Le B2i, étrange objet du monde scolaire.

On y arrive enfin. L’inspection générale en avait rêvé dans son rapport de juillet 2001 sur le B2i, c’est prochainement acté : le B2i entre dans le Brevet des Collèges. Note de service publiée en 2000, le B2i est devenu partie intégrant des programmes de l’école primaire en 2002. Puis il a intégré la loi avec le socle commun. Désormais il entre dans la cour des garnds de l’école : il est inscrit dans un examen, le brevet des collèges en attendant mieux, la starisation dans le vrai examen scolaire qu’est le baccalauréat.

Et pourtant, force est de constater que 6 années après sa création, le modèle est encore loin d’être intégré dans le quotidien des établissements. On me dira que je me répète et que dans tel établissement ça marche bien. Ne nous voilons pas la face, de manière empirique et contestable car limitée, mon expérience montre une stagnation voire un reflux du B2i dans le monde scolaire. Quant au B2i lycée, on en est encore loin… malgré les textes officiels de juillet et de novembre 2006.

Que se passe-t-il donc ? Après avoir senti une première vague de réelle progression des pratiques entre 2002 et 2005, les déceptions perçues sur le terrain dans le domaine des TIC semble refroidir les enthousiasmes. Ce ne sont pas les logiciels de suivi (Gibii, Sitiz) ni les nouvelles publications (cf Théo qui renouvelle sa gamme) qui arrangent les choses. Quelles sont les déceptions ? il me semble que l’on peut en constater plusieurs :

  • Les installations techniques ne permettent pas encore une réelle souplesse des usages.
  • La culture des enseignants n’a pas permis une réelle prise en compte de la démarche B2i. Même si de plus en plus d’enseignants intègrent les TIC (de quelle manière ?), on est encore loin de l’engagement dans un dispositif B2i.
  • Les chefs d’établissement et plus largement la hiérarchie n’ont pas engagé véritablement de démarche structurée pour développer le B2i. Du coté de l’inspection, la carotte ou le baton d’une question lors de l’inspection ne peuvent tenir lieu de politique. Du coté du chef d’établissement, l’accompagnement des équipes et des moyens n’accompagne pas réellement la démarche de mise en place du B2i.
  • Le brouillage d’image des TIC en éducation lié aux initiatives multiples et peu concertées comme les ENT, les ENS, les TBI… etc…
  • L’éternel débat sur les ressources éducatives en ligne qui ne trouve toujours pas d’écho massif sur le terrain.De nombreux enseignants ressentent un abandon sur le terrain : personnes ressources TIC, administrateurs réseaux etc… sans compter l’insécurisation des deux groupes professionnels piliers du B2i au collège, les enseignants de technologie et ceux de documentation.

Il ne suffira pas d’un examen ou d’une injonction complémentaire pour faire du B2i un objet commun tant qu’on aura pas posé la question de la culture TICE des enseignants. A l’occasion de la mise en place du C2i2E, on ne perçoit pour l’instant pas de frémissement pour une formation continue. Comme si les décideurs avaient choisi de laisser passer une génération d’enseignants… en ne choisissant d’imposer cette certification qu’aux enseignants entrant dans le métier. Dans le même temps les pratiques sociales des TIC marginalisent progressivement le système scolaire qui (comme le disait le CLEMI dans son enquête) reste largement attaché à l’image de la répression et de la sécurisation des usages plutôt qu’à l’éducation aux usages…

Mettre en place le B2i n’est pas simple, compte tenu de ces éléments. Et pourtant lorsque les équipes y parviennent, elles sont satisfaites. On avait vécu cela avec les TPE ou les IDD. On a parfois l’impression que toutes ces propositions nouvelles ne sont pas suffisamment accompagnée par une administration qui, soit doute d’elle même, soit laisse les politiques passer en freinant sur le terrain les rares audaces possibles.

A débattre, bien sûr

BD

Agitation dans la blogosphère et au delà…

Une évolution des pratiques des usagers d’Internet est en train de mettre à mal l’avenir de plusieurs secteurs professionnels : presse, édition, musique, vidéo etc… Le développement des pratiques de piratage a été le premier signal fort en direction des entreprises du secteur. Mais c’est encore davantage l’émergence rapide d’une pratique qui risque fort de déstabiliser encore plus avant ces secteur : l’association des auteurs et des réseaux de partage. Les exemples de Youtube, MySpace, mais aussi de Scribd et autres outils similaires montrent qu’une nouvelle forme d’expression voit le jour et qu’elle correspond aux canaux qu’elle utilise.

Allez donc du coté de Vivé http://www.vive-fr.org/vive/, association dont j’ai pu apprécier le dynamisme social ce vendredi 23 après midi lors de la cérémonie de lancement de la deuxième Biennale de la M@ison de Grigny (69) http://www.maison-tic.org/accueil/ . Ce type d’initiative me semble témoigner d’une avancée importante de la relation que chaque citoyen peut entretenir avec les médias, la presse, et plus généralement l’ensemble de son environnement social et économique.

Si l’on examine le développement des pratiques, on observe que de nouvelles formes d’écritures multimédia vont progressivement arriver avec le développement de l’accessibilité parmettant la mise à disposition des productions personnelles de toutes natures par Internet. Productions personnelles mais inscrites dans des démarches collectives, voire collaboratives. Autrement dit, émergent de nouveaux auteurs qui ont un autre rapport à l’économie traditionnelle de l’information. Il ne s’agit pas de concurrence, mais plutôt de chemins divergents. A une vision assez centralisée des choses, se substitue une démarche de plus en plus décentralisée et individuellement responsable. Pour l’instant le modèle dominant et traditionnel, issu des diffusions centralisées des biens informationnels, reste en place. Mais plutôt que de pirater, montent les alternatives. Auto production, réseaux d’échanges etc… Pratiques marginales tant qu’elles sont compliquées techniquement, elles deviennent des réalités dès lors que l’accessibilité technique est suffisante. L’exemple des blogs est suffisamment évidente pour ne pas envisager la reproduction d’un tel mouvement avec la vidéo. Mais attention, il reste la question de l’accès de tous à cette expression. Tant que des « spécialistes patentés » (parfois même autoproclamés) sont médiatisés et identifiés, il n’y a pas danger. Dès que l’on sort de ce groupe d’initiés les choses changent.

