La politique TICE dans les établissements scolaires

 

Bruno Devauchelle

 

CEPEC

2005

Plan du texte

1 - Encadrer et accompagner les usages de l'information et de la communication

2 - La participation de tous au développement du projet TICE

3 - L'équipement matériel, clé du dispositif

4 - Des choix logiciels au service des usages

5 - Financements, subventions, des moyens au service des projets TICE

Conclusion : Faire des TICE un des éléments d’entraînement de l’établissement scolaire 


Introduction

L'informatique et les TIC dans les établissements scolaires : enjeux, repères, outils

 

Il y a vingt ans, le plan Informatique Pour Tous (IPT) était annoncé. Il marquait la première initiative de grande ampleur en éducation pour permettre l’intégration des TIC dans l’enseignement scolaire. L’observation des pratiques réelles dans les établissements scolaire amène à porter un regard nuancé, kaléidoscopique, et critique sur le résultat de vingt années de volontarisme ministériel.

Au moment où ce volontarisme se trouve renforcé par des textes officiels et des initiatives nouvelles, les établissements scolaires doivent nécessairement s’interroger sur leur politique en matière d’intégration des TIC. Le B2i obligatoirement évalué en 2007 (B0EN du 5 Mai 2005), le C2i dans l’enseignement supérieur, le développement des environnements numériques de travail (ENT) et de savoirs (ENS) témoignent de ce volontarisme accompagné par les collectivités territoriales. Les assises TIC que le ministère a tenues en mai 2005 à Poitiers avaient pour objet principal la place de ces collectivités dans la politique TIC.

Nos établissements scolaires présentent des pratiques extrêmement hétérogènes. Que ce soit sur le plan financier, humain et technique, les inégalités sont de plus en plus flagrantes. Il nous semble nécessaire de poser dans cet article un certain nombre de questions qui interrogent aussi bien les établissements de petite taille que ceux accueillant un grand nombre d’élèves et disposant de sections spécialisées dans le domaine. L’enseignement catholique prend actuellement peu d’initiatives au niveau national dans ce domaine (les traces d’un passé récent sont encore vives). Il est pourtant nécessaire de pallier à une absence de réflexion collective, voire collaborative. Il faut éviter de créer un fossé numérique dans nos établissements mais aussi entre nos établissements. Nous proposons d’envisager cinq champs de questionnements pour lesquels nous établirons un essai d’état des lieux qui nous amènera à faire quelques propositions pour que les TIC prennent une place éclairée dans nos établissements scolaires et au-delà dans la pratique critique à laquelle nous nous devons d’éduquer nos élèves.

 

 

1 - Encadrer et accompagner les usages de l'information et de la communication

 

1.1 – Problématique

 

Après avoir longtemps réduit la question de l’informatique à une question d’équipement (une recherche menée en 1995 sur l’informatisation des secrétariats de direction des établissements scolaires de l’enseignement catholique l’avait clairement montré), il est progressivement devenu évident qu’il fallait avant tout réfléchir aux usages. Pas seulement effet de mode lié à des travaux de sociologie, cette approche par les usages s’impose par l’observation des acteurs et surtout par l’écart observé entre les discours des passionnés des technologies et les acteurs impliqués. L’exemple de la mise en place de logiciel de gestion des notes est particulièrement illustratif de cet écart.

Si à l’origine les pratiques portaient principalement sur les ordinateurs et l’informatique puis les réseaux, elles se sont progressivement ouvertes sur la nature des activités menées avec ces outils, sur les usages. C’est ainsi que la question se pose désormais davantage en termes de politique d’information et de communication au sens large, intégrant les usages pédagogiques (simulation, EXAO, recherche d’information, documentation), qu’en termes purement matériel, même si cet aspect est loin d’être négligeable comme on le montrera plus loin.

Il nous apparaît qu’une réflexion globale sur une politique des usages des TIC devient de plus en plus nécessaire dans chaque établissement scolaire. Ce questionnement ne peut se faire sans lien avec le projet éducatif et le projet d’établissement. En effet c’est la dimension éducative, éthique et citoyenne qui est au cœur du développement des technologies de l’information et de la communication dans l’établissement scolaire.

 

1.2 – Les divers aspects du problème : regards sur les usages

 

La fonction enseignement et la fonction accompagnement-organisation représentent les deux pôles de ces usages. On les oppose traditionnellement, mais leur imbrication est de plus en plus grande du fait même des mises en réseau, des partages d’information, des nécessaires synergies à mettre en œuvre dans de nombreuses situations scolaires. Cependant, les séparer, dans le cadre de cet écrit, est un moyen de clarifier les choses et de préciser certains éléments caractéristiques.

 

1.2.1 - La fonction enseignement

Elle recouvre quatre parties dont l’ampleur des usages est variable mais dont l’importance stratégique nous semble de même niveau :

 

1.2.1.1 - La conduite des activités pédagogiques et didactiques

Désormais les prescriptions sur les usages des TIC sont centrées sur leur intégration dans « toutes » les disciplines. Cela ne va pas de soi et les enquêtes menées sur la mise en œuvre du B2i dans les établissements scolaire montrent que ce n’est que rarement le cas. Si dans les disciplines professionnelles et techniques dans lesquelles les TIC sont un objet d’apprentissage il semble que désormais les pratiques soient bien établies, c’est loin d’être le cas dans les autres disciplines d’enseignement. L’intégration des TIC dans les contenus des programmes (Commission Nationale des Programmes 1992) est très progressive dans les textes et encore davantage dans les pratiques des disciplines concernées. L’exemple des mathématiques est assez révélateur : si l’intégration des calculatrice a pu se faire, le passage au tableur, au géométriseur etc… est problématique, encore actuellement dans certains établissements. Matériel, formation, maintenance sont souvent évoqués, mais les résistances, dans toutes les disciplines sont beaucoup plus profondes. Elles touchent aussi à la représentation que chacun se fait de la gestion de l’espace-temps classe, de la relation avec les élèves, voire de la relation aux contenus mêmes enseignés.

Le développement d’Internet marque particulièrement ces dernières années. C’est pourquoi se pose désormais une question essentielle : la place de l’activité documentaire dans le travail des élèves. D’où l’inévitable question de la politique documentaire de l’établissement dont le rapport Durpaire nous montre qu’elle ne sera pas sans effet sur la professionnalité même des enseignants-documentalistes. La réflexion à mener ne doit d’ailleurs pas se limiter à la seule question de la gestion du CDI, mais plus globalement à la politique d’accès à l’information et à la communication dans l’établissement scolaire. Cette réflexion ne peut éviter d’inclure la question identitaire qui concerne les personnels de documentation. Les débats autour du CDI et de leur gestion ne peuvent éviter cette dimension humaine et donc identitaire, ils impliquent l’acceptation d’une mise à plat sans complaisance des fonctionnements dans l’établissement, mais ils impliquent aussi le respect des personnes.

