Le sens de l’effort… et le plaisir d’apprendre

Je suis surpris et même irrité par ces insistances dans le monde enseignant, et au delà, sur le sens de l’effort. Il y a une sorte de magie autour de cette expression : nostalgie, espoir, regret…Surtout que ceux qui sont montrés comme manquant de « sens de l’effort » sont comparés, inconsciemment avec ce que chacun se représente du « sens de l’effort ».

Je me suis donc interrogé sur la forme que pouvait prendre ce sens de l’effort dans ces discours. J’ai souvent décelé deux choses : d’une part l’idée d’une souffrance, d’autre part l’idée d’une persévérance face à l’obstacle. Or ce que je constate c’est que nombreux sont les gens qui sont persévérants face à l’obstacle sans pour autant avoir l’impression de souffrir. Alors je me demande si les gens qui en appellent au sens de l’effort ne sont pas ceux qui souffrent pour persévérer et qui s’irritent de voir dans leur entourage des gens être persévérant sans souffrir. Enfin le sens de l’effort, quand on a passé certains obstacles, c’est ce que l’on souhaite imposer à ceux qui vont ensuite passer le même obstacle. Il m’a fallu être persévérant, mais j’ai souffert pour y arriver…

Ne faudrait-il pas renverser le problème : le sens de l’effort ce serait la capacité à prendre durablement du plaisir et de la joie dans la confrontation à l’obstacle. On imagine aisément le renversement pédagogique que cela serait si les enseignants organisaient leur enseignement comme cela.

Si l’on regarde de plus près certaine évolution didactiques, comme l’expérimentation, l’investigation, les projets, on s’aperçoit qu’au fond c’est cette approche que l’on souhaite promouvoir. Mais de là à le revendiquer comme une éthique pédagogique… il y a un temps long… il faudra que l’on fasse des efforts…

 

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