Dès lors que le nombre de blogs à explosé on a eu ce questionnement. Il est retonbé quand on s’est paerçu qu’il était en fait marginal en terme de contenus. On crée un blog et on l’abandonne… Mais l’étape suivante est beaucoup plus inquiétante pour les professionnels. Et si cette pratique occasionnel devenait un modèle majeur d’accès, de diffusion, de partage ? On pressent logiquemment qu’il y a un risque réel de voir émerger une nouvelle forme. Lorsque les radio libres sont apparues, on pouvait penser à la même chose : des gens ordinaires se ont emparés de ces outils. Mais très vite la règlementation et les possibilités techniques ont fait rentrer tout le monde dans le rang. Avec Internet, le processus est différent, fait de sauts et de soubresauts. C’est un peu comme le développement d’un petit enfant : on à l’impression qu’il se développe par a-coups.

Après la flambée des blogs, et des podcasts et vidéocasts ou services de partages de toutes natures, émerge progressivement une nouvelle culture. Cette nouvelle culture est encore perçue comme incertaine (modèle économique non conforme au modèle dominant) et est encore en évolution en tout cas pas stabilisée. Les promoteurs des web 2.0 ou web 3.0 ont probablement cru pouvoir marquer ces points d’arrêts or c’est une illusion pour média en mal de unes croustillantes… La réalité sociale qui se construit est toute autre et encore à venir. Elle s’appuiera, selon moi, sur une prise de conscience forte des citoyens de leur réel pouvoir sur le monde proche qui les entoure. Cette prise de conscience va progressivement réveiller « l’envie d’agir » (et je ne roule pour personne !) dans la proximité et probablement aussi l’action de terrain. N’acceptant plus la centralisation de décision que le modèle mondial actuel propose, c’est la reconstruction de proximité qui risque d’émerger dans les années à venir. Or l’exemple des TIC est éclairant et donne des repères pour observer ces évolutions.

A suivre et à débattre, comme d’habitude

BD

Encyclopédie ou démarche encyclopédique

Un récent propos de Pierre Assouline (L’histoire n°318 mars 2007) parle de wikipédia comme d’une « erreur à haut débit ». Au delà des facilités qu’utilise ce journaliste pour exposer son point de vue (utilisation de termes comme blogomane ou cybercondriaque…) il nous faut interroger quelques éléments de son propos. J’ai choisi quelques phrases de ce texte qui méritent le débat.

1 – « Wikipédia est la seule encyclopédie au monde où n’importe qui peut écrire n’importe quoi ».

Cette première assertion pose problème parce que, en premier lieu, wikipédia n’est pas une encyclopédie mais une démarche de type encyclopédique en cours d’élaboration. En effet on confond l’objet en cours d’élaboration avec l’objet fini. Ainsi lorsque je feuillette l’encyclopédie Universalis, je n’assiste pas aux débats qui ont arbitré non seulement le choix du qui écrit, mais je n’assistes pas non plus au travail d’élaboration de chaque article. Jadis étudiant de Joseph Gabel auteur de l’article sur l’idéologie dans l’encyclopédie universalis nous avions passé six mois de cours à étudier son texte et ce qu’il recouvrait comme problèmatiques, discussions etc… Wikipédia nous montre le long processus d’écriture et probablement illuste aussi les débats scientifiques qui ont précédé à l’élaboration d’un savoir temporairement admis. La mise à jour d’une encyclopédie est inévitable et ne se réduit pas à la simple accumulation de nouveautés, mais bien à la correction d’erreurs antérieures. Considérer les contributeurs comme des « n’importe qui » c’est oublier que le monde aussi c’est n’importe qui, qu’Internet en général c’est « n’importe qui ». Mais ce n’importe qui c’est aussi moi, responsable au moins de ce que je comprends et fait de ce que je lis et aussi de ce que j’écris….

2 – « Les étudiants ont le réflexe de recourir systématiquement à Wikipédia et de copier coller le résultat sans état d’ames »

De qui parle-t-on quand dans une salle d’examen devant papier crayon et surveillé on n’a pas accès Internet… ? Généraliser ainsi c’est jeter Wikipédia alors que la même réaction m’a été faite à propos de reveus comme Capital ou autre. Mépriser ainsi les étudiants est génant et cette phrase n’est pas acceptable comme cela : il faut préciser ce que l’on attaque réellement. Si un étudiant fait du copier coller est-ce différent de l’histoire des plagiats, des copies et autres attitudes répréhensibles basées sur d’autres support. En quoi wikipédia est responsable d’un tel fait alors que les journalistes, par exemple et M. Assouline en fait partie, utilisent les nouvelles d’agence abondamment dont on peut parfois douter des « fameuses sources ». Le sans état d’ames mérite aussi question car il fustige une population qui n’est que partiellement responsable de cet état de fait. Posons nous aussi la question de savoir quelle est l’origine de tels comportements : éducation, contexte de concurrence, modalités de travail demandée etc…

3 – La source est la base de l’information (..) il n’y a pas de source sur Wikipédia : elle la dilue tant qu’elle l’élude. Un texte est une oeuvre de l’esprit. Mais de l’esprit de qui lorsque nul n’en assume la responsabilité »