L’obligation du B2i est désormais officielle (BOEN du 5 Mai 2005) après cinq années d’atermoiements dans les équipes sur l’opportunité de développer cette certification. Même si, pour les lycées, l’éventualité d’un B2i a encore un caractère expérimental, la mise en place du C2i niveau 1 dans l’enseignement supérieur, et d’un niveau 2 dans les IUFM pour la formation initiale des enseignants montrent l’importance accrue prise par ce dispositif pour lequel tous les collèges devront être opérationnels pour 2007, le B2i faisant alors partie intégrante du nouveau brevet et du socle commun de connaissances et de compétences.

 

1.2.1.2 - Gestion de l'organisation de l’activité d’enseignement

La gestion des emplois du temps des personnes, des salles et des moyens matériels, ainsi que celle des absences relève souvent de la responsabilité de la vie scolaire. Cependant la continuité indispensable entre les enseignants et les personnels éducatifs dans ce domaine prend désormais une forme nouvelle avec le développement des ressources informatiques. Désormais la quasi-totalité des établissements utilisent des logiciels spécialisés, se soulageant ainsi d’un casse-tête souvent générateur de conflits. En réalité ces logiciels ne résolvent pas les conflits, même s’ils soulagent de certains problèmes (complexité des changements par exemple, suivi des locaux, gestion des présences). L’arrivée d’une note de vie scolaire incluant l’assiduité dans le brevet des collèges rénovés va renforcer le caractère essentiel de cette gestion de l’organisation de l’activité d’enseignement.

La gestion des services, des emplois du temps, des effectifs, outre la dimension légale, impose une réflexion sur la « gestion des ressources humaines ». Faut-il organiser une surveillance des enseignants et des élèves (badges, reconnaissance d’empreintes digitales etc…) ? Faut-il faire reposer sur « l’informatique » des choix qui en réalité sont essentiellement humains ? Le chef d’établissement se trouve dans la nécessité de suivre attentivement, avec l’équipe de direction, l’usage de ces outils depuis le cahier des charges jusqu’à l’évaluation des pratiques. L’importance prise par la logistique au cours des dernières années s’est accrue par l’introduction des technologies permettant d’optimiser la gestion des ressources. Ainsi l’assouplissement du temps scolaire peut-il se trouver freiné ou encouragé suivant les outils utilisés. Une meilleure occupation des locaux permet de proposer des solutions pédagogiques différentes par exemple.

La gestion des absences des élèves est un élément particulièrement sensible dès lors que l’on procède à un suivi « rapproché » et « constant » des élèves. Outre les termes de la loi (cf. les obligations de la CNIL, Commission nationale informatique et liberté), il y a surtout la dimension éthique et éducative des potentialités offertes par les outils proposés qui fait question. Caméra, affichage, suivi individualisé, ouverture vers l’extérieur de l’établissement (les parents) ne peuvent relever de la seule technique, elles imposent la mise en évidence d’un cadre pour mener l’action, reposant sur des choix éducatifs explicités.

 

1.2.1.3 - Gestion des notes et des évaluations

La place de la notation est centrale dans l’activité d’enseignement et plus encore celle de l’évaluation. Les logiciels de gestion des notes se sont progressivement imposés, non sans douleurs, dans les salles des professeurs. Facilitant le suivi administratif des cursus d’élèves, ces outils favorisent surtout une meilleure lisibilité de documents de communication avec les familles et les autres partenaires scolaires. Il devient progressivement incongru d’envoyer un courrier manuscrit ou un bulletin de note manuscrit. Cependant la personnalisation que revêt l’écriture manuscrite a amené des équipes à demander le maintien des appréciations manuscrites ainsi que des parents à réclamer une « ré-humanisation » des bulletins scolaires. Derrière cette demande se trouve un problème beaucoup plus important, celui de l’impact psychologique des bulletins de notes et plus généralement des évaluations dans la relation que les élèves et leur famille entretiennent avec l’école. Pour certains, le bulletin scolaire est la seule véritable communication avec l’univers scolaire. Pour d’autres le bulletin est un moyen de lire, dans chaque ligne et dans chaque mot, à livre ouvert dans la culture de l’établissement, la culture de l’évaluation et les choix des enseignants et de l’équipe éducative.

L’utilisation de tels outils dans les conseils de classe avec un vidéo-projecteur, mais aussi l’analyse que l’on peut faire à partir de cette base d’information des pratique d’évaluation des enseignants peuvent donner lieu à des débats importants. L’apparente scientificité d’une courbe ou l’analyse des moyennes ou des progressions d’un élève amène parfois à poser simplement les questions essentielles de la pertinence des notations ou de la réalité des progrès d’un élève. L’évolution progressive vers la logique des compétences risque, dans les prochaines années, de reposer la question de la pertinence des évaluations notées.

 

1.2.1.4 - Orientation scolaire et aide au projet de l’élève

La place de l’orientation scolaire au sein de l’activité scolaire se développe d’autant plus que les dysfonctionnements de l’institution scolaire sont souvent dénoncés soit par les analystes (adéquation formation-emploi…) soit par les responsables de l’institution (voir les avis du HCEE à propos du rôle des différents acteurs dans le processus d’orientation) soit encore par les familles elles-mêmes (l’augmentation du recours devant les commissions d’appel).

Depuis plusieurs années des offres se sont développées, basée soit sur des outils audio-visuels (cassettes des métiers) soit sur des outils informatiques (logiciels d’aide à l’orientation scolaire), les pratiques des établissements sont très diverses et inégales. L’insistance du ministère sur la personnalisation des parcours d’enseignement (PPRE de la loi d’orientation) amène des équipes à penser des outils de suivi (portfolio, carnet de bords…).

La recherche de solutions, techniques ou non, pour aider à l’orientation scolaire et au projet personnel de l’élève relève avant tout de la définition d’une politique d’orientation de l’établissement. Ce préalable indispensable ne peut s’effectuer qu’au niveau d’un conseil d’établissement, les parents d’élèves étant souvent impliqués dans le processus. C’est seulement après que le choix des outils peut s’opérer (sachant qu’il est nécessaire d’être vigilant concernant certaines officines offrant des prestations proches de courants sectaires). L’évolution future de cette question se profile dans les 11 régions expérimentant le dispositif de pré-affectation multicritère dans la voie professionnelle (PAM) qui, comme l’a fait l’académie de Bordeaux en 2005, est désormais informatisé. On peut envisager que cette évolution qui tente d’articuler notes et compétences préfigure un développement plus large du suivi personnalisé des élèves. Des exemples de logiciels à propos du B2i montrent d’ailleurs que cette hypothèse se vérifie dans certains cas.

 

1.2.2 - La fonction organisation accompagnement

 

Trois grands secteurs définissent cette fonction principalement logistique dont les pratiques sont développées dans les établissements :

 

1.2.2.1 - La gestion administrative

Le suivi comptable et administratif de l’établissement scolaire est celui qui s’est développé le plus tôt dans les établissements scolaires. Dès la fin des année 70 les informatisations de ce secteur de son multipliées, suivant en cela la logique des entreprises qui ont elles aussi, un secteur de cette nature. La spécificité de l’activité scolaire a rapidement posé la question de l’articulation de ces moyens avec le reste du fonctionnement de l’établissement. La continuité opérationnelle que l’on connaît dans l’entreprise (GPAO, solutions globales) n’a pas vraiment d’écho dans le monde scolaire. Les offres des entreprises prestataires sur le secteur tentent cependant d’intégrer de plus en plus de fonctionnalités et ainsi de rapprocher les différents secteurs d’activité de l’établissements à travers une solution unique.

