respect sous plusieurs aspects. Si la vigilance doit être grande (one ne peut tout surveiller), il ne faut pas négliger l’importance de la circulation fluide de l’information. Cet équilibre entre les deux dans une société mutualisée suppose une très grande vigilance citoyenne. Celle-ci est présente dans les comités de normalisation qui travaillent systématiquement avec des usagers (même les plus démunis), même si la tendance technocentriste doit être en permanence défiée dans ce genre de lieux. Saluons les organisateurs (Serge Ravet d’Eifel et Robert Bibeau du ministère de l’éducation au Québec) d’avoir su mettre en place cette table ronde, signe évident d’une conscience aigüe du problème.

Le décalage horaire avec la France fait que ce billet paraîtra avec 24 heures de retard. Le compte rendu des ateliers de Mercredi sera fait ensuite.

Le cadre prestigieux de ces rencontres (le Chateau Frontenac à Québec) a permis aux participants de finir la soirée de mardi, après un cocktail offert par des partenaires commerciaux, autour d’une excellent table animée par des musiciens (jazz et traditionnel) qui ont su, avec tact et humour faire passer à tous un bon moment. Même si autour des tables on a beaucoup parlé Caribou et Orignal, on a aussi beaucoup échangé à propos de la logique compétence en éducation et de l’intérêt du e-portfolio. Car de telles moments c’est aussi l’occasion de rencontres nouvelles et multiculturelles très enrichissantes.

A suivre

BD