La question des sources est une question vive en histoire. Un ouvrage complet a été récemment publié sur ce sujet (je n’ai pas la référence sous les yeux). L’institut d’histoire du temps présent pose depuis plusieurs années la question des sources en particulier du fait de l’évolution des technologies. Les spécialiste d’information communication ont démontré que la notion de source initiale n’a pas de sens dans le monde informatique. Il n’y a pas moyen de repérer de manière « absolue » l’origine d’un document dès lors qu’elle est mise sur le réseau. Pour M. Assouline la source c’est l’esprit. Alors il faut changer de terme. Il ne parle plus de source, mais d’authentification de la source. La question de l’anonymat d’un auteur est important et il a raison de le signaler. Mais l’argument de l’esprit ne tien pas quand on sait que notre esprit ne fait que « copier » celui des autres. On pourra lire avec plaisir l’opuscule intitulé « comment parler des livres que l’on a pas lus » pour comprendre comment l’esprit vient à celui qui écrit. L’argument de la responsabilité est probablement le plus fort de cet article. En effet c’est l’un des problèmes essentiels de la communication sur Internet en général. Signature, tracabilité, validation, sont de réelles questions qu’il ne faut pas poser seulement à Wikipédia mais bien à l’ensemble des espaces d’expression. Et on risque d’avoir de nombreuses surprises si l’on pose la même question à de nombreux journalistes, politiques, scientifiques mêmes…. Le principe éthique de la responsabilité me semble intéressant, mais appliqué à tous, à commencer par soi-même….

4 – « Wikipédia est à l’Universalis ou à la Britannica ce que la démocratie d’opinion est à la démocratie représentative »

Outre le fait qu’il ne faut pas comparer un processus à des produits, ramener la comparaison à celle des différentes démocratie pose question. Que signifie ici démocratie représentative par opposition à démocratie d’opinion ? L’auteur pourra me rétorquer que tout le monde connaît cela… mais j’aimerai qu’il précise le sens qu’il donne aux expressions qu’il emploie pour m’assurer que nous nous sommes bien compris. Si je comprends le sens qu’il donne ici, il s’agit d’opposer la parole de tous à la parole de ceux qui sont « légitimé » comme leur représentant. Le débat actuelle sur la place des savoirs des experts dans l’analyse de questions scientifiques (cf les travaux de Bruno Latour) montre qu’il faut se méfier des logiques de représentation si elles ne snt pas assorties de garanties comme le droit d’opposition qui amène au droit à discussion et donc au droit de l’apport des preuves. Rappelons nous le débat sur la « memoire de l’eau » dont le journal Le Monde avait porté le contenu à la connaissance du grand public pour comprendre l’importance de ces droits. Si la démocratie représentative est intéressante c’est parce qu’elle permet ce débat. Or l’intérêt de Wikipédia est justement cette mise en débat constante. On peut, à l’instar de M. Assouline signaler les dérives, mais on ne peut rejeter aussi rapidement wikipédia. Internet pose la même question que Wikipédia depuis longtemps, mais l’émergence de la presse voire même des livres a posé les mêmes questions. Attention, le savoir circule, il met en difficulté ceux qui sont censé en détenir la vérité légitime. Or les technologies actuelles ont cette qualité qu’elles nous invitent tous à réfléchir à la valeur de nos vérités à l’aune de ce que chacun peut en percevoir. C’est l’un des mérites de wikipédia que de le montrer…

A suivre et à débattre

BD

L'exemple n'est pas la preuve

Un reportage présenté dans « Envoyé spécial » du 22 février mettait en parallèle « public et privé ». La journaliste qui avait effectué le reportage a expliqué comment elle a travaillé (parmi 12 collèges, il a fallu convaincre et pendant 5 semaines chacun des deux collèges d’accepter une caméra dans les instants « significatifs » de leur vie quotidienne. Le scénario est intéressant car on oppose presque terme à terme (CPE, problème d’horaire, problème de discipline, place de l’exclusion etc…) les « façons de faire. Malheureusement, et là encore le média télévision, mais aussi la déontologie professionnelle des journalistes, sont mis en question. Le premier car il oblige à des racourcis dans le temps et qui une fois le montage effectué doit tenir dans le format proposé. La deuxième parce qu’elle est toujours questionnée par les choix effectués : pourquoi commencer en montrant des profs du publics en retard (2 parmi combien ?) par rapport à des profs du privés en avance dans leur classe (un café à la main…). Pourquoi terminer pas l’exclusion d’un élève du privé aux résultats pas si mauvais, mais exclu par un directeur sur de son projet et justifiant « pédagogiquement » selon ses dires, mais « psychologiquement » si on lit scientifiquement son argumentaire, en face d’un conseil éducatif du public (sans les éducateurs) pour une jeune fille manifestement enfermée dans son opposition à l’école et dont l’équipe malgré toute sa compassion et son professionnalisme constate son incapacité à gérer.

Ainsi le spectateur non averti pourrait lire ce reportage comme le privé c’est sélectif et disciplinaire, le public c’est ouvert à tous, parfois laxiste et compassionnel.

Un absent de marque dans les outils de décodage de ce reportage : la hiérarchie. En effet on ne nous explique pas qui a guidé et autorisé les journalistes vers les établissements concernés : la direction diocésaine de Paris, le recteur… La seule chose que l’on nous dit et celle là est essentielle : les enseignants ont joué le jeu et sont tous très professionnels .

Ainsi les exemples donnés ici doivent donc être pris « seulement » comme des exemples et surtout pas comme des preuves. Le média télévision démontre clairement ici ses limites : il faut élaguer pour garder le public : celui des parents qui veulent de la rigueur dans les beaux quartiers, celui des parents pauvres qui veulent que leurs enfants aillent à l’école, celui des enseignants qui sont finalement assez valorisé (la compassion existe dans les deux établissements, mais elle ne se vit pas de la même manière ni par rapport au même public), celui des hiérarchies qui s’y retrouveront bien. Et c’est là que les journalistes ont bien travaillé : ils ont su trouver le ton pour ne pas se mettre à dos l’enseignement catholique de Paris et le rectorat d’académie d’Ile de France. Chacun trouvera chez l’autre matière à critique et chez lui matière à réconfort.