Les usages établis dans la majorité des établissements sont une séparation de l’administratif, au moins dans les procédures confiées aux acteurs en fonction de la définition de leurs postes. Toutefois, il n’est pas rare que des passerelles soient effectuées, en particulier dans les établissements de petite taille dans lesquels les tâches des personnels administratifs peuvent prendre un caractère très polyvalent (secrétaire-CPE étant un exemple extrême). La tendance est à une mise en lien des fonctions sur le plan technique. Il est nécessaire, pour le chef d’établissement de bien mesurer les conséquences organisationnelles de certains choix. En effet l’évolution de la définition des tâches des uns et des autres peut avoir des conséquences induites nombreuses et poser la question des responsabilités voire même de la confidentialité. 

De plus le personnel administratif est de plus en plus impliqué dans la gestion de l’information (lettres électroniques auprès des familles, des enseignants…) et de la communication (boites aux lettres électroniques etc…). Son insertion dans la communauté éducative, encouragée dans l’enseignement catholique, suppose de développer non seulement les outils mais surtout les échanges avec l’ensemble des personnels et partenaires de l’école pour développer une culture commune (participation des personnels administratifs à des travaux sur le projet d’établissement)

 

1.2.2.2- La gestion des relations avec l’extérieur de l’établissement

Le développement d’Internet a réintroduit, de façon parfois brutale, la question de la communication de l’établissement. Que ce soit un enseignant qui ait fait seul le site Internet de l’école, que ce soient des élèves qui proposent une vitrine de l’école sur le Web, ou que ce soit la gestion des messageries par exemples, de nombreuses situations se présentent qui, à terme, peuvent provoquer des questionnements importants.

Le développement des relations avec les rectorats et les inspections d’Académie s’appuie de plus en plus souvent sur des solutions techniques basées sur Internet. D’une part cela pose la question des procédures et des tâches et d’autre part cela pose le problème de la liberté et du contrôle. Les services de l’état se sont progressivement déchargés de tâches administratives en les confiant à l’échelon de l’établissement en profitant de l’informatisation et de la mise en réseau. Ils ont ainsi imposé des modes de fonctionnement nouveaux et ont modifié le contenu de certains postes de travail au sein de l’établissement.

C’est aussi la dimension de l’accès à des ressources externes qui se pose, en particulier sur le plan pédagogique, mais pas uniquement. Le développement de sites Internet publics (CNDP etc…), privés (éditeurs) ou associatifs (Café Pédagogique etc…), a ouvert de nouvelles possibilité d’accès à des informations jusque là limitées. Ainsi le BOEN est-il accessible facilement à tous, les documents d’accompagnement des réformes et de nombreux outils pédagogiques font désormais leur entrée dans la salle de classe, par les enseignants, par les élèves parfois davantage que par les enseignants-documentalistes dont c’était une des fonctions principales. Le chef d’établissement lui-même se trouve confronté, dans sa tâche quotidienne, à l’impact de ces usages sur son activité. Comment se tenir informé des textes importants, comment s’entraider ?

 

1.2.2.3 - Les questions juridiques le règlement intérieur et la sécurité

Aborder cette question est désormais une nécessité pour le chef d’établissement. Les récentes affaires des blogs d’élèves, faisant suite à celles des sites web pirates d’établissements scolaires il y a plusieurs années, sont une partie émergée de l’iceberg. L’insistance du ministère sur ce sujet se traduit par la diffusion de nombreuses informations (guide juridiques, questions-réponses etc…) en particulier sur le site Internet de la direction des technologies (www.educnet.education.fr). Droit à l’image, droit d’auteur, droit de citation sont des notions assez étrangères au monde scolaire. Evoquer la nécessité d’une autorisation pour photographier des élèves et les diffuser sur un produit multimédia effraie souvent les enseignants qui voient là une lourdeur pour leur travail.

L’utilisation de sources issues d’Internet pose souvent problème : il est toujours difficile de comprendre que ce qui est en accès libre n’est pas libre d’utilisation, même dans le cadre scolaire. Imposer la rigueur dans la citation, la vérification des sources, la mise en question des contenus est une pratique difficile à faire accepter aux enseignants. Or ils doivent de plus en plus souvent exercer cette contrainte auprès des élèves (TPE etc…). Comment envisager d’éduquer des jeunes au respect de règles et des lois sans que l’enseignant soit lui-même respectueux de ce même cadre ?

La réponse que l’on peut fournir par l’intermédiaire d’un règlement intérieur est très insuffisante pour changer les pratiques et pour assurer une couverture juridique. La responsabilisation des acteurs est une nécessité de tous les instants dans l’établissement. La diffusion de l’information juridique est certes nécessaire mais souvent elle ne suffit pas faire prendre conscience des règles à suivre. De nombreuses rumeurs circulent à propos de l’action de la justice, la méfiance est de rigueur face à ces bruits, dont il est nécessaire de demander vérification tangible avant d’engager une action. Un article de presse est très insuffisant pour asseoir des certitudes, de même que, dans bien des cas la lecture de livres n’assure pas la réalité des informations divulguées. Cela peut paraître une évidence pour tous, mais nous avons trop souvent été questionnés par des enseignants qui n’avaient pas consciences de l’importance relative d’une fonction éditoriale pour assurer la qualité de l’information.

Poser un cadre dans un règlement intérieur est une nécessité, développer des chartes de vie, élaborées avec les élèves en est une autre. Si les enseignants sont souvent peu vigilants en matière juridique, les élèves ont tout à apprendre et ne connaissent pas les frontières du droit comme le montrent les récentes affaires de blogs.    

La question de la sécurité est avant tout un problème de préservation des informations et de la qualité fonctionnelle des systèmes. Si des solutions techniques existent, elles ne sont que partielles. C’est au niveau de l’architecture des systèmes qu’il convient de réfléchir en vue de proposer aux usagers des codes de conduite pertinents. Malheureusement la réflexion globale intervient souvent après l’acquisition des moyens techniques et surtout avant toute analyse avec les acteurs réellement impliqués dans les usages. Filtrage et surveillance sont les deux bases principales de la sécurité appuyées sur des systèmes bien structurés et protégés (mise à jour des solutions techniques, veille régulière et pertinente sur les risques…). La sécurité n’est pas seulement l’affaire des techniciens et des responsables, c’est aussi celle de tous les acteurs. Des comportements paranoïaques sont parfois à redouter, car ils parviennent à interdire toute action, mais une négligence globale est aussi coupable surtout quand il s’agit d’assurer la « stabilité » dans le temps des solutions retenues.

 

 

2 - La participation de tous au développement du projet TICE

 

2.1 – Problématique

 

Pendant de nombreuses années et souvent encore aujourd’hui, on a considéré que le projet TICE ne concernait que des techniciens, des spécialistes, des « branchés ». Le contraire peut paraître évident, mais on est obligé de constater dans les faits que le problème est réel. Cette tendance s’accentue avec la généralisation progressive des usages dans les enseignements. Il devient essentiel que l’ensemble des acteurs de l’établissement se sentent suffisamment concernés pour permettre des prises de décision qui ne soient pas seulement un effet de mode, mais bien des choix étayés sur des réflexions pédagogiques et didactiques, ou encore sur des choix éducatifs (exemple de la mise en place des mots de passe et des espaces réservés dans un réseau informatique). La compétence technique ne peut suffire pour légitimer le rôle de décideur, par contre des procédures associant les différents niveaux d’usagers sont indispensables pour faire des choix durables.