Attention donc, évitons d’ériger l’exemple en preuve, dommage que le titre de l’émission et le propos de la journaliste ne soit pas suffisamment explicite. Ce que nous avons vu n’est pas l’essence de tous les fonctionnements du privé et du public. N’oublions pas non plus la personnalisation de certains acteurs dans le reportage. Les choix faits, chefs d’établissement, CPE, quelques enseignants et quelques élèves est significatif mais pas représentatif. Ce n’était pas l’intention, mais cela aurait été bien de le confirmer.

Instructif et plutôt bien construit ce reportage a le mérite de faire un travail d’aide au décryptage de ce que peuvent être certaines pratiques, souhaitons qu’au delà de ces exemples le public soit incité à aller plus loin dans sa lecture des choses. En effet le risque est grand de « classer » les établissements. Oui il y a des enseignants du privé en retard, des établissements privés qui accueillent des élèves en difficulté sans les sélectionner… Oui il y a des établissement publics rigoureux, des établissements publics élitistes.

La liste pourrait être longue. A chacun de nous de faire la part des choses, de ne pas ériger l’exemple en preuve, mais avec quels outils… ?

BD

Des outils pour collaborer ?

Le progressif développement des outils collaboratifs amène les établissements scolaires à s’intéresser de plus en plus aux fonctionnalités qu’ils offrent. Le plus connu de ces mouvements est celui qui s’est développé autour des outils de gestion de contenus (CMS) comme SPIP et les blogs. Parce qu’ils permettent à un groupe de s’exprimer et de partager simplement des informations voire de communiquer entre participants ces outils ont connus un succès qui est très largement lié à leur « accessibilité » c’est à dire au fait qu’ils sont suffisamment faciles à installer et mettre en oeuvre dans un contexte scolaire. Certes il y a des hiérarchies suivant les difficultés d’installation (en ligne, FTP, PHP, Mysql,hébergement, etc…) mais on peut dire que désormais il ya un mouvement bien engagé.

Aller au delà, c’est à dire dépasser la dimension principalement informationnelle (en fait c’est le site web qui devient de plus en plus facile à mettre en place), n’est pas simple. Agenda partagé, documentaion en ligne, cahiers de textes, évaluation en direct, partage de documents, voire même gestion de projets collaboratifs etc…, sont des pistes que d’aucuns explorent.

Au moment où l’on sent que les Environnements Numériques de Travail cherchent à s’imposer, il faut se reposer la question de l’accessibilité. Si je considère que la facilité d’accès est le critère principal il faut reconnaître qu’aujourd’hui on est encore loin du compte. Après avoir testé plusieurs outils on s’aperçoit que la mise en oeuvre de telles services suppose encore un accompagnement sérieux. L’exemple de Gibii et de Sitiz sont illustratifs de cela. Je peux installer moi même l’outil et le gérer mais cela est compliqué. Du coup les académies les proposent clés en main avec l’assistance pour la bonne marche et une maintenance réelle. On le voit donc la piste de travail est à la centralisation de ces ressources qui facilite l’accès de tous. On peut souhaiter aujourd’hui créer un blog, installer un spip, ou encore mettre en place un espace guppy, moodle ou claroline. Chaque établissement scolaire qui va se poser la question devra réfléchir avant de s’engager. Soit on fait tout localement, mais il faut les ressources, soit on confie cela aux services académiques compétents.

La réponse actuelle semble se trouver du coté d’un récent texte sur la question du redéploiement des temps de service des enseignants (JO du 12 février 2007). En effet on peut y lire :

« 2° Coordination d’une discipline ou d’un champ disciplinaire, d’un niveau d’enseignement ou d’activités éducatives au titre d’un établissement ou d’un réseau d’établissements : …… Usage pédagogique des technologies de l’information et de la communication ; Elaboration et promotion d’innovations pédagogiques ; …… 3° Formation et accompagnement d’autres enseignants …… Activités liées à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication ; ……« 

Ainsi les choses sont engagées : c’est du coté de la mise en oeuvre pédagogique que l’établissement va se tourner et il déléguera la partie purement technique et informatique. On le voit là le souci d’accessibilité est réel. Mais…

Car il y a un mais : portefeuille de compétences en ligne (circulaire de rentrée 2007), Gibii ou Sitiz, applications de gestion des identités des élèves (primaire et secondaire), gestion des carrières des profs et aussi gestion des notes et des cahiers de textes en ligne, tout celà semble formidable. S’il n’y avait Big brother ! Combien de temps le décideur résistera-t-il à l’envie de fouiller toutes ces données désormais disponibles pour « suivre » l’activité du système, mais aussi celle des personnes. Utiliser ces outils comme indicateurs pour évaluer le système est légitime, encore faut-il que cela soit fait dans la transparence (on a vu avec les évaluation de CE2 et de 6è qu’il y avait confusion des genres) ?

Il va nous falloir imposer des chartes et des contrats dès lors qu’un service académique, ou une société privée nous proposera ce genre de services. Ces chartes et ces contrats devront clarifier les limites d’investigation et les droits à la confidentialité. Et ce ne sera probablement pas la CNIL qui pourra nous y aider vu son absence chronique de moyens (90 personnes là ou l’Allemagne en emploi 400).

Ceci est donc une mise en garde et un appel à la vigilance… et aussi à la confiance…

A suivre et à débattre

BD

Une clé USB… quels portes veut-on ouvrir ?

Plusieurs traces de propos tenus ici et là nous montrent que de manière récurrente on veut faire entrer les TIC dans l’enseignement. Parmis celles-ci j’en ai retenu quelques unes qui me semblent éclairantes pour comprendre la récente annonce d’une clé USB pour les nouveaux enseignants.

Ainsi et en premier, L’association EPI dans un texte du 17 janvier 1992 réclame un portable pour les élèves et aussi pour les enseignants (Correctif de l’EPI, ce portable était pour les jeunes enseignants des IUFM et non les élèves et leurs enseignants). Quant à lui, Claude Allègre, en 1998, souhaite dans un discours un ordinateur portable pour les nouveaux enseignants. Plusieurs régions tentent l’expérience d’un ordinateur portable pour chaque élève et chaque enseignant dans les classes de 4è et 3è. et Enfin Gilles de Robien offre en ce début d’année 2007 une clé USB aux nouveaux enseignants.

Si la clé USB ne coute pas cher (même en 2 Go, comme celle qui est promise) ce sont probablement les logiciels (je n’ai pas lu la liste officielle de ceux-ci sur le site du ministère). En tout cas, on ne peut que se poser la question de l’enjeu de cette clé : effet d’annonce, opportunité habile, choix pertinent, investissement sur l’avenir ? Quand l’opération un ordinateur portable à 1 euro par jour a été lancée, nous avons remarqué que l’effet d’annonce était supérieur à la qualité de l’engagement de l’état. En effet celui-ci financçait des prêts à taux zéro et montait une campagne de publicité, bref il ne s’engageait pas dans le coût réel d’un équipement. Aujourd’hui l’état s’engage dans une clef USB qu’il finance probablement a parité avec des partenaires industriels. Il semble que cette clé ne soit, à ce jour, destinée qu’aux nouveaux enseignants si on en juge par le discours de Cachan le 13 février :

« Au total, 8 000 clés sont ainsi produites, dont plus de 2 000 destinées aux professeurs référents des établissements « ambition réussite », c’est-à-dire aux professeurs des établissements où les besoins sont les plus importants, où l’innovation est une nécessité. Outre les nouveaux enseignants, l’ensemble des inspecteurs des disciplines concernées et les inspecteurs de l’éducation nationale des départements expérimentaux en seront eux aussi destinataires. »

Il semble bien que cette opération, soit comme nombre de celles qui ont précédé dans ce ministère, un effet d’annonce beaucoup plus qu’une réelle action de terrain. On ne reprochera pas la concrétisation d’une annonce, alors que de précédents ministres n’ont même pas concrétisé les leurs. On reprochera simplement le fait que le symbole de la clé USB risque bien de décevoir tout le monde et n’avoir aucun effet sur les pratiques. On a l’impression d’avoir avec la clé USB le même effet qu’avec la distribution de CDROM ou de DVD.

Pourquoi aucun effet ? parce que ce n’est pas ce dont ont besoin les jeunes enseignants. Au moment où des enjeux autrement importants se jouent dans les classes, la clé USB est un gadget qui n’a pas de sens, voire même qui détourne l’attention. En plus la clé USB est un objet « fini » donc non évolutif. regardons le descriptif de Cachan. On lit qu’on va y trouver :

 » D’abord des liens institutionnels , vers les programmes scolaires de la discipline concernée et vers des sites d’information nationaux ou académiques du ministère de l’Éducation nationale.

– Vous y trouverez aussi des exemples d’usages , pour vous inviter, dans vos classes, à des utilisations innovantes des technologies de l’information et de la communication. Il ne s’agit que d’exemples et non de modèles prescrits.

– Un espace personnel d’une grande capacité vous permet de stocker vos propres données.

– Une boîte à outils qui contient l’ensemble des logiciels nécessaires au bon fonctionnement des ressources et des logiciels.

– Enfin, et surtout vous y trouverez également une rubrique ressources pour enseigner qui vous donne accès, par des entrées thématiques, à des ressources numériques et des logiciels éducatifs ainsi qu’à des ouvrages de référence. Ainsi dans votre discipline, ce sont plus de 120 liens ou logiciels, dont une vingtaine qui ne sont habituellement accessibles qu’après achat ou abonnement payant. « 

Est-ce de cela que les enseignants qui débutent ont besoin ? Je crains que non. Au lieu de dépenser de l’argent dans ce type de suport le ministère aurait peut-êre gagné à développer des partenariats avec des associations qui oeuvrent pour mettre à disposition des enseignants des ressources et qui proposent des mutualisations. Elles sont nombreuses et actives, mais elles crient (pas toutes mais certaines d’entre elles) de plus en plus à la famine. Or ce sont elles qui portent la vie du métier au quotidien. Pas une clé USB qui finira dans un tiroir ou dans le fond d’une poche trouée…

A débattre

BD

A propos du B2i et de l'évaluation…

Après plusieurs rapports de l’inspection générale portant sur les acquis des élèves ainsi que sur les évaluations scolaires, le débat sur l’évaluation rebondit avec la publication du numéro de la revue du CIEP sur les savoirs des élèves. Entre note et compétence, il va falloir quand même que les choses s’éclaircissent. Alors que le B2i instauré en 2000 et révisé en 2006 donnait un exemple intéressant de cette approche par les compétences, le socle commun est venu apporter lui aussi une couleur supplémentaire à l’arc en ciel du débat actuel. En revisitant la définition du terme compétence sans prendre en compte des textes pré existants (sur la découverte professionnelle par exemple) et en déclarant s’appuyer sur la définition européenne, le libellé des « compétences » du socle commun a ajouté à la confusion générale. Les compétences définissent ce qu’il convient de maîtriser réellement et qui est si souvent caché, enfoui, dans les notes. Mais si elles sont floues et mal définies, comment dire que cela revient à clarifier le débat…. Or le socle commun dans sa mouture actuelle est incomplet (en espérant que ce sentiment d’inachevé ne cache pas une incohérence globale comme semblent le suggérer aussi bien ceux qui soutiennent cette approche que ceux qui la rejettent ?