 

2.2 – Des possibilités très diverses suivant les niveaux de questionnement

 

2.2.1 - Les résistances, les ressources et les contraintes

Chacun de nous peut avoir « naturellement » tendance à craindre des changements, d’autant plus lorsque la déstabilisation provoquée semble importante. Les résistances ne sont pas seulement des freins, ce sont avant tout des indicateurs. Ne les considérer que comme des attitudes archaïques est une erreur qui peut entraîner des rejets encore plus importants. C’est en particulier le cas lorsque un technophile s’empare de la dynamique de développement ou lorsque les « innovateurs » sont extrêmement dynamiques Dans de nombreuses situations nous avons observé que ces personnes provoquent une crispation importante dans les équipes. A partir d’un discours technique autoritaire, ou d’un discours sur l’innovation très volontariste, se développe alors une culture collective qui est davantage liée à la défiance vis-à-vis de la personne et du projet plutôt que vis-à-vis des outils eux-mêmes et des pratiques envisagées. Nous avons souvent observé qu’un innovateur peut se transformer rapidement en frein majeur pour les autres enseignants. La première vigilance à avoir relève donc de la capacité à rassembler une équipe diversifiée.

Faire appel à des personnes compétentes hors de l’établissement n’est pas un signe de faiblesse pour un responsable d’établissement. Se soumettre totalement à une personne qui se dit compétence est par contre un danger important. C’est pourquoi il semble nécessaire de développer une stratégie de « traduction » qui consiste à prendre soin que les différents niveaux d’acteurs impliqués dans projets TIC aient pu « traduire » pour eux-mêmes le projet, c'est-à-dire aient pu engager un processus d’appropriation.

L’analyse des contraintes et des ressources, sur un plan humain et sans négliger le plan matériel est indispensable pour le responsable. Cette analyse vise à identifier un ensemble de « traducteurs potentiels » et surtout de déterminer des axes de développement pertinents par rapport aux acteurs impliqués. La difficulté principale est de ne pas se cacher des réalités par une procédure trop rapide et par une trop faible consultation des acteurs concernés. La mise au point d’un plan de développement des usages des TIC, révisable, est un moyen simple pour identifier la place que l’on donnera à la prise en compte des contraintes et des ressources. La réalisation d’un tel document, en équipe, permet de disposer d’un outil de suivi et de régulation.

 

2.2.2 - Rendre possible les pratiques pédagogiques et didactiques, organiser la formation, animer et réguler les pratiques

L’enjeu principal du développement des TIC en éducation est leur intégration « banale » dans les pratiques didactiques d’une part et dans les pratiques pédagogiques d’autre part. Ce deuxième versant a toujours été mis en balance avec le premier. C’est la place que les disciplines prennent dans le développement des TIC qui est désormais au centre de la stratégie présentée par le ministère depuis plusieurs années (1992, Conseil National des Programmes). Certes les pratiques pédagogiques (travail individualisé sur ordinateur, recherche d’information etc…) transversales ne sont pas à négliger, mais elles sont notablement insuffisantes pour rendre possible des pratiques par un plus grand nombre d’enseignant. Les disciplines du pôle des sciences et techniques ont désormais engagé une forte évolution dans ce sens, celles du pôle des humanités ont encore du chemin à parcourir.

La formation est un argument incessamment répété en éducation pour justifier l’absence de changement. Articulée avec les arguments du temps et du matériel, la formation aux TIC fait partie des réponses nécessaires mais elle est insuffisante si elle est déconnectée du contexte. La grande quantité d’enseignant revenus de stage n’ayant pas réinvesti leurs acquis dans des pratiques de classe est un indicateur important de l’attention qu’il faut porter à cette articulation. C’est en particulier en prenant soin de créer une continuité entre la formation de proximité et la formation en stage en premier lieu, puis de systématiser la coordination entre la formation et le contexte des pratiques, et enfin en permettant à chaque personne ayant suivi une formation de se rapprocher de ses collègues (par niveau, par discipline etc…), qu’une dynamique peut s’instaurer.

Enfin la coordination, l’animation et la régulation des pratiques sont des éléments indispensables pour mener à bien le projet TIC. Des régions ont engagé la définition de deux profils de postes dans les établissements : l’animateur pédagogique TIC et la personne chargée de la maintenance technique. La distinction de ces deux activités semble une piste essentielle pour permettre une pérennité des actions et éviter des confusions qui ont largement marqué les vingt dernières années. Plus généralement l’importance que prennent désormais les TIC dans le contexte scolaire (obligation du B2i, intégration dans le socle commun et pour le brevet des collèges….) oblige à inscrire la question au cœur des problématiques de fonctionnement de l’établissement. L’idée, présentée dans la loi d’orientation, d’introduire dans le conseil pédagogique aussi bien le responsable TIC que l’enseignant-documentaliste est un indicateur de cette nouvelle place qui n’est plus seulement celle des moyens techniques, mais bien celle des usages au sein d’un projet éducatif.

 

2.2.3 - Assurer l’accompagnement et la responsabilité de la politique d’information et de communication de l’établissement scolaire

Désormais les frontières de l’établissement sont devenues très souples pour ce qui touche à l’information et la communication. Que l’établissement cherche à offrir un regard aux personnes extérieures, ou qu’il souhaite intégrer dans l’établissement un regard sur le monde, il est important de définir un cadre éthique, juridique et éducatif. Les récentes affaires concernant les blogs d’adolescents qui critiquaient les enseignants en sont un des aspects les plus spectaculaires. Mais il suffit de se pencher sur des sites Internet d’établissements scolaires pour, tout en en relativisant la portée réelle, mesurer l’importance de la définition, la maîtrise, le suivi et l’animation globale d’une politique d’information / communication qui recouvre aussi bien les activités d’enseignement que plus généralement les relations de l’établissement avec son milieu.

La difficulté des établissements scolaires face à l’information et la communication est inhérente à l’activité scolaire même. Cette difficulté est issue de la nécessaire distance de l’école d’avec le monde extérieur et par là même à la difficulté à intégrer des règles qui sont désormais issues de l’extérieur et qui s’imposent de plus en plus entre les murs de l’école. Le développement des projets TIC amène inexorablement le chef d’établissement à poser la question de la responsabilité et donc de l’engagement de l’établissement dans des projets, tels les environnements numériques de travail (ENT) que semble prôner le ministère. Ces problèmes étaient présents de façon moins criante jusqu’à présent, ils prennent désormais d’autant plus d’importance que les familles et les jeunes sont très demandeuses comme le montrent les premières expériences.