Rappelons ici que l’approche par compétence est d’abord une façon d’envisager « la formation » des élèves avant d’être un moyen de définir ce qu’ils maîtrisent. L’approche par compétence telle que le B2i nous la montre consiste à amener les élèves à mener des activités formatrices les amenant à mobiliser leurs ressources (compétences ?) pour réaliser des tâches proposées par les enseignants. C’est à l’occasion de ces apprentissages que l’on va pouvoir observer ce que signifie évaluer les compétences. En effet au cours des activités proposées par l’enseignant, les élèves vont être en situation de mobiliser des compétences. S’ils le font sans aide on pourra dire qu’elles ont été mobilisées avec succès. Sinon on constatera que le besoin d’aide est encore présent et qu’il convient encore de former l’élève. La mobilisation successive de la même compétence dans des contextes variés à plusieurs moments de l’année, voire au cours d’un cycle, permettra de déclarer que la compétence est maîtrisée durablement.

Le témoignage récente d’une enseignante m’a amené à préciser cela. Elle dispose de 14 ordinateur dans sa classe de CM1 et a décrit parfaitement ce processus d’apprentissage puis d’évaluation qui s’articulent logiquement et harmonieusement dans le cours ordinaire de la classe. Ainsi elle observe les élèves qui découvrent les compétences à mobiliser, demandent de l’aide, puis quand ils ont pris des repères commencent à mobiliser la compétence sans aide et avec succès par rapprot à la tâche demandée. Quand on lui demande comment elle valide les compétences du B2i, elle explique que cela se fait « naturellement ». Sans employer le terme, que nous choisissons ici de retenir pour le qualifier, l’enseignante valide ainsi une « appropriation ». C’est à dire que l’enfant mobilise sans guidage un ensemble de compétences qui lui permettent de réaliser les tâches demandées et qu’il pourra éventuellement remobiliser ces compétences dans un autre cadre, voire même de les expliquer à un autre enfant ou à un adulte en vue de les lui faire acquérir.

Ces analyses et cette observation, ainsi que de récents échanges avec des professeurs des écoles m’amènent à proposer de remplacer les notions d’acquis, non acquis, en cours d’acquisition, par les expressions non mobilisé, mobilisé avec aide, mobilisé sans aide. Il s’agit aussi de ne pas employer le terme « maîtrise » avant qu’il y ait eu une réelle appropriation comme décrite ci-dessus. Autrement dit la validation d’une compétence considérée comme maîtrisée repose sur au moins deux critères : l’installation dans la durée, dans le temps et la mobilisation autonome dans plusieurs contextes qui peuvent être de plus en plus complexes.

Si l’on se situe au plan des exigences, il s’avère qu’une telle approche est très exigente : pour les élèves mais aussi pour les enseignants. Quand je mets une note, on ne me demande pas de comptes sur ce qu’elle signifie en terme de maîtrise de compétence (et encore moins si c’est une moyenne) mais elle rend compte d’un niveau relatif (aux critères de l’enseignant, à la moyenne des élèves du même groupe). Ici on me demande de pouvoir dire ce que l’élève à « acquis » et donc de rentrer dans le détail de l’apprentissage, et c’est une exigence qui rebute nombre d’entre nous, tant le travail semble ardu. Et pourtant certains y parviennent sans difficulté, tout au moins pour les TIC comme j’ai pu l’observer.

L’approche par compétence n’est pas un renoncement, mais au contraire une exigence nouvelle. Dans une approche que j’appele « note augmentée » nous avons les deux versants de l’évaluation qui peuveznt s’exprimer. Je suis sur que si l’on parvient à bien tenir les deux, les notes deviendront naturellement obsolètes et disparaîtront d’elles-mêmes. Sauf si un retour idéologique du classement et d’une conception de l’excellence revient prendre le pouvoir. Alors s’en sera fini des véritables exigences pour tous, puisque désormais elle ne comptera que pour l’élite, pour lui permettre de se détacher des autres. Le B2I a bien senti le piège, c’est peut-être pour cela que l’école et le collège trainent autant les pieds pour le mettre en oeuvre

BD CEPEC

Comment ne pas devenir ministre de l'éducation ?

Pascal Bouchard est l’auteur d’un petit essai intitulé « Ecole cherche ministre » (ESF 2006) qui a de forte chance de ne pas être lu par les enseignants et de l’empêcher de devenir un jour ministre. Certes l’auteur se défend de toute méchanceté, de toute provocation, de tout parti pris (p.126) et pourtant il ne sait probablement pas qu’il a mis le doigt là où souvent ça fait mal. Pour lire ce livre on peut avoir deux postures : ou c’est les autres et c’est pas moi qui sont visés, ou il m’attaque frontalement il me veut du mal au travers de cette « description neutre » .

Dans le premier cas, j’ai lu ce livre comme une plaisante observation de tous les petits travers de l’éducation nationale, et il est plutôt réussi. Dans le deuxième cas, j’ai lu ce livre comme une énième attaque contre « mon métier » celui qui fait que depuis trente années j’oeuvre en éducation.

Dans les deux cas de toutes façons ce livre glisse sur moi comme l’eau sur les plumes du canard… D’ailleurs, si je comprends ce que nous dis l’auteur, est-ce que je vais lire son livre ? Car il observe que les enseignants lisent surtout leurs manuels scolaires et parfois quelques autres ouvrages de leur discipline, mais en tout cas sont désormais loin des penseurs de l’enseignement dès lors qu’ils leurs proposent de « changer »….