 

2.2.4 - Gérer et réguler les aspects techniques

Il est essentiel de mettre la technique au service des usages et non l’inverse. En effet la tendance « naturelle » est inverse comme nous avons pu souvent le constater. Les conséquences des choix techniques peuvent s’avérer en totale opposition aux nécessités pédagogiques et éducatives. Nous avons insisté à plusieurs reprise sur le rôle des personnes associées permettant de traduire les projets, nous voulons insister ici sur la nécessité permettre aux techniciens d’avoir une compréhension systémique de leurs tâches. Leur apprendre à se situer dans un véritable partenariat avec les autres acteurs de l’établissement est essentiel. La situation professionnelle et statutaire de ces personnels est très diverse et les établissements sont loin d’avoir tous les mêmes caractéristiques et les mêmes moyens. Le risque pris par les établissements scolaires dans ce domaine est parfois important. Des sociétés extérieures peuvent être tentées d’apporter des réponses « clés en main » aux établissements. Cependant si le choix de l’externalisation peut s’avérer intéressant pour le domaine purement administratif (ce qui correspond à l’activité d’entreprise de l’établissement), il ne peut l’être dès que cela touche au processus éducatif et d’enseignement. En effet la nécessité d’une forte réactivité implique que le personnel d’accompagnement soit proche, non seulement sur le plan géographique, mais aussi sur le plan culturel, afin de pouvoir prendre en compte la spécificité du contexte pédagogique ou didactique, voire même de pouvoir intervenir auprès de jeunes. L’expérience des emplois jeunes n’a pas laissé que de bons souvenirs dans certains lycées. Résumer la question de l’accompagnement des usages des TIC dans l’enseignement au seul usage tertiaire est une méconnaissance importante. Il est nécessaire que les personnels soient intégrés au mieux dans les équipes pédagogiques et qu’ils puissent prendre en compte cette dimension dans leur intervention.

Enfin il faut noter que l’on assiste depuis quelques années à une reprofessionnalisation de la fonction technique. En effet l’augmentation des parcs, la mise en réseau, l’ouverture vers l’extérieur et la multiplication des usagers ont rendus la gestion des équipements beaucoup plus difficile. La réapparition d’une forme de centralisation dans l’établissement ou en dehors (rectorat, société sous-traitante etc…) est quasi inéluctable même si elle est ressentie diversement suivant les établissements. A cette évolution, il convient de prévoir un cadre d’autant plus rigoureux qu’il ne peut s’effectuer par la mise en place d’une telle compétence s’appuyant simplement sur la passion d’un personnel de bonne volonté. Il est probable qu’à terme la plupart des établissements ou des réseaux d’établissements seront amenés à réfléchir à cette question et à définir des postes spécialisés.  

 

3 - L'équipement matériel, clé du dispositif

 

3.1 – Problématique

 

L’importance accordée au matériel traverse l’histoire du développement des TIC en éducation. Souvent incantatoires, les propos sur les moyens matériels sont souvent le reflet de réalités extrêmement variables d’un établissement à l’autre, d’un lieu à l’autre. En effet au-delà de l’habituel appel aux « moyens », il y a une réalité des équipements qui fait que les disparités entre les établissements sont nombreuses. L’histoire et le type de chaque établissement ou ensemble scolaire sont déterminants. Il est vain d’inventorier ici les cas de figures, tant ils sont nombreux, mais il faut avoir conscience que l’équipement matériel est un des déterminants principaux des usages : puissance, maniabilité, accessibilité etc… sont autant de paramètres qu’il faut pouvoir prendre en compte et ce dans un contexte dans lequel les évolutions techniques font remettre en question très rapidement des solutions jugées satisfaisantes et pérennes quelques temps auparavant. Il faut cependant mettre en garde contre une dérive qui consiste à apporter, avec des moyens matériels, des solutions à des problèmes que l’on n’a pas identifiés réellement. Cette dérive à pour effet principal de rendre encore plus difficile la gestion des effets de tels choix.

 

3.2 – Inscrire des choix dans un projet

 

Le choix du matériel ne peut se concevoir indépendamment du contexte. Pourtant il n’est pas rare de constater l’inadaptation des matériels aux besoins des usages. Il ne s’agit pas seulement de la pièce maîtresse que constitue l’ordinateur lui-même, mais aussi de tout ce qui l’environne et le rend plus opérationnel. Sans entrer ici dans la dimension logicielle, que nous avons choisie de traiter à part, il nous semble important de rappeler que l’ensemble de l’installation constitue un système au cœur duquel les maîtres mots seront compatibilité, interopérabilité et dans une moindre mesure, évolutivité.

 

3.2.1 - L’acquisition et l’évolutivité des matériels

L’acquisition des matériels est un symbole d’autant plus important que cela se voit. Longtemps les politiques de communication des établissements scolaires ont mis en avant la photo de salles informatique peuplées d’ordinateur, ou ont promu l’établissement par la visite lors des portes ouvertes de la salle informatique flambant neuf. Malheureusement, l’écart entre la vitrine et les pratiques est parfois important, d’autant plus que les choix en la matière peuvent être influencés par des intentions éloignées des objectifs d’un établissement scolaire.

Le choix des marques et des fournisseurs s’est singulièrement simplifié dés lors que la guerre des prix a nettoyé le marché et a éduqué les consommateurs/acheteurs. Cependant il reste suffisamment d’acteurs sur ce marché pour nécessiter une certaine vigilance. En premier lieu, la précision du cahier des charges avant achat est déterminante. Nombre de témoignages ont montré que l’inadéquation du matériel venait d’une procédure d’achat ne prenant pas en compte les usages prévus, mais les conseils d’un revendeur parfois mal informé. Ceci oblige à définir des modalités d’achat qui soient suffisamment explicites et simple pour qu’il n’y ait pas de soupçon. Certaines collectivités territoriales se substituent même aux établissements et imposent le matériel. Dans ce cas le risque d’inadéquation est encore plus grand. La maîtrise des achats semble être une bonne chose pour assurer une homogénéité du parc. C’est aussi une bonne chose pour définir les conditions annexes à l’achat (maintenance, livraison, configuration, etc…). Il semble difficile d’établir un cadre idéal, mais il semble nécessaire d’instituer le principe de « traçabilité » des achats qui permet d’éviter des difficultés ultérieures.  Il reste encore actuellement des luttes de clans comme on a pu en connaître dans les débuts de l’informatique. Ainsi la querelle Mac/PC n’est-elle pas complètement éteinte, alors que la querelle des systèmes d’exploitation (linux, Windows, Mac OS) semble perdurer. Il y a aussi la querelle des lieux d’achats (correspondance, grande surface, revendeur spécialisé, boutique…). Les choix actuels doivent être guidés par la logique des « potentiels d’usage », c'est-à-dire par une bonne connaissance des usages prévus à court et moyen terme qui permettront de définir les configurations les meilleures pour chaque poste acquis. Les effets de mode s’estompent parfois hormis dans des cas précis comme le passage aux écrans plats, aux DVD. Plus récemment la querelle émergente concerne l’adoption d’ordinateurs portables dont la promotion médiatisée de certaines régions a fait des envieux. Outre l’analyse de l’existant et des besoins, il y a aussi une dimension prospective qu’il faut expliciter pour réaliser de tels choix. Dans le paragraphe suivant nous développerons la notion d’accessibilité qui nous paraît centrale pour déterminer les choix actuellement.

 

3.2.2 - L’accessibilité : matériel et locaux

Nous pensons qu’à l’avenir l’accessibilité des matériels va devenir primordiale, tant la demande et les besoins augmentent. Les expériences menées dans différents établissements montrent que l’un des freins les plus importants aux pratiques est le degré d’accessibilité des moyens techniques.

L’image de la salle informatique avec ces alignements de blocs (unité centrale, écran) et de fils ou colonnes (alimentation électrique et réseau) va progressivement s’estomper. La raison principale de cet état de fait est que ce type d’informatique est très pénalisante aussi bien sur le plan des locaux (salle spécialisée à neutraliser) que sur le plan des pratiques (disposition des salles peu « pédagogique », matériels servant à des usages très différents au cours de la même journée…). Les demandes actuelles orientent vers des solutions beaucoup plus modulaires : du coté des enseignants ce sont principalement des équipements utilisables immédiatement pour enrichir une situation de cours à l’aide d’un vidéo projecteur et d’une connexion à Internet, du coté des élèves c’est la possibilité d’utiliser l’ordinateur de façon « négligeable », c'est-à-dire « juste-à-temps » pour le besoin identifié. Cette vision très progressiste des équipements s’appuie sur des expérimentations en cours (Jean Baptiste Vatelot à Toul, collèges des Landes etc…) qui ne sont certes pas des réponses clés en main mais qui permettent d’identifier les nouvelles pratiques.

Les fonctionnalités des matériels ne doivent pas être négligées dans l’achat et l’usage. En effet nous avons souvent été surpris de l’absence de DVD sur des ordinateurs très récemment acquis, ou encore l’absence de possibilités sonores (pas d’enceintes ni de casque ou de micro). Il se trouve que ces éléments de configuration qui peuvent paraître annexes dans une compréhension bureautique de la place des TIC sont en total opposition avec des recommandations comme celles faites aux enseignants de langue d’éducation musicale ou autres… 

L’évolution des matériels va inévitablement avoir des retombées sur les locaux. La question de la salle spécialisée, qui doit permettre des usages pluriels (avec ou sans ordinateur, seul ou en groupe…), pourrait être en grande partie résolue dès lors que la nécessité technique d’une salle disparaît. Il apparaît donc que la solution portable semble la plus adaptée, d’autant plus que l’argument de l’évolutivité des matériels n’est plus un barrage, les ordinateurs étant de plus en plus modulaires et les besoins des usagers ne nécessitant pas autant d’évolution que les spécialistes peuvent le faire croire.

 

3.2.3 - Les réseaux

En 1988, câbler un immeuble était un important projet qui était très en avance. Désormais il nous faudrait « décâbler ». En fait, l’arrivée des réseaux sans fils est en train de progressivement de modifier la façon de penser les mises en réseau. L’évolution de la téléphonie nous donne un bon exemple de ce qui se développe actuellement. Sans pour autant démonter les établissements équipés de câbles (ils sont fiables et surtout sont utilisables), il convient désormais, dans un souci d’accessibilité, de rendre possible des accès les moins contraignants au réseau. L’opposition à ce type de projet est principalement sécuritaire. Certes on ne peut totalement empêcher des tentatives de piratages, encore faut-il qu’elles en vaillent la peine.

La mise en réseau des ordinateurs, avec ou sans fil, amène à réfléchir au projet global. Il impose aussi de définir des critères d’ « interopérabilité », autrement dit, de faire en sorte que les machines puissent dialoguer sur tous les plans entre elles. Cette nécessaire compatibilité entre les équipements doit s’accompagner d’une réflexion qui permet de rendre, selon un projet utopique, tous les usages des TIC possibles, dans tous les lieux, dans tous les instants.

 

3.2.4 - La maintenance

La maintenance matérielle se distingue de la maintenance logicielle dont elle est complémentaire cependant. Mais en général la maintenance matérielle s’assume surtout au début de la mise en service et dans quelques cas particuliers. Elle s’effectue de plus en plus sous la forme du « jeter-remplacer ». Quand les enseignants, dont le niveau de compréhension technique est extrêmement variable, déclarent que « ça ne marche pas » il font le plus souvent référence à des problèmes logiciels. Lorsque les équipements sont correctement installés, il y a peu de cas de dysfonctionnement. Malheureusement les câbles qui circulent, les branchements que l’on malmène, les équipements que l’on déplace sont autant de source de dysfonctionnement matériel. Le matériel portable à comme avantage d’associer de plus en plus la machine à la personne qui l’utilise. Le matériel fixe est lui associé à un « self service » qui accentue le développement de pratiques pas toujours faciles à gérer. Les élèves semblent parfois très indélicats vis-à-vis du matériel qui leur est mis à disposition quand il ne s’en sentent pas individuellement redevable (il semble que les expériences de portables pour les élèves soient plutôt satisfaisantes sur ce plan).

On peut envisager trois types de maintenance : la maintenance préventive, la maintenance de fond et la maintenance « juste-à-temps ». Dans le premier cas, il s’agit d’instaurer un cycle régulier d’entretien des matériels (et donc aussi des logiciels) qui vise à assurer une vérification et parfois des mises à niveau cohérentes. La maintenance de fond traite de problèmes qui nécessitent le plus souvent des remplacements de pièces, elle ne se fait pas dans l’urgence immédiate et s’inscrit dans le plan plus général de disponibilité des équipements. Le problème de maintenance le plus aigu est celui qui nécessite une intervention immédiate. C’est davantage l’urgence que la nature et la complexité du problème qui est en jeu, il s’agit en fait d’une maintenance qui, si elle n’est pas effectuée rapidement et efficacement, risque d’hypothéquer le fonctionnement d’un cours, voire de plusieurs. Le problème du « juste-à-temps » est qu’il reflète surtout la difficulté des acteurs à anticiper sur le risque potentiel de panne que constitue un parc informatique. La difficulté n’est pas tant de gérer ce type d’intervention que de faire en sorte que les problèmes qui surviennent ne soient pas pénalisant pour l’action en cours. C’est pourquoi des matériels de remplacements ou encore des solutions alternatives doivent être envisagées et mise en place chaque fois que possible.

 

 

4 - Des choix logiciels au service des usages

 

4.1 – Problématique

 

Dissocier le logiciel du matériel peut sembler peu évident pour le responsable de l’établissement ou le spécialiste. Pour l’usager, les choses se présentent essentiellement sous l’aspect logiciel pour ce qui concerne les types d’utilisation et sous l’aspect matériel pour la possibilité d’accéder à ces équipements. Dans les établissements scolaires, la place du logiciel se présente de deux manières différentes: le fonctionnement classique dans un cadre de bureautique général et le fonctionnement spécifique lié à des spécificités des disciplines d’enseignement. Ces deux niveaux s’appuient sur une couche importante : le système d’exploitation. La complexité des logiciels et des interactions entre plusieurs d’entre eux dans une machine est telle qu’il faut parfois envisager de renoncer à « expliquer » des dysfonctionnements. Une fois les problèmes techniques résolus, il y a un ensemble de questions qu’il faut envisager pour assurer dans l’établissement une sérénité dans l’utilisation des logiciels.