Observation fine du système, l’ouvrage de Pascal Bouchard vise certes à faire réagir les uns et les autres (car tout le monde est concerné par son ouvrage), mais il n’est pas sûr qu’il puisse atteindre son objectif second (participer d’une prise de conscience) et pas même son premier (concerner un futur ministre…). Toutefois si l’on observe que ce genre d’ouvrage est principalement lu par les « cadres intermédiaires » de l’éducation, on peut penser qu’à moyen terme les quelques propositions qu’il fait vont recevoir un écho.

Au premier rang de ces propositions celle de prendre à bras le corps le risque de judiciarisation du système. En effet l’analyse de l’auteur reprend des éléments qui frémissent depuis plusieurs années et semblent prendre d’autant plus corps aujourd’hui que l’école entre dans le monde de la logique des résultats… et dans celui d’une légitimité bousculée par une violence de plus en plus prègnante dans les esprits.

Trois propositions terminent l’ouvrage : les bassins d’établissements scolaires, la mise en lien de l’école avec son environnement, assouplir la carrière des enseignants. Présentées comme moyen de dégripper le système, ces propositions peuvent aussi se traduire de la façon suivante : le bon échelon de décision c’est le local et le contextualisé; le moyen d’agir c’est la sortie de l’isolement, la nécessité ultime une véritable gestion des ressources humaines en particulier des enseignants.

Nous saluons cet ouvrage, même s’il ne parvient pas dans les boites à lettres souhaitées, car il a le courage de faire un tour assez large de la question du pilotage du système en pointant en particulier les freins à ce pilotage. A l’instar de l’inspection générale dans un rapport sur le B2i en 2001, l’auteur remarque que chacun, à son niveau, dans cette institution se considère comme un maillon incontournable du système mais en aucun cas comme un rouage, docile ou non, et tient à sa liberté estimant que le statut autorise à s’affranchir même de ce système qui l’emploie et de ses décisions… ce qui inévitablement amène à un immobilisme grandissant…

Oui la carte scolaire peut être relue en regard des réalités locales; oui l’Ecole est avant tout une donnée du monde du local et du territoire proche; oui les métiers de l’enseignemet sont des métiers qui enferment la liberté en encadrant la responsabilité sans vouloir réellement la donner à chacun des acteurs.

Car finalement l’auteur nous invite à la responsabilité du haut en bas de l’appareil, du système : autrement dit il invite à prendre des risques au moment même ou la judiciarisation pourrait devenir le moyen de définir l’Ecole par le droit alors qu’elle a d’abord besoin de se redéfinir, mais pas seule.

A débattre

BD

Circulaire de rentrée et TICE

Si beaucoup d’amateurs de TICE auront vu le paragraphe sur le B2i, j’espère qu’ils n’auront pas oublié de lire celui qui précède sur le livret de compétence.

En effet on peut y lire un autre élément du déploiement des TIC dans les établissements scolaires qui s’inscrit dans le droit fil de ce qui a été fait pour le B2i mais là à propos du suivi des acquis des élèves. En effet on peut y lire

 » Les résultats positifs des évaluations seront attestés dès la prochaine rentrée dans le livret individuel de compétences. Ce livret sera un document personnel permettant aux élèves et aux parents d’être informés des composantes du socle commun et de suivre les progrès constatés dans l’acquisition progressive de leur maîtrise. Constitué dès l’école élémentaire, à la fin du premier palier du socle (classe de CE1) et transmis au collège, il suivra l’élève jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire dans les diverses voies de formation retenues. »

Jusque là on se trouve dans le même modèle que ce que les feuilles de position du B2i ont préfiguré dès 2000. Mais on peut lirs juste après :

« Le livret individuel de compétences est un des éléments du livret scolaire électronique qui sera progressivement mis en place pour chaque élève. Outre les informations relatives aux acquisitions des compétences du socle et aux différentes attestations scolaires liées aux programmes (brevet informatique et internet, attestation de première éducation à la route, attestation scolaire de sécurité routière, attestation de formation aux premiers secours), il recueillera les appréciations des enseignants sur la scolarité de l’élève, ainsi que les relevés de notes actuels. Ce livret scolaire sera accessible aux enseignants qui le renseigneront, aux élèves et à leurs parents qui le consul teront à partir des espaces numériques de travail (ENT), aux chefs d’établissement qui l’exploi teront. Au fur et à mesure de sa mise en oeuvre, ce livret scolaire électronique se substituera aux documents papier. »

Tous ceux qui ont déjà commencé à utiliser des outils comme Sitiz ou GiBii vont pouvoir commencer à partager leur expérience de ce type de produit. On lit enfin ceci à la suite :

« Dès que seront prêts les textes des programmes révisés et précisés les modalités d’évaluation ainsi que le contenu et le mode d’utilisation du livret individuel de compétences, un calendrier de stages de formation des personnels pourra être mis en oeuvre au plan national et dans les académies pour l’année scolaire en cours. »

Evidemment On voit tout de suite que ceux qui ont déjà une bonne maîtrise de la démarche B2i, de ses concepts et de sa gestion vont pouvoir accompagner tous les collègues qui vont découvrir cette nouvelle modalité de suivi mais aussi d’évaluation.

Il est intéressant de noter que cette proposition de la lettre de rentrée tombe suite au rapport de l’IGEN de 2005 sur les acquis des élves mais aussi au même moment qu’un numéro de la revue du CIEP de Sèvres, n° 43 : Que savent les élèves ? au sommaire consultable à l’adresse : http://www.ciep.fr/ries/ries43.htm , dont un article écrit par M Bouvier est fortement médiatisé ces jours-ci et qui rappelle les errements de l’utilisation sans discernement de la notation.