 

4.2 – Les divers aspects du problème

 

4.2.1 - Utilisateurs et installations

L’habitude de l’usage de l’ordinateur personnel à domicile a créé de réflexes qu’il ne faut pas transférer tels quels dans l’établissement scolaire (et encore moins dans une structure administrative). En effet les règles de travail collectif imposent le maintien d’un niveau de qualité des outils utilisés. Il s’agit que l’utilisateur ne soit pas dérouté et surpris à la mise en route de l’ordinateur, mais qu’il retrouve bien son environnement de travail avec lequel il a été familiarisé. Si dans un établissement scolaire, il est possible de gérer une certaine stabilité, dès lors que les pratiques personnelles peuvent interférer, des risques importants de déstabilisation des configurations peuvent se produire. C’est pourquoi le développement actuel des équipements s’appuie sur une centralisation accrue des ressources techniques et surtout sur la mise en place de règles de fonctionnement qu’il est nécessaire de rendre accessibles et compréhensible autrement que par des injonctions autoritaires.

La restriction des usages personnels peut sembler contraignante, mais si elle est prise en charge collectivement, elle rend possible un meilleur confort collectif. Les établissements souffrent souvent d’attitudes individualistes face aux moyens mis à disposition des enseignants.

 

4.2.2 - Sécurité et usage

L’entrée dans un dispositif fondé sur la « sécurité » est extrêmement sensible dans le monde enseignant. L’émergence de la préoccupation sécuritaire est mal vécue par des enseignants qui y voient parfois une atteinte à leur liberté. Par contre cette exigence devient une urgence absolue dès que des attaques ou des disfonctionnements mettent en difficulté ces mêmes enseignants (emprunts de mots de passe, effacement de données etc…). Il faut trouver un juste milieu entre le laxisme absolu et la politique du pire : l’élaboration de règles communes comprises et acceptées de tous. Il est malheureusement plus fréquent qu’on ne le pense de voir certains personnels endosser la responsabilité de la sécurité à l’insu de tous et même du chef d’établissement au nom du bien commun. La mise en place de filtres de données ou de dispositifs de surveillance, outre la question juridique, nécessite une réflexion collective dans laquelle les enseignants documentalistes doivent avoir une place importante (pour peu qu’ils ou elles souhaitent y participer). Ces pratiques ne peuvent relever de la seule compétence du responsable technique et doivent être encadrées par le chef d’établissement qui en est le responsable juridique. L’intérêt d’une réflexion collective sur le sujet est d’engager l’ensemble des personnels à réfléchir plus largement sur la dimension éthique, critique et citoyenne indispensable dans un lieu qui se veut éducatif. La place des parents dans une telle réflexion ne doit pas être négligée. Elle peut prendre un aspect particulièrement contraignant dès lors qu’il y aura problème.

 

4.2.3 - Cadre juridique et technique du logiciel : logiciel libre, copiable….

L’achat de logiciels est un poste budgétaire très lourd. C’est pourquoi certains n’ont pas hésité à enfreindre la loi, d’autres à restreindre les usages, et enfin les derniers à choisir des solutions libres et gratuites.

Il est évident que le respect du droit est un « impératif catégorique » dans un établissement scolaire qui prétend éduquer. Malheureusement la difficulté à appliquer réellement de tels principes amène, comme nous l’avons vu dans de nombreux établissements, à faire des entorses à la loi. En s’appuyant sur les textes et les pratiques en vigueur pour la photocopie, par exemple, il est assez facile de développer une démarche collective. Cependant les pratiques sont tenaces, c’est pourquoi les solutions alternatives peuvent être considérées comme utilisables. Ainsi les propositions de logiciels libres peuvent, dans certains cas, apporter un soulagement important à l’établissement. Ces logiciels dont l’usage scolaire est autorisé sans contribution financière (voire même ceux à contribution modeste) sont des solutions crédibles mais qui nécessitent un accompagnement surtout lorsque des habitudes ont déjà été installées, comme dans le cas des suites bureautiques.

Le développement de ressources mutualisées dans le monde de l’enseignement et disponibles sur Internet est assez impressionnant. Même si des produits payants restent parfois plus attractifs et mieux finis, une large palette d’offre permet, avec un peu de réflexion de mener à bien de nombreuses activités scolaires. Il est ainsi possible d’articuler des solutions différentes au sein du même établissement afin de parvenir à ne pas faire grossir le budget logiciel de façon trop importante.

 

4.2.4 - Spécificités scolaires et disciplinaires du logiciel

L’un des soucis les plus importants concerne l’acquisition et l’utilisation de logiciels spécialisés pour certaines disciplines. Il est rare que de tels logiciels spécialisés permettent de faire travailler les élèves sur de nombreuses séances (un produit ne couvre jamais la totalité d’un programme). C’est pourquoi la politique d’achat ou d’utilisation de tels logiciels ne peut se faire sans réfléchir aux usages réels possibles et éventuellement leur partage à plusieurs (si la loi le permet). Que penser d’un logiciel qui ne servirait que pour deux séances d’enseignement dans une année ? Ne peut-on envisager des prêts ou tout autre système évitant des investissements trop importants.

L’importance prise par les TIC dans certaines disciplines (SVT, Physique par exemple) amène à réfléchir, en lien parfois même avec les éditeurs, à des possibilités d’utilisation intelligentes. Certains produits ont des versions d’essai ou bridées suffisantes dans un cadre scolaire. Des éditeurs proposent des licences d’utilisation sur mesure etc.… Le label RIP (Reconnu d’Intérêt Pédagogique) et les initiatives du ministère se multiplient pour proposer, en lien avec les collectivités territoriales des banques de produits permettant aux établissements d’utiliser des ressources de façon économique. Actuellement, il semble que ce soient les collectivités territoriales qui aient le plus d’initiatives en la matière, encore faut-il que les élèves de nos établissements puissent être considérés comme y ayant droit.

 

 

5 - Financements, subventions, des moyens au service des projets TICE

 

5.1 – Problématique

 

L’importance portée aux questions des moyens est d’autant plus forte que des inégalités flagrantes sont apparues au cours des dix dernières années. Si, désormais, la quasi-totalité des établissements dispose d’équipements, leur nombre, leur qualité, leur accessibilité est extrêmement variable. La place prise par les collectivités territoriales dans le développement des moyens en milieu scolaire, ainsi que leur volontarisme très variable, entraînent la nécessité pour les responsables des établissements scolaire de développer une politique de financement au service des projets TIC. Il ne suffit cependant pas seulement d’obtenir des moyens, mais surtout en assurer un développement cohérent et durable. Trop souvent fondé sur des opérations ponctuelles le financement doit désormais prendre une autre forme, plus stable, qui est certes en gestation, mais qui est encore loin d’être adoptée partout.

 

5.2 – Un cadre difficile à faire évoluer

 

Depuis l’abandon partiel des dotations d’Etat envers les établissements, ce sont les collectivités territoriales qui sont le plus souvent les interlocuteurs. Cela n’a pas résolu les problèmes des établissements et les a même amplifié dans certaines régions ou départements. L’enseignement catholique sous contrat avec l’Etat est souvent malmené, en particulier pour les petits établissements, ne disposant parfois pas des moyens suffisants pour assurer les exigences même des programmes officiels. Outre la nécessaire rigueur d’une démarche de financement, il convient d’ajouter le dynamisme qu’il faut déployer pour s’assurer le financement. C’est pourquoi la recherche de financement est un souci constant de nos établissements et qu’il conviendrait d’engager des échanges de vue importants avec les collectivités pour faire évoluer ces questions.

 

5.2.1 - Etablir un plan de financement, rechercher des aides…

Il arrive parfois qu’un équipement parvienne dans un établissement sans que celui-ci en ait fait la demande explicite. N’ayant pas refusé cet équipement il doit alors le prendre en compte et découvrir très souvent qu’il se voit alors imposé des dépenses complémentaires imprévues, car ces équipements et les contraintes de leur accueil sont telles qu’il faut que l’établissement dépense des sommes parfois importantes (complément de financement des installations, formation des enseignants, locaux aux normes, etc.…). Ce cas n’est pas le plus fréquent mais il est révélateur d’un écart entre la vie de l’établissement et les logiques des financeurs.

La meilleure solution est d’avoir le financement disponible au moment où il est pertinent. Autrement dit de ne pas avoir à subir une dotation soudaine en matériel ou en moyen financier à dépenser dans l’urgence. Cependant la réalité des établissements amène à constater que les financements sont multiples (de la kermesse à la subvention…) et souvent difficiles à obtenir pour les plus petits.

Ce qui est à redouter en premier c’est le don de matériel obsolète, ou déclassé par des entreprises. Redouter mais pas refuser. C’est parfois une charge davantage qu’une aide. L’absence de certaines fonctionnalités des matériels donnés, l’incompatibilité avec les solutions existantes, etc… sont autant d’occasion de faire apparaître des coûts cachés, induits et souvent difficilement chiffrables. Si ces dotations exceptionnelles peuvent apporter un peu d’air, il faut qu’elles s’inscrivent dans un projet plus global. L’exemple le plus désagréable est celui de l’école primaire qui bénéficiant de tels matériels se rend vite compte qu’il est totalement inadapté aux pédagogies souhaitées (sons et images impossibles, incompatibilités logicielles etc…). Les familles, sur ce sujet, peuvent avoir une influence néfaste si les logiques pédagogiques, scolaires ne sont pas énoncées clairement.

On pourra redouter la solution de la subvention que l’on accepte parce que les délais sont impératifs. L’établissement non préparé se trouve alors confronté à une obligation de projet qui est souvent fait dans l’urgence et sans réflexion collective. C’est souvent dans ces cas que les tensions peuvent être vives entre ceux qui portent le projet et les autres qui y voient au contraire la tentative d’imposer un équipement en décalage avec le projet.

 

 

5.2.2 - Passer d’un logique d’investissement à une logique de fonctionnement

Il nous semble que désormais il faut que les établissements s’engagent, tant sur le plan comptable que dans l’état d’esprit, dans une logique de fonctionnement. A l’instar des entreprises et autres lieux forts consommateurs de technologies de l’information et de la communication, la définition de l’usage des TIC dans le projet collectif doit se faire sous la forme d’un « fonctionnement normal ». Sur un plan comptable, c’est un flux continu et non pas un à-coup irrégulier. Sur un plan pédagogique, c’est une animation constante pour inciter aux usages ordinaires aussi bien dans les salles de classe que dans les centres de documentation ou encore dans des salles à accès libre encadré.

Dans le dialogue avec les partenaires financier cette logique est de plus en plus crédible. Même si la logique par projet ponctuel prévaut encore souvent dans des systèmes de subvention, il importe de tenter de développer, au moins pour la partie logiciels et consommables, une véritable inscription budgétaire régulière. Cela s’appuie aussi sur une habitude d’énoncer des projets pluriannuels. En effet la loi organique qui se met en place tend à renforcer ce type de fonctionnement, mais permet aussi une souplesse et de la discussion. Il faudra probablement savoir s’emparer de cet espace de négociation pour permettre d’engager le passage à cette logique. Si l’on veut que l’ordinateur soit aussi facile à utiliser que le crayon, il lui faudra avoir un statut proche.

 

 

Conclusion : Faire des TICE un des éléments d’entraînement de l’établissement scolaire

 

Pour la troisième fois, après 1985, 1997, mais sous une autre forme cette fois-ci, les TIC sont l’objet d’une forte impulsion. Devenues partie intégrante du cursus de tous les élèves (B2i, C2i, brevet des collèges et bientôt baccalauréat), leur utilisation raisonnée est considérée comme faisant partie de la culture de l’honnête homme. Il peut être opportun d’organiser autour de leur nouvelle place une réflexion collective qui en fasse un des leviers d’entraînement de l’organisation renouvelée de la scolarité. Les jeunes qui viennent dans nos établissements utilisent de plus en plus ces technologies dans leur quotidien, l’école se doit, collectivement, d’envisager désormais leur intégration.

 

Intégrer la problématique TICE dans le projet d’établissement et le projet éducatif

Le premier niveau d’interrogation sera celui du projet de l’établissement. Le propos n’est pas ici d’imposer une ligne du projet qui déclare la place que l’on donne aux TIC, ce qui serait souvent inutile. Il s’agit plutôt de donner une place à ces technologies dans toutes les réflexions que nous menons. Que soit pour l’éthique, la philosophie, ou encore pour l’orientation ou l’évaluation, désormais, aucun thème ne peut éviter de rencontrer la place prises par ces technologies.

 

Renforcer le pilotage des équipes en projet autour des TICE

Les tâtonnements des vingt dernières années doivent laisser progressivement la place à une véritable stratégie et un pilotage fort de l’intégration des TIC dans l’enseignement. Par pilotage fort, cela ne signifie pas une obligation faite à tous, mais bien plutôt un souci constant de soutien des pratiques et d’explicitation des enjeux.

Trop nombreux sont ceux qui, passionnés eux-mêmes de ces technologies, refusent d’entendre ce discours. Trop nombreux sont ceux qui, ignorant même les faits, déclarent une école préservée. Trop nombreux sont ceux qui, voulant y mettre de la bonne volonté, ont oublié de mener en amont la réflexion nécessaire pour soutenir l’action et qui se sont retrouvés devant des situations devenues parfois ingérables.

 

Assurer une veille au sein de l’établissement scolaire.

La notion de veille est progressivement en train d’entrer dans le monde scolaire. La porosité des établissements, en terme d’accès aux informations et aux connaissances, amène à constater que devant de tels flux on peut avoir deux attitudes : un rejet systématique, un laisser-faire coupable. 

Développer une veille au sein de l’établissement s’est tenter de s’assurer que l’articulation entre le monde scolaire et celui qui l’entoure garde sa pertinence. C’est aussi tenter de mener une réflexion, de tenir un discours et d’engager des pratiques qui permettent à l’école d’être non seulement un vecteur de transmission des savoirs mais aussi une espace de construction de l’identité personnelle et professionnelle des jeunes dont on accepte la responsabilité. L’omniprésence des TIC nous impose désormais cette vigilance

 

 

Article de Bruno Devauchelle (et coll) CEPEC