Ainsi nous entrons au collège, après le primaire dans l’ère du livret d’évaluation. Attention à ce que cela ne produise pas les catastrophes observées à l’école primaire avec ces listes pléthoriques et incompréhensibles, en grande partie, de compétences. Le volontarisme ministériel à la mise sur Internet de ces livrets d’évaluation est assez logique mais en même temps assez risqué. En effet la révolution des logiciels de gestion de notes (souvent les premiers pas informatiques, obligatoires, de nombre d’enseignants) avait déjà posé quelques questions, la gestion des livrets de compétences à l’école primaire n’a pas encore été bien comprise partout (ni même parfois par ses promoteurs), la forme actuel de rédaction du socle commun est encore largement « incompatible » avec les formes utilisables de référentiel déjà en cours à l’école primaire, enfin la culture informatique partagée laisse encore une large part à la suspicion vis à vis du « tout communiquant en matière d’évaluation », même si dans certains établissements cela ne pose aucun problème.

A cet important élément de la circulaire de rentrée on ajoutera le passage consacré au B2i. On y relira la volonté réelle d’imposer ce dispositif dans tous les niveaux de la scolarité et en lien avec le socle commun. On se posera pourtant la question de savoir si l’usage du mot « obligatoire » contenu dans le texte n’est pas révélateur de ce qui depuis de longues années pose problème, à savoir la mise en oeuvre réelle du B2i dans les établissements scolaires.

Cet ensemble d’impulsion ne doit pas nous laisser passer sous silence un élément essentiel et significatif de cette lettre de rentrée. En effet ce qui est le leitmotiv de Monsieur de Robien c’est « l’égalité des chances ». Etonnant de voir comment à plusieurs reprise cette idée est mise en avant comme étendard justifiant toutes les initiatives. « L’égalité » est si présente dans ce texte qu’elle ménerait, si nous étions de mauvais esprit, à penser qu’entre les sexes, les handicaps, les parents, la santé tout est au même niveau (et cette fois-ci pas les TIC, ou est donc passé la fracture numérique objet d’un derniers numéros de la revue Hermès). Etonnant patchwork qui vide de son sens ce terme au moment où la question, par exemple de la carte scolaire, pourtant pierre d’angle d’une des idées égalitaristes, n’est même pas évoquée comme chantier, mais cela n’a paeut etre pas à figurer dans ce type de texte, et pourtant… De toute façon ce qui compte dans cette circulaire, ce sont les résultats et la réalisation d’objectifs, c’est désormais la LOLF qui dirige et ça c’est nouveau dans le système (à tous les niveaux) et c’est rappelé tout au long de cette circulaire

A suivre et à débattre

BD

La place des TICE dans les établissements scolaires

En annonçant simultanément la suppression de décharge pour les enseignants de classe de 1ère et l’ouverture de nouvelles décharges pour les responsables TICE des établissements, le ministère rend-il réellement un service pour leur déploiement ? Rien n’est moins sûr. L’effet vase communicant qu’induit cette façon de présenter les choses risque de mettre de nouveau les TIC sous le feu des détracteurs. Les TIC qui sont déjà si encombrantes dans les établissements et qui ont tant de mal à rentrer dans la classe n’avaient probablement pas besoin de cette proposition pour être la cible des critiques. Certes il ne faut pas nier l’intérêt et même la nécessité de ces heures de décharges, nous les avons appelées de nos voeux depuis plus de vingt ans. Mais l’opportunité de cette mesure risque fort de produire l’effet contraire à celui souhaité. D’autant plus qu’en s’attaquant aux décharges des enseignants, on a oublié de s’attaquer à de nombreux postes détachés dans diverses structures (académies, rectorats, ministères, musées, crdp, etc…) dont la pertinence n’apparaît pas aussi criante pour tous. Les chefs d’établissements qui reçoivent chaque jour des sollicitations pour des journées, des semaines thématiques en savent quelque chose qui sont étonnés de voir ces personnels aussi disponibles pour des actions de ces natures, fort louables par ailleurs, alors qu’ils ont souvent du mal à avoir leur nombre d’enseignant face aux élèves.

En saluant l’initiative qui reconnait enfin la nécessité de personnes ressources TIC pour les établissements scolaires, on remarque que l’on satisfait là à l’un des besoins exprimés depuis de longues années par les acteurs impliqués eux-mêmes.

Cependant, il ne suffit pas d’émettre ce genre de recommandation si on ne l’encadre pas par une formation sérieuse de ces personnels. C’est ce qui est fait depuis plusieurs années dans l’académie de Poitiers au travers du DU de technologies éducatives organisé par l’université de Poitiers (département IME de l’UFR Lettres langues, réalisé aussi en convention par le CEPEC International de Lyon). Pas seulement formation, mais aussi reconnaissance universitaire d’une véritable compétence, ce type de dispositif mérite donc d’être désormais étendu si l’on veut que ces décharges soient légitimes et non pas seulement une compensation de service rendu. C’est probablement à ce prix que les choses pourront se faire dans de bonnes conditions dans les années à venir.

Ainsi voit-on enfin apparaître dans l’établissement, comme l’avait déjà indiqué la loi d’orientation, la notion de personne ressource TICE avec une véritable reconnaissance officielle. En lien avec les enseignants documentaliste et au sein des conseils pédagogiques ou des conseils d’établissements, ces personnels devront être à même de proposer des pistes pour développer une véritable culture de l’information et de la communication qui passe aussi par la compréhension et la maîtrise des technologies qui en permettent le développement.

La fin de certaines décharge horaires ne pourra être comprise si elle est amalgamée à des compensations peu facilement lisibles. Il semble nécessaire qu’une plus large explication soit faite et surtout que, concernant les TIC en éducation, un vrai débat sur le sens de leur intégration en éducation soit entamé. Or pour l’instant on s’en tient aux outils (confère les annonces sur les notes et autres ouvertures des informations des établissements en direction des parents..)

On est probablement sur la bonne voie pour les TIC en éducation, mais il reste encore à en définir valablement les contours.

A suivre et à débattre